Monthly Archives: February 2012

Le CNRS et l'Université Paris Descartes lancent une chaire "Liaisons numériques"

Une chaire CNRS-Université Paris Descartes “sur la sociologie des liens sociaux ‘virtuels’ et sur les liaisons numériques” vient d’être créée.

Voilà la description du profil recherché :

“La personne devra situer ses travaux dans la perspective des liens sociaux, et maîtriser les nouvelles techniques pour approcher les liens ‘virtuels’. Plus précisément elle doit reconnaître, sans négliger la force de certains processus de délitement social, la vigueur renouvelée des relations sociales, l’importance quotidienne et la force des liens relationnels. Elle doit revenir, avec le laboratoire, à la force de la préoccupation fondatrice de la sociologie afin d’interroger si, derrière ce qui est en apparence censé affaiblir le lien social, voire le détruire, sont ou non en action de nouvelles formes de sa production et de son renouvellement. Elle tiendra compte tout particulièrement des ‘liaisons numériques’ pour comprendre le renouvellement des formes du lien social. La chaire donne la possibilité à des maîtres de conférences d’être accueillis en délégation au CNRS pour y exercer une activité de recherche pendant 5 ans en bénéficiant d’une décharge de 2/3 de leur service d’enseignement, d’une prime d’excellence scientifique et d’un environnement scientifique approprié.”

La date limite d’envoi du dossier est le 7 mars 2012. Pour plus d’informations, suivre le lien vers « Galaxie », le portail des enseignants-chercheurs.

Le CNRS et l’Université Paris Descartes lancent une chaire “Liaisons numériques”

Dear all,

une chaire CNRS-Université Paris Descartes “sur la sociologie des liens sociaux ‘virtuels’ et sur les liaisons numériques” vient d’être créée.

Voilà la description du profil :

“La personne devra situer ses travaux dans la perspective des liens sociaux, et maîtriser les nouvelles techniques pour approcher les liens ‘virtuels’. Plus précisément elle doit reconnaître, sans négliger la force de certains processus de délitement social, la vigueur renouvelée des relations sociales, l’importance quotidienne et la force des liens relationnels. Elle doit revenir, avec le laboratoire, à la force de la préoccupation fondatrice de la sociologie afin d’interroger si, derrière ce qui est en apparence censé affaiblir le lien social, voire le détruire, sont ou non en action de nouvelles formes de sa production et de son renouvellement. Elle tiendra compte tout particulièrement des ‘liaisons numériques’ pour comprendre le renouvellement des formes du lien social. La chaire donne la possibilité à des maîtres de conférences d’être accueillis en délégation au CNRS pour y exercer une activité de recherche pendant 5 ans en bénéficiant d’une décharge de 2/3 de leur service d’enseignement, d’une prime d’excellence scientifique et d’un environnement scientifique approprié.”

La date limite d’envoi du dossier est le 7 mars 2012. Pour plus d’informations, suivre le lien vers « Galaxie », le portail des enseignants-chercheurs.

Et si on parlait de données, pour changer ? Serge Abiteboul au Collège de France

Les data : au coeur d’âpres controverses éthiques, canalisant les espoirs des candidats aux présidentielles de part et d’autre de l’Atlantique, faisant l’objet d’ambitieux programmes publics et de difficiles choix de régulation… Et aujourd’hui mises à l’honneur par le Collège de France qui vient de nommer Serge Abiteboul comme titulaire de la Chaire Informatique et Sciences Numériques.

Le programme de son cours (les mercredis, 10-12h, du 14 mars au 30 mai 2012) semble vraiment alléchant, et accueille à chaque fois des intervenants de très haut niveau. Données relationnelles et distribuées, Web sémantique, algorithmes des moteurs de recherche, open data, archivage du Web, crowd data sourcing – le tout, avec un oeil attentif aux liens avec les théories de la complexité. La leçon inaugurale est pour le jeudi 8 mars 2012, 18h.

"Usages numériques en santé" : un texte d'Antonio Casilli dans DH Magazine (jan/fév 2012)

Dans le numéro de janvier 2012 de DH Magazine, le texte de l’intervention d’Antonio Casilli, sociologue et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) dans le cadre du colloque Euro Cos Humanisme & Santé. Le texte complet est aussi disponible sur HAL Archives Ouvertes.

