Monthly Archives: March 2013

[Podcast] Antonio Casilli à propos de Beppe Grillo : populisme et nouveaux médias en Italie (La Grande Table, France Culture, 28 mars 2013)

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture. Pour parler de la situation politique italienne, face à la montée des nouveaux populismes et à l’instabilité poilitique européenne, Caroline Broué accueille la philosophe et députée italienne Michela Marzano, l’écrivain Marc Weitzmann et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

» L’Italie est-elle dans l’impasse aujourd’hui ? – 28 minutes.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

 

[Podcast] Antonio Casilli sur la disqualification des experts (France Culture, La Grande Table, 27 mars 2013)

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture. Pour parler de la disqualification des experts, à partir des communications prononcées lors des Entretiens de l’Académie des sciences morales et politiques, Caroline Broué accueille le physicien Sébastien Balibar, le psychoethnologue Tobie Nathan et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

»La disqualification des experts – 28 minutes.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Qu’est-ce que le Digital Labor ? [Audio + slides + biblio]

UPDATE : Qu’est-ce que le digital labor ? est désormais un ouvrage, paru aux Editions de l’INA en 2015. Dans cet ouvrage je passe en revue les études sur le travail des internautes en compagnie de Dominique Cardon.

Audio :

La notion de digital labor fait désormais l’objet de plusieurs publications et colloques de part et d’autre de l’Atlantique. Mais elle reste encore méconnue en France. Le 12 mars 2012, j’ai assuré une intervention lors de la journée co-organisée par la DGT, la DIRECCTE et la Fing Risques et opportunités des transformations du travail à l’ère du numérique.  Voilà l’enregistrement audio :

Digital labor via Réseau FING

Pour aller plus loin, lien vers Digital labor : portrait de l’internaute en travailleur exploité, l’émission du 8 décembre 2012 de Place de la Toile sur France Culture, que nous avons concoctée avec Xavier de la Porte, Yann Moulier-Boutang et Thibault Henneton.

Slides :

Le 26 mars, à l’invitation d’Alexandra Bidet (CNRS), je suis intervenu sur le même sujet au Collège des Bernardins dans le cadre des travaux du séminaire L’entreprise: propriété, création collective, monde commun (Département EHS).

TITRE : Qu’est-ce que le Digital labor ?

INTERVENANT : Antonio A. CASILLI (Telecom ParisTech / EHESS)

RESUME : La parution récente de l’ouvrage ‘Digital Labor. The Internet as playground and factory’, dirigé par Trebor Scholz couronne plusieurs années de recherches et fait connaître au public international un domaine émergent de réflexion autour de l’économie de la contribution d’Internet. Face aux exaltations du “don et contre-don hi-tech” et du rôle des amateurs (qui avaient marqué les études des usages TIC respectivement de la première et de la deuxième partie des années 2000), les théoriciens du digital labor pointent l’apparition d’activités sur les réseaux socio-numériques lesquelles, en tant que productrices de valeur, peuvent s’assimiler à du travail. C’est un travail banal, non spécialisé et à faible valeur marginale, comme effectuer des recherches sur Google, poster un lien sur Twitter, évaluer un produit. Mais c’est bien l’activité qui permet la création d’énormes bases de données exploitables par les géants du Web comme Facebook, ou fait vivre des plateformes d’externalisation massive du travail (crowdsourcing) comme Amazon MTurk. A partir de ce constat, bien des questions se posent : comment ce “travail numérique” réinterroge la notion même du travail et de la (co)production de la valeur ? peut-on parler d’exploitation ? nos vieux cadres d’analyse, nous permettent-ils de penser ce qui se joue là, voire de définir les contours d’un “capitalisme cognitif” ?

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Les troubles alimentaires et Internet (Le Temps, 26 mars 2013)

Dans le quotidien suisse Le Temps, la journaliste Stéphany Gardier présente le projet de recherche ANR ANAMIA : une enquête sur les communautés Web des personnes atteintes de troubles alimentaires, coordonnée par Paola Tubaro (maître de conférences à l’Université de Greenwich, Londres) et Antonio Casilli, sociologue et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

» LeTemps.ch | Internet, théâtre des troubles alimentaires.

