Monthly Archives: November 2017

Lessons from Amazon’s Italian hub strike: industrial action that does not factor in both work AND data is doomed to be ineffective

On Nov 24, 2017, the three main Italian unions (CGIL, CISL, UIL) have called for a strike over the failure to negotiate Black Friday bonuses for the 1,600 permanent workers at the distribution hub near the Northern town of Piacenza. Unions say 50% of the workers partake in the strike. Amazon says it was more like 10%.

Bottom line: the strike did not stop Black Friday in Italy. Someone was working. Yet, according to several sources, it was not not permanent workers, but the 2,000 temps that Amazon recruited until Xmas who saved the day. They were not hired to replace striking workers. Even in Italy, this would be illegal. They were hired to face Nov./Dec. surge in retail sales. And of course they did not stop working on Black Friday 2017. That said, Amazon is known internationally for its brutal workplace discipline, its anti-labor stance, and has been accused of hiring temps, contingent workers and even workampers to edge out unionized labor force.

In Italy, one can recruit a lot of those. Unemployment is at 11.1% and there’s a millions-strong industrial reserve army of faux-freelance, part-timers, “coordinated collaborators”, “project-contractors”, “leased staff” and many other forms of non-standard employees. Especially since the infamous Jobs Act heralded by the government of former PM Matteo Renzi, among young workers temp jobs accounts for 50% of employment and they are up 7% since Sept 2017.

But Italian retail workers and their strike tell only part of the story. Amazon isn’t about e-commerce: it’s about big data. Interestingly, Matteo Renzi’s government has been very helpful in facilitating the strategy of “data entryism” of the Seattle giant, going as far as to hire Amazon’s former vice-president and now-biggest employee shareholder of the platform as “Commissioner for Digital Italy”. He’s doing this for free, and you know what they say when you’re not paying for something…

Which brings us to the main point. Amazon strategy is predicated on data and work. Even better: it is predicated on data-as-work, because it extracts value from the data stored in its humongous cloud and hosting services, and because it uses people-as-a-service (according to Jeff Bezos’s early characterization of Amazon Mechanical Turk) to train, enrich, refine data.

Btw, do you wanna know what the new Italian Digital Commissioner considers as a success story for digital transformation? The controversial Indian biometric ID system… And do you know where 36% of Amazon Mechanical Turkers live? India… (Here’s the interview [in Italian] where the Digital Commissioner talks about Indian ID system while at the same time declaring that “he misses Amazon so much”).

Take-away message: Amazon corporate takeover of Italy is as much a matter of labor policy as it is of data politics. As long as the unions continue to focus on the former while neglecting the latter, their action is doomed to be ineffective. Case in point: after dominating Black Friday sales, Amazon’s shares are up 2% and Jeff Bezos is still world’s wealthiest man. So Amazon Italia just gave a giant middle-finger to workers by cancelling the meeting with unions and rescheduling it for after Xmas…

Colonialisme numérique ? (dans Usbek&Rica, oct-nov. 2017)

Dans le numéro 20 (oct-nov. 2017) du magazine de technologie, prospective et société Usbek & Rica, un long essai de Lilas Guevara sur les postures néo-colonialistes des géants du numérique. La deuxième partie du texte discute mon article Digital labor studies go global, paru dans l’International Journal of Communication en 2017.

Voici un fragment (le reste est disponible en libre accès ici).

(…)

« Colonialité » plutôt que colonialisme

Pourtant, si la grille de lecture postcoloniale est un outil conceptuel intéressant pour mieux comprendre ces structures de domination, la référence ne peut être manipulée à la légère. Dans son article « Digital Labor Studies Go Global. Towards a “digital decolonial turn” », publié en 2017 dans l’International Journal of Communication, le chercheur Antonio Casilli écrit que le parallèle avec « le colonialisme, l’impérialisme et l’esclavage pose certains problèmes. (…) Ces concepts sont à la fois trop osés et trop mous. Osés parce qu’ils reposent sur la valeur choc de notions chargées d’histoire ; mous parce qu’ils ne vont pas au-delà d’équivalences abstraites ». D’après lui, ces grilles d’analyse plaquent des interprétations sur des relations qui n’ont pas d’histoire coloniale : les États-Unis n’ont jamais été les colonisateurs historiques par exemple ; pour autant, ce sont eux qui essuient les principales critiques dans le débat sur l’exploitation à l’heure numérique. Antonio Casilli souligne également une tendance à l’« orientalisme », qui enferme les pays du Sud dans un rôle statique, figé dans des rapports qui les rendent « passifs », ce qui relève d’« un certain paternalisme ».