Small data vs. Big Data (slides du séminaire EHESS, Antonio A. Casilli, 15 févr. 2012)

La séance du 15 février 2012 de mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques a été l’occasion de proposer quelques éléments de réflexion sur:

Small data vs. Big data : comment mener des expériences dans les médias sociaux

L’explosion récente des « Big data » (traitement automatique d’énormes bases de données natives du Web) a été saluée par les chercheurs en sciences humaines et sociales comme une véritable révolution. Néanmoins, certaines voix se lèvent pour dénoncer les limites épistémologiques, méthodologiques, et éthiques de cette approche. La méthode ethno-computationnelle développée par Tubaro & Casilli (2010) permet de dépasser ces limites en ayant recours à des petits jeux de données qualitatives (small data) utilisés pour calibrer des simulations multi-agents. Loin de produire des « prophéties », cette approches permet de mener des expériences in silico dans des situations d’information imparfaite et asymétrique. Deux études récentes (l’une relative aux effets de la censure des médias sociaux géolocalisés dans des situations de violence civile, l’autre sur la diversité culturelle sur Facebook) illustreront cette démarche.

(more…)

La guerre du copyright. Podcast d’Antonio Casilli (France Culture, La Grande Table, 08 févr. 2012)

Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, consacré à l’affaire Megaupload et à la guerre du copyright. Pour en parler avec Caroline Broué, les historiens Pascal Ory et André Gunthert et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Alors que le débat sur la loi SOPA (Stop Online Piracy Act), en cours d’examen par le Congrès des États-Unis, fait rage dans la presse, le FBI s’octroye une petite partie de plaisir à Hong Kong et en Nouvelle Zélande, pour aller fermer une entreprise, Megaupload, qui héberge et diffuse des fichiers – souvent sans se soucier si les usagers qui partagent sont les ayants droit de ces contenus. D’où les frasques avec la justice étasunienne, qui conduisent à l’arrestation de son PDG Kim Dotcom.

La fermeture du célèbre site de partage marque le coup d’envoi d’une nouvelle saison de conflictualités politiques portant sur la propriété intellectuelle et sur le rôle des cultures numériques. Les lobbys des géants de l’industrie musicale et le président Sarkozy saluent l’opération du FBI comme une victoire de la “logique Hadopi”. Les Anonymous ménent des attaques en masse contre le site Web de l’Élysée, bloquent celui du FBI et mettent en ligne le cataloque Vivendi Universal. D’autres acteurs de la société civile se désolidarisent de Megaupload, accusé de exploiter à des fins commerciaux les fichiers partagés par les internautes.

Bref, nous assistons à une radicalisation (et en même temps à une fragmentation) des positions des acteurs impliqués : les Anonymous, les Partis Pirates, les industries culturelles, les télécoms adoptent des stratégies et des postures de plus en plus radicales et de plus en plus divergentes. Dans cette situation, certains voient le début d’une guerre de tous contre tous, une World War Web, une guerre civile dans laquelle les fossées idéologiques se creusent, et les actions se font de plus en plus violentes.

Et certains, tels Rick Falkvinge, fondateur du parti pirate suédois, envisagent sans détours de passer à la lutte armée : « Si l’on doit en arriver là après des années de protestation et de dur labeur, alors je m’adapterai. Je me battrai pour la liberté autant que je le peux, et j’aiderai les autres à s’organiser autour de la cause. Je suis passé de la préparation mentale à une réelle préparation à l’effrayante et douloureuse possibilité que la situation puisse devenir vraiment moche. La photo qui illustre cet article, le pistolet et la cible (…) a été prise de mon bureau, à cinquante centimètres de là où je suis assis. » Derrière les films et la musique partagés en ligne, se cachent peut-être des enjeux beaucoup plus lourds de conséquences. Ces événements sont peut-être les signes précurseurs d’un ‘internet de plomb’…

 

Pourquoi je ne porterai pas plainte contre ceux qui piratent mon livre (texte d'Antonio Casilli)

Texte initialement publié sur Bodyspacesociety le 6 février 2012. Suivre aussi la discussion de ce billet dans l’émission La Grande Table (France Culture).

« Le jour où l’écrivain découvre que son livre a été piraté et est désormais disponible en téléchargement illégal sur Mediafire, il est fier comme un écolier qui vient de gagner sa première vérole ».

Bon, je sais… ce n’est pas la phrase *exacte* que Charles Baudelaire avait consignée dans les pages de Mon coeur mis à nu (1887), mais elle décrit assez bien le mélange de sentiments qui m’anime en retrouvant la version piratée de mon ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociablité ? tantôt sur un blog de critique littéraire (« je l’ai lu pour vous, retrouvez-le par ici »), tantôt sur un forum de gamers (« version pdf : achievement unlocked! ») tantôt sur le site même de l’Hadopi (on me l’avait signalé mais depuis la page a été supprimée…).

Mauvaise nouvelle pour mon éditeur. Mais sans aucun doute bonne nouvelle pour moi. En tant qu’auteur, je ne peux qu’être flatté par le fait que quelqu’un ait pris le temps de craquer les DRM de la version ebook ou de scanner (comme dans un cas remarquable, vu en ligne il y a quelques mois) les 336 pages de la version papier ! C’est du boulot, ça. Tout comme c’est du boulot le fait de le mettre en ligne, de l’héberger, de le partager avec d’autres lecteurs, d’écrire des billets ou des messages dans des listes de diffusion pour le faire savoir aux autres.