 

Internet, théâtre des troubles alimentaires

Par Stéphany Gardier
Les sites rassemblant les anorexiques ou les boulimiques sont souvent perçus comme incitatifs. Des chercheurs de diverses disciplines relativisent le danger

Ana et Mia. Deux personnages fictifs, incarnant respectivement l’anorexie et la boulimie, présents sur tous les sites et blogs consacrés aux troubles du comportement alimentaire (TCA). Deux forces auxquelles s’adressent ou se réfèrent leurs victimes pour raconter le jour où elles les ont rencontrés ou quittés, et tous ces jours passés en leur compagnie.

Les sites hantés par Ana et Mia ont été dépeints comme dangereux et incitatifs. En France, un projet de loi visant à les interdire a même été déposé en 2008. Si la loi n’a jamais été votée, le débat fait toujours rage autour de ces communautés accusées de promouvoir les TCA auprès de fragiles adolescentes. Cependant, les conclusions du projet de recherche Anamia, présentées fin décembre lors d’un symposium à Paris, semblent bien moins tranchées. «Il ne faut pas avoir d’idées préconçues. Beaucoup de bêtises ont été dites sur le sujet», a insisté le pédopsychiatre Serge Tisseron lors de cette présentation, avouant que lui aussi avait «beaucoup d’a priori sur ces sites et leurs utilisatrices, avant d’avoir pris connaissance de ces résultats».

Avec le développement du Web 2.0, les blogs, forums de discussion et sites pro-ana/mia se sont multipliés. Les sociologues Antonio Casilli, maître de conférences à Telecom ParisTech, et Paola Tubaro, maître de conférences à l’Université de Greenwich (Londres), ont vu dans ces réseaux sociaux un moyen d’approcher les personnes souffrant de TCA et de mieux comprendre ces pathologies mal connues. Paola Tubaro rappelle qu’anorexie et boulimie ne représenteraient que 25 à 30% des TCA, le reste étant constitué de troubles dit mixtes, où alternent phases anorexiques et boulimiques à diverses intensités. Inter­rogés sur la prévalence de ces troubles dans la population, les chercheurs avancent des estimations de 1 à 2%, en soulignant qu’il est difficile d’articuler un chiffre précis. Si les anorexiques, de par leur maigreur, sont généralement diagnostiquées, les patientes souf­frant de boulimie ou de troubles mixtes passent le plus souvent inaperçues. Avec une mortalité élevée (5 à 10% des victimes de TCA par décennie), ces troubles demeurent pourtant un vrai problème de santé publique.

Afin de comprendre qui sont les usagers des sites pro-ana/mia l’équipe de Paola Tubaro leur a proposé de répondre à un ­questionnaire en ligne; 284 jeunes femmes (136 francophones et 148 anglophones) ont accepté de participer à cette étude, qui constitue une première mondiale. Via une application graphique, les participantes ont représenté l’organisation de leurs réseaux sociaux (nombre de personnes, type d’interaction, proximité, etc.) en ligne, mais aussi «hors ligne», c’est-à-dire dans la vie réelle. Les chercheurs expliquent avoir été surpris par les résultats, qui montrent des jeunes femmes très différentes de l’image souvent véhiculée à leur sujet. Pas du tout isolées, elles vivent majoritairement en couple, en famille ou en colo­cation. Si elles participent acti­vement à des communautés ­pro-ana/mia, leurs réponses indiquent que les liens développés dans la vie réelle restent chez elles prépondérants. Paola Tubaro précise que, «si Internet représente pour ces jeunes femmes un outil permettant de tisser de nouveaux liens et de sortir de l’isolement subjectif qu’elles disent ressentir de par leur maladie, il reste surtout un moyen d’entretenir les liens avec leurs très proches».