Antonio Casilli introduit le concept philosophique de « colonialité » en lieu et place de celui de colonialisme pour nourrir une réflexion sur l’émancipation des travailleurs du Sud

Casilli introduit donc le concept philosophique de « colonialité » en lieu et place de celui de colonialisme, non seulement pour rendre visibles les relations de pouvoir évoquées plus haut, mais aussi pour nourrir une réflexion sur l’émancipation des travailleurs du Sud. Il s’appuie sur les travaux du professeur portoricain d’études postcoloniales Nelson Maldonado-Torres, pour qui la colonisation s’immisce aussi dans les manières d’être des colonisés, subsistant même après la fin des administrations coloniales. Pour Maldonado-Torres, les sujets modernes « respirent la colonialité tout le temps et tous les jours » et partagent des traits existentiels, qu’il définit comme la « colonialité de l’être ». En d’autres termes, il faut prendre en compte les subjectivités des personnes qui ont créé leur identité en tant que sujets coloniaux « et donc qui ne se projettent qu’à partir de ces relations d’exploitation », explique Antonio Casilli.

Des travailleurs dans les mines de cobalt du Congo. Crédits : Amnesty International

Pour le sociologue, ce concept peut éclairer les relations de pouvoir qui continuent d’exister aujourd’hui à l’ère du digital labor, tout en ouvrant une voie vers l’émancipation, grâce à la création d’une identité commune pour ces travailleurs numériques, souvent isolés et marginalisés. Le chercheur reprend les mots de Maldonado-Torres pour appeler à « rendre visible l’invisible et analyser les mécanismes qui produisent cette invisibilité ou la visibilité distordue (…) pour permettre l’émergence de réflexions critiques provenant des personnes “invisibles” elles-mêmes ». Cette prise de conscience des travailleurs invisibles est la première étape pour s’émanciper des relations de pouvoir, que ce soit par la création de coopératives ou par le conflit.

En parallèle – et peut-être sera-t-elle poussée par l’autonomisation des travailleurs –, il faudra bien aussi qu’à terme intervienne une forme de « libération » du consommateur. Car même l’exploitation numérique possède deux versants : la situation de l’ouvrier/travailleur numérique vient refléter celle du consommateur qui, tout en étant du « bon côté » de la barrière, est devenu dépendant des produits et services de la Silicon Valley, en échange desquels il cède aux Gafa et autres géants du numérique ses données personnelles et toute son attention. Bref, tout le monde est perdant, sauf Google et ses amis. Pour l’instant. Mais il semblerait que le désir d’un modèle plus équitable pour tous commence à gronder… Sous la Valley, les pavés ?

Ailleurs dans les médias (nov. 2017-févr. 2018)

» (18 févr. 2018) À la rencontre de ces communautés qui se servent de Facebook pour se retrouver, Mashable

» (17 févr. 2018) Avanti popolo del Web, Repubblica

» (17 févr. 2018) Internet nʹa jamais été aussi fragile, Le six heures – neuf heures du Samedi, RTS

» (16 févr. 2018) Et si nous devenions tous propriétaires de nos données ?, Le Point

» (12 févr. 2018) « L’avenir du travail » au Sud, CETRI, Centre Tricontinental

» (9 févr. 2018) Les facettes de l’intelligence artificielle à l’Université Paris-Saclay, Université Paris Saclay

» (6 févr. 2018) Pourquoi mes données personnelles ne peuvent pas être à vendre !, InternetActu

» (5 févr. 2018) Pour une protection sociale des données personnelles, Scinfolex

» (29 janv. 2018) Revendre ses données « personnelles », la fausse bonne idée, Mais où va le web?