J’ai donc tendance à interpréter ces activités comme autant de signes d’appréciation. Quelqu’un a considéré les thèses présentées dans mon ouvrage assez méritoires pour prendre la peine de faire tout cela – et pour prendre aussi le risque que l’ayant droit porte plainte contre lui.

Rassurez-vous. L’ayant droit, ce n’est pas moi. Moi, je suis celui qui est intéressé à voir ses idées circuler. Et qui pour cela est content de se voir piraté tout comme il a été – je crois à juste titre – content de voir que son livre a été bien vendu, bien lu, bien présent dans les classements des meilleures ventes, et tout le baratin. En tant que défenseur d’un modèle d’industrie culturelle qui s’efforce de co-produire de la connaissance avec les lecteurs plutôt que de les poursuivre en justice, je considère le partage non-commercial de mon livre non pas comme un accident de parcours, mais comme une attestation de la pénétration culturelle de mes idées.

De la même manière que les recensions dans les revues savantes, les citations dans les colloques scientifiques, les papiers dans la presse ou les interviews dans les médias… Si aujourd’hui on m’encourage à inscrire tous ces résultats dans mon curriculum d’universitaire, pourquoi ne pourrais-je ajouter aussi « Livre piraté sur… » dans la rubrique valorisation de la recherche et rayonnement de l’activité scientifique ?

Au séminaire Médiacultures (LCP CNRS, Paris, 6 févr. 2012)

Le sociologue Antonio A. Casilli intervient pour parler de son ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), dans le cadre du séminaire Médiacultures et Régimes de valeur culturels du Laboratoire ‘Communication et Politique’ du CNRS.

Sur ce sujet voit aussi la vidéo de l’intervention d’Antonio Casilli au séminaire Identités numériques du CNRS (22 mars 2011, 14h30).

Pourquoi je ne porterai pas plainte contre ceux qui piratent mon livre

“Le jour où l’écrivain découvre que son livre a été piraté et est désormais disponible en téléchargement illégal sur Mediafire, il est fier comme un écolier qui vient de gagner sa première vérole”.

 

Bon, je sais… ce n’est pas la phrase *exacte* que Charles Baudelaire avait consignée dans les pages de Mon coeur mis à nu (1887), mais elle décrit assez bien le mélange de sentiments qui m’anime en retrouvant la version piratée de mon ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociablité ? tantôt sur un blog de critique littéraire (“je l’ai lu pour vous, retrouvez-le par ici”), tantôt sur un forum de gamers (“version pdf : achievement unlocked!”) tantôt sur le site même de l’Hadopi (on me l’avait signalé mais depuis la page a été supprimée…).

Mauvaise nouvelle pour mon éditeur. Mais sans aucun doute bonne nouvelle pour moi. En tant qu’auteur, je ne peux qu’être flatté par le fait que quelqu’un ait pris le temps de craquer les DRM de la version ebook ou de scanner (comme dans un cas remarquable, vu en ligne il y a quelques mois) les 336 pages de la version papier ! C’est du boulot, ça. Tout comme c’est du boulot le fait de le mettre en ligne, de l’héberger, de le partager avec d’autres lecteurs, d’écrire des billets ou des messages dans des listes de diffusion pour le faire savoir aux autres.

J’ai donc tendance à interpréter ces activités comme autant de signes d’appréciation. Quelqu’un a considéré les thèses présentées dans mon ouvrage assez méritoires pour prendre la peine de faire tout cela – et pour prendre aussi le risque que l’ayant droit porte plainte contre lui.

Rassurez-vous. L’ayant droit, ce n’est pas moi. Moi, je suis celui qui est intéressé à voir ses idées circuler. Et qui pour cela est content de se voir piraté tout comme il a été – je crois à juste titre – content de voir que son livre a été bien vendu, bien lu, bien présent dans les classements des meilleures ventes, et tout le baratin. En tant que défenseur d’un modèle d’industrie culturelle qui s’efforce de co-produire de la connaissance avec les lecteurs plutôt que de les poursuivre en justice, je considère le partage non-commercial de mon livre non pas comme un accident de parcours, mais comme une attestation de la pénétration culturelle de mes idées.

De la même manière que les recensions dans les revues savantes, les citations dans les colloques scientifiques, les papiers dans la presse ou les interviews dans les médias… Si aujourd’hui on m’encourage à inscrire tous ces résultats dans mon curriculum d’universitaire, pourquoi ne pourrais-je ajouter aussi « Livre piraté sur… » dans la rubrique valorisation de la recherche et rayonnement de l’activité scientifique ?