La sociologue insiste sur un autre résultat: «50% des participantes ont été ou sont suivies pour leurs TCA. Et la plupart mentionnent leur médecin dans leur réseau social hors-ligne!» Il n’y a donc pas de défiance de ces jeunes femmes face au monde médical. «Les sites anamia ne sont qu’un cas particulier d’un phénomène plus général, commente Serge Tisseron. Le rapport du patient au corps médical a changé. Le médecin n’est plus le seul intermédiaire entre le sujet et son corps: on parle de désintermédiation médicale.» Antonio Casilli évoque, lui, un «processus de démocratie sanitaire» dans lequel le patient ne se contente pas d’un rôle d’acteur dans sa pathologie mais devient aussi «inter-acteur» via ses interventions sur des blogs ou des forums ayant trait à sa maladie.

«Les sites pro-ana n’existent pas au milieu de nulle part, leurs uti­lisatrices naviguent sur bien d’autres sites: santé, beauté, mais aussi jeux. Il existe un continuum d’usages sur Internet», explique Antonio Casilli. Grâce aux programmes NaviCrawler et Gephi, les chercheurs ont étudié les liens entre les sites et ont pu en établir une cartographie. Ils ont ainsi montré qu’entre 2010 et 2012 sur le Web français, le nombre de sites anamia est resté stable. Le taux de renouvellement de 50% montre par contre que ces sites disparaissent très vite mais sont remplacés tout aussi rapidement. Pour Antonio Casilli cela indique que «la censure – systématique maintenant sur Tumblr, Pinterest et Facebook – n’empêche pas les sites d’exister. Elle induit juste un déplacement d’une plateforme vers une autre.» Et le chercheur souligne un effet pervers de cette censure, qui aboutirait au final à une radicalisation des communautés pro-ana.

Serge Tisseron revient, lui, sur la structure des sites pro-ana/mia: «Leur fonctionnement est loin d’être vertical, très hiérarchisé voire sectaire, comme on a bien voulu le dire. Au contraire, ces sites ont une structure majoritairement horizontale, avec des interactions entre usagers, comme sur tout site communautaire.» Et, en effet, les utilisatrices déclarent trouver sur ces sites avant tout écoute, réconfort et informations pour gérer leurs TCA. Des entretiens directs menés avec 22 d’entre elles montrent également qu’elles utilisent ces sites pour pallier des prises en charge médicales qu’elles jugent pas toujours adaptées ou auxquelles elles ne peuvent avoir accès, étant donné leur nombre limité. Ces jeunes femmes apparaissent très lucides face à leur maladie et leur usage des sites. La plupart déclarent ainsi savoir qu’il faudra quitter ces communautés pour guérir, mais uniquement quand elles se sentiront prêtes.

Avec ces résultats, les responsables du projet Anamia espèrent apporter aux pouvoirs publics et aux institutions des éléments utiles à une meilleure prise en charge des TCA. Leur but est aussi d’induire un changement de men
talité afin de lutter contre une stigmatisation des sites pro-ana/mia et d’éviter ainsi une radicalisation contre-productive de ces communautés.

Les résultats de l’étude: http://www.anamia.fr/

La BnF, Guy Debord et le spectacle schizophrène du droit d'auteur

[Mise à jour du 01 avril 2013 10h29. Ce billet a été republié sur le Huffingtonpost et traduit en anglais sur le site Web Notbored.org. Parmi les blogs ayant repris l’information, je signale celui d’Olivier Ertzscheid (Affordanceinfo) et celui d’Olivier Beuvelet (Mediapart). A lire aussi, le blog de la section FSU de la BnFà propos du “rayonnement en interne” de mon texte…]

Il y a quelques jours je me suis rendu – avec une petite délégation de France Culture – à la Bibliothèque Nationale de France pour visiter l’exposition Guy Debord : Un art de la Guerre. L’ouverture officielle n’étant que le 27 mars 2013, l’idée était de jeter un œil à cette collection en cours de montage de notes, photos, films et textes du père du Situationnisme, afin de préparer cette émission de La Grande Table avec Caroline Broué consacrée à l’héritage de Guy Debord.