» (25 janv. 2018) Comment l’Europe s’organise pour mieux protéger notre vie privée sur internet, Le Soir

» (23 janv. 2018) Fake News et triche électorale en ligne, Terra Nova

» (23 janv. 2018) Données personnelles : la monnaie du XXIe siècle ?, OVH blog

» (22 janv. 2018) Amis ou Médias, Le Figaro

» (20 janv. 2018) “Los trabajadores son el corazón del algoritmo”: El nuevo capitalismo digital, Sinpermiso

» (14 janv. 2018) L’algorithme des pauvres gens, Affordance Info

» (13 janv. 2018) Paramétrer notre bulle de filtre… pour en reprendre le contrôle, Le Monde / InterenetActu

» (27 déc. 2017) Digital Capitalism and Workers’ Rights: ‘Workers Are the Heart of the Algorithm’, Global Research

» (20 déc. 2017) Antonio Casilli: ‘Os trabalhadores são o coração do algoritmo’, Tempo Livre

» (18 déc. 2017) Intelligence artificielle : quels impacts sur l’économie et la société ?, Prospectibles Sciences Po

» (5 déc. 2017) La construction d’un modèle économique par un engagement syndical, Synpell

» (04 déc. 2017) Dietro l’intelligenza artificiale tanti schiavi e il nostro lavoro gratuito, Terrelibere

» (28 nov. 2017) Siamo tutti Qè – Amazon e dintorni: l’algoritmo delle ingiustizie – Pessima Ikea, Podcast, Radio Articolo 1

» (27 nov. 2017) Les données personnelles, Radio Amicus Curiae

» (27 nov. 2017) Amitié et réseaux sociaux : font-ils bon ménage ?, Aleteia

» (24 nov. 2017) Compte rendu – Séminaire Mutations sociales, mutations technologiques, France Stratégie

» (9 nov. 2017) Numer’X : Quel travail !, Radio Campus

 

Ne La Stampa (Italia, 23 nov. 2017)

Di ritorno dal Belgio, dove avevo appena partecipato al workshop ENDL-2 e dove ho potuto seguire da vicino la vicenda Deliveroo/SMart, ho rilasciato un’intervista al quotidiano La Stampa. Ecco il risultato, egregiamente spiegato da Barbara D’Amico.

 

Deliveroo contro la coop che tutela i fattorini

Barbara D’Amico


I diritti dei lavoratori del digitale europei assomigliano sempre più a un piatto servito freddo e senza contorno. Lo scorso 25 ottobre, infatti, una delle più note aziende di consegna di cibo a domicilio, Deliveroo, ha annunciato di voler interrompere la collaborazione avviata in Belgio con la cooperativa Smart: la stessa che nel 2015 era riuscita a inquadrare la maggior parte dei fattorini della start-up attivi nel paese grazie a un accordo con l’azienda per garantire loro assicurazione, salario minimo e previdenza. Ciò significa che dal 2018 gli oltre 3200 rider di Deliveroo Belgio non avranno più quella tutela minima che la cooperativa dei freelance era riuscita a garantire in modo diretto. Smart è una realtà nata proprio in Belgio alla fine degli anni Novanta per tutelare i freelance più a rischio, quelli del mondo dello spettacolo. Oggi conta oltre 90 mila soci in tutto il mondo e si è allargata a dismisura: non più solo artisti e attori, ma anche videomaker, sviluppatori, giornalisti, insomma chiunque lavori in proprio. Il suo successo è dovuto al modello mutualistico: grazie al fondo alimentato dalle trattenute sulle commesse dei lavoratori inquadrati, Smart ne sostiene gli oneri previdenziali e gli anticipi su quanto dovuto dai clienti, preoccupandosi di tutta la parte amministrativa e contrattuale che in genere pesa sul singolo.

Perché il caso belga è importante per l’Italia

Le startup del food delivery impazzano anche in Italia, così come da noi è presente Smart da tre anni. Insieme all’Associazione italiana dei lavoratori autonomi, ACTA, la cooperativa sta lavorando alla proposta di modifica dello Statuto del Lavoro Autonomo avanzata dal giuslavorista Pietro Ichino per superare la divisione tra lavoro dipendente e lavoro freelance e ottenere tutele omogenee per tutti (tramite il meccanismo della cosiddetta umbrella company). Il caso belga però ha messo in allarme queste realtà e ora una normativa nazionale sembra essere l’unica soluzione contro i colpi di testa delle imprese di servizi digitali. «La decisione di Deliveroo è stata favorita anche da un progetto di legge del governo belga che sottrae a fiscalità e contribuzione i redditi da lavoro autonomo fino a 6 mila euro – si legge nel comunicato con sui Smart ha denunciato l’accaduto – Uno scenario che interessa in modo particolare i platform workers». Deliveroo ha scelto in Belgio di pagare meno tasse sul lavoro dei ciclo-fattorini, rinunciando ad avvalersi di un intermediario per la parte di contrattualizzazione tra azienda e rider che come la maggior parte dei “platform workers”, cioè i lavoratori a chiamata nell’era digitale, realizzano mansioni affidate grazie a un’app gestita dall’azienda.

Non chiamateli lavoretti

«Smart svolge un servizio che queste aziende non forniscono, come caricarsi degli oneri previdenziali dei lavoratori – spiega a La Stampa Antonio Casilli, esperto di lavoro digitale e professore associato presso il Telecommunication College of the Paris Institute of Technology (Télécom ParisTech) -. Le piattaforme di food delivery sono al centro di polemiche, lotte e scioperi dei lavoratori della app e le proteste dei rider sono fatte a posta per ottenere protezioni sociali che non vengono garantite perché, dicono queste aziende, portare pasti a casa è un lavoretto: invece non è così, si tratta di lavoro vero e proprio perché porto una divisa, rappresento l’azienda, rispondo a chiamata e ho una app che controlla in qualche modo quello che faccio in maniera anche più pervasiva di quanto non accadesse prima dell’avvento delle app.

A caccia di flessibilità

Nel caso specifico, Deliveroo, come altri concorrenti, ha inizialmente proposto di affiliare i rider in modo permanente, per fidelizzarli e per fare massa critica, ma una volta raggiunto il numero di fattorini necessari ha iniziato a flessibilizzare il lavoro interno. Queste aziende vogliono ancora più flessibilità. Vogliono il cottimo». Eppure formule di tutela come quelle su cui Deliveroo poteva contare sono una garanzia per le stesse aziende. E’ grazie al fondo di Smart se, sempre in Belgio, nel 2016 i fattorini di un’altra startup del cibo a domicilio, Take Eat Easy, si sono visti saldare i pagamenti dopo il fallimento della società (e nonostante questa avesse ottenuto investimenti per 10 milioni di euro http://startupitalia.eu/61480-20160726-take-eat-easy-rocket-internet).. Abbiamo verificato le comunicazioni di Smart Belgio ai suoi associati, e confermano che nel luglio 2016 la cooperativa si è impegnata a versare 360 mila euro di compensi ai rider perché le casse della società erano vuote. Lo ha fatto fino al 25 luglio di quell’anno.

Il gioco dello scaricabarile

Secondo i dati di CB Insights, società di analisi finanziaria internazionale, quella del food delivery non è una vera e propria bolla ma un settore altamente competitivo all’interno di mercato, quello del cibo, che vale 650 miliardi di dollari e in cui anche i più bravi faticano a restare a galla. Dopo un exploit, nel 2010, con una miriade di società e servizi, si è poi passati alla fase delle concentrazioni e acquisizioni da parte di pochi mastodontici marchi (da Amazon, a Uber) difficili da battere. L’unico modo per restare competitivi, specie nel campo delle consegne dei pasti a domicilio, è limare sui costi di consegna (e quindi sui compensi e le tutele di chi le consegne le fa) che oggi sono il vero tallone d’achille di questo business.

I platform workers sono i nuovi lavoratori a cottimo

La tendenza alla flessibilizzazione del lavoro, però, non riguarda solo il food delivery. I “platform workers” sono un fenomeno sempre più esteso ma non regolato. L’esempio principe è Amazon Mechanical Turk, la piattaforma con cui Amazon permette alle aziende di reclutare in unica soluzione anche migliaia di lavoratori per assegnare loro delle micro-mansioni ( dette micro-task). Dalla pulizia di un dataset, fino alla selezione di migliaia di immagini, gli ingaggi sono i più disparati. Più spesso questi plotoni di micro-workers sono assoldati per allenare i complessi sistemi di machine learning che, prima di automatizzare un servizio, devono essere istruiti da qualcuno. Non esiste rapporto umano tra chi ingaggia e l’ingaggiato e non si sa bene quali siano le condizioni di lavoro di chi si presta alle micro-task. «Il caso belga dimostra che l’azione di uno o più soggetti virtuosi non è sufficiente se non viene sostenuta da un ecosistema normativo adeguato – commenta Donato Nubile, presidente di Smart Italia -. In Italia il dibattito intorno ai platform workers è ancora fermo allo stabilire se si tratti di lavoratori autonomi o meno, e non va al cuore del problema: comunque li si definisca, si tratta di lavoratori senza tutele. E non bisogna dimenticare che accanto a questi lavoratori in divise dai colori accesi ce ne sono moltissimi che sfuggono alla nostra vista ma che affrontano gli stessi problemi: grafici, programmatori, videomaker, freelance di ogni settore, indipendentemente dal fatto che le loro occasioni di lavoro giungano o meno da una piattaforma. Un intervento normativo che si rivolga solo ai platform workers e si dimentichi questa crescente fetta del lavoro autonomo sarebbe miope e insufficiente». Anche per Casilli non può essere solo la cooperativa di turno a trovare soluzioni al problema. «In diversi paesi europei, il fatto che non ci fosse una cultura digitale presso i policy makers ha permesso a certi gruppi industriali e lobby di dettare legge sul lavoro digitale. Si tratta degli stessi gruppi che producono rapporti e white papers pronti ad essere copiati e incollati nei testi di legge», spiega.