Seul hic : nous avons été accueillis par des responsables de la communication externe de la BnF, qui n’ont visiblement pas apprécié mon initiative de prendre quelques photos pour les publier éventuellement sur mon fil Twitter et sur mon blog. Peur du (mauvais) buzz ? Difficulté à saisir les logiques des médias numériques ? Pas du tout : la raison invoqué est – un roulement de tambour, s’il vous plait ! – le droit d’auteur. Ma requête s’est donc heurtée à un refus catégorique une première fois en face-à-face, ensuite par téléphone. Le reste de la dispute s’est déroulé par mail 48 heures durant.

L’essentiel de nos échanges, dont je ne reproduis pas ici le verbatim pour d’évidentes raisons de respect de mes interlocuteurs, mérite d’être consigné dans ce blog. Il nous aide à comprendre le fonctionnement d’une grande institution étatique comme la BnF à l’heure des enclosures des biens communs de la connaissance, et jette une lumière crue sur sa schizophrénie manifeste à l’égard de la question du droit d’auteur : sur-protégé quand il s’agit de ses œuvres ; dédaigné quand il s’agit de celles des autres.

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[Podcast] Antonio Casilli sur Guy Debord (France Culture, La Grande Table, 21 mars 2013)

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture. Pour parler de l’héritage de Guy Debord à l’occasion de l’exposition rétrospective que lui consacre la Bibliothèque Nationale de France, Caroline Broué accueille la journaliste Raphaëlle Rérolle, l’écrivain Marin de Viry et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). Emission en partenariat avec le supplément “Culture et Idées” de Le Monde et en direct du Salon du Livre 2013.

» A chacun son Debord ? (en direct du Salon du Livre ) – 28 minutes

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Habemus trollum: why the new Pope's Twitter account 'mirrors' its detractors

On February 2nd, 2013 I wrote this post describing trolling as a defining feature of Pope Benedict XVI’s Twitter presence. After establishing the role of online pontiff-bashing in helping redefine Catholicism, I concluded the Vatican should “feed the trolls”. A week later Joseph Ratzinger resigned. Of course, it’s unrelated. Only an idiot would say there’s a link betweet trolling and papal resignation. And here’s an actual idiot who said just that, in an interview with TIME magazine:

grillopopetweet

Italian Comedian-Kingmaker Beppe Grillo on Internet and Politics | TIME.com

Soon after the renunciatio, the @pontifex account was semi-discontinued. All tweets uttered in the name of Joseph Ratzinger were deleted, his avatar replaced by the Vatican symbol, the denomination Benedictus XVI supplanted by Sede Vacante (‘Vacant Chair of St. Peter’).

By now, as you know, everything is back to normal, more or less. The cardinals have elected a new Pope, and the pontifical Twitter account is back in the game… with a surprising ALLCAPS message that kind of freaked the hell out of of me. (more…)

[Slides] Séminaire EHESS : André Gunthert “Un bilan de la 'révolution des amateurs'” (19 mars 2013)

Pour la cinquième séance de mon séminaire Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques (19 mars 2013), j’ai eu le plaisir d’accueillir l’historien André Gunthert, directeur du Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine (Lhivic EHESS) et fondateur du média scientifique collaboratif Culture Visuelle.

Voilà les slides de son excellente présentation :

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Théâtre et numérique (deux rendez-vous pour mars 2013)

Deux rendez-vous qui ne manqueront pas d’intéresser tous ceux qui s’occupent de théâtre et/ou/sur le numérique.

Que du Blanc, la pièce de poésie sonore / performance numérique / humour décalé de l’excellent Fabien Maheu (compagnie ANIMOPLEX) passe au Cube d’Issy-les-Moulineaux du 28 au 31 mars. C’est gratuit sur réservation. J’avais eu le plaisir d’assister au passage de ce très bel ovni théâtral il y a un an, et je vous le conseille très très chaudement. C’est l’historie d’un mec (voire deux) et d’une fille dans une forêt, puis dans une usine, puis chez ses parents… et sincèrement c’est une heure d’effervescence. Judge for yourself:

ANIMO PLEX / Fabien Maheu – Que du Blanc from ANIMO PLEX / Fabien Maheu on Vimeo.

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