Il ruolo del sindacato

Per evitare trappole, suggerisce Casilli, bisognerebbe chiamare in causa proprio i sindacati.«I sindacati tradizionali stanno facendo un lavoro enorme di recupero culturale per quanto riguarda il mondo del lavoro digitale. Smart è sicuramente una soluzione al problema delle tutele, ma i sindacati ora devono decidere se essere puri interlocutori sociali in grado di contrattare con queste aziende, piattaforme e realtà digitali oppure organizzazioni che forniscano anche servizi di assistenza e tutela diretta ai lavoratori». Qualunque sia la scelta, va fatta in fretta. Forse, più dei robot mangia-lavoro, bisogna correre ai ripari per evitare che le nuove tecnologie diventino la scusa contemporanea per tornare a una visione miope quanto antica: considerare le tutele un peso e non un investimento nella tenuta sociale dell’Europa così come ritenere la componente umana una voce di bilancio e non la molla dell’economia.

[Podcast] Grand entretien sur Digital labor, micro-tâcheronnat et automation (RTS, Suisse, 20 nov. 2017)

Voilà le podcast de l’entretien que j’ai accordé à Sarah Dirren pour Versus-Penser, émission de la Radio Télévision Suisse (Espace 2) consacrée aux sciences humaines.

Révolution Travail 1/5: Le Digital Labor
Avec la révolution numérique de nouveaux métiers ont vu le jour, celui de cliqueurs par exemple. Ils sont estimés à plus de 100 millions dans le monde surtout dans les pays émergents. Ils fournissent un micro-travail essentiel, puisque ces prolétaires du numérique apprennent aux intelligences artificielles à reconnaitre une image ou une musique. Ces microtâcherons œuvrent dans des fermes à clic ou sur des plateformes telle quʹAmazon Mechanical Turk.
Nous aussi, nous travaillons – presque à notre insu – lorsque nous naviguons sur le net et les réseaux sociaux. Nous aussi nous produisons de la valeur, des données, ce big data, pilier de lʹéconomie numérique.
Tour dʹhorizon avec Antonio A. Casilli, sociologue, spécialiste des réseaux sociaux, maître de conférences en humanités numériques à Télécom ParisTech et chercheur au Centre Edgar-Morin de lʹEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

[Séminaire #ecnEHESS] L’idéologie du machine learning avec Bernie Hogan (Oxford), 4 déc. 2017, 17h

Enseignement ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.

Après une première séance riche et passionnante, notre séminaire EHESS Etudier les cultures du numérique revient avec un invité de marque. Le 4 décembre, nous aurons l’honneur d’accueillir Bernie Hogan, Senior Research Fellow du Oxford Internet Institute. Les travaux de Hogan portent sur comment les plateformes numériques gèrent l’identité et les données personnelles de leurs usagers, ainsi que sur les modalités de représentation des mondes sociaux à travers les réseaux. Par-delà ses articles publiés dans des revues savantes (Field Methods, Social Networks, New Media and Society) et ses interventions régulières dans les grands médias internationaux (BBC, Reuters, Times), il a participé au développement de plusieurs logiciels de visualisation de réseaux sociaux, dont le dernier en date est Network Canvas.

ATTENTION : Le séminaire aura lieu le lundi 4 décembre 2017, de 17 h à 20 h. Au vu du nombre important (et toujours croissant !) de participants, l’EHESS nous a accordé l’amphithéâtre François-Furet, au 105 bd Raspail 75006 Paris.


Title: Control, Privacy, Generativity: Big Data after the Ideology of Machine Learning

Speaker: Bernie Hogan (Oxford Internet Institute)

Abstract: This talk will unpack the three competing tensions for platforms in the age of big data. Users expect autonomy and privacy, platforms expect control and third parties expect privacy. It is not plausible to optimise for all three. Yet, in the absence of regulations for third parties and platforms, as well as public ignorance of important technical details, platforms will seek ever more control. The purpose of control is foster increasing strategies for predictability and monetization. What is lost when control is gained has been called “generativity” or the capacity to foster innovation and imagination through technology. Social network visualization will be presented as a case study in how both the user and third parties lose when we are left to view data solely through the eyes of the platform’s preferred interface.


La présentation et les débats se dérouleront en anglais.

[Video] Lavoro e capitalismo delle piattaforme (Roma, Italia, 7 nov. 2017)

Il 7 novembre 2017, ho condotto un seminario-fiume (4 ore e più) nell’ambito della Scuola critica del digitale, una iniziativa del Centro per la Riforma dello Stato (CRS) in collaborazione con le Camere del lavoro autonomo e precario (CLAP). Il seminario si è svolto a Roma nello spazio autogestito Esc Atelier. Qui di seguito le cinque parti del video ritrasmesso in streaming.

Interventi di Francesco Raparelli (Esc) e Giulio De Petra (CRS). Seminario: piattaformizzazione.

Seminario: Lavoro on-demand, micro-lavoro, lavoro sociale in rete.

Seminario: Azione sindacale in rete, cooperativismo delle piattaforme.

Confronto con i partecipanti (1)

Confronto con i partecipanti (2)

Lavoro e capitalismo delle piattaforme
con Antonio Casilli

L’attenzione crescente di chi studia, per modificarle, le nuove forme che assume il lavoro si rivolge sempre più spesso alle attività quotidiane di miliardi di utilizzatori di servizi online le quali, pur sfuggendo a un inquadramento salariale, sono produttrici di valore. Per un numero crescente di lavoratori, di semi-professionisti, di persone in cerca di impiego, di semplici utilizzatori, il lavoro passa dalle piattaforme digitali.
Al centro dell’attenzione è la capacità di queste grandi infrastrutture tecnologiche di comandare non solo il lavoro esplicito e frammentato di quote crescenti di lavoratori sempre più precarizzati, dalla logistica alla produzione intellettuale, ma anche il ‘lavoro implicito’ più o meno volontario e gratuito degli utilizzatori, spesso strumentalizzando a fini commerciali concetti come ‘condivisione’, ‘partecipazione’, ‘collaborazione’.
Dalla fornitura di servizi (come su Foodora) alla creazione di contenuti (come su Youtube), dalla produzione di dati (come su Google) al perfezionamento di sistemi di intelligenza artificiale (come su Amazon Mechanical Turk), queste nuove forme di “lavoro digitale” sono spesso invisibili e presentate come attività accessorie rispetto al lavoro tradizionale. Eppure esse incanalano, contrattualizzano e misurano la performance degli utilizzatori umani e li articolano con operatori non umani (bots, intelligenze artificiali, etc.).
Ma generano anche nuovi conflitti sociali legati, ad esempio, al riconoscimento delle condizioni di produzione e della proprietà sui prodotti distribuiti per mezzo di Internet.
Di fronte allo strapotere di nuove e vecchie piattaforme, un numero crescente di rivendicazioni collettive si organizza e si manifesta.
Rinnovo del sindacalismo, nuove iniziative della società civile, altri movimenti: si sta avviando una nuova stagione di lotte sociali legate ai diritti fondamentali, alla redistribuzione del reddito e ai rapporti di potere connessi alle tecnologie digitali.

Indice degli argomenti

• L’analisi delle nuove forme di organizzazione sociale legate all’utiizzo delle piattaforme.
• L’analisi delle diverse forme di impiego generate dall’utilizzo delle piattaforme
• La descrizione e l’analisi delle diverse modalità di lavoro esplicito ed implicito realizzato mediante le piattaforme
• L’emersione e la convergenza dei conflitti generati e abilitati dall’uso delle piattaforme
• La descrizione di scenari per il “futuro del lavoro”
• La progettazione dell’azione militante

 

Qui la presentazione del seminario in PDF

[Séminaire #ecnEHESS] Antonio Casilli : Intelligences artificielles et travail des plateformes (13 nov. 2017)

Enseignement ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.

Pour la première séance de l’édition 2017/18 de notre séminaire #ecnEHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques, je vais présenter mes travaux récents sur le lien entre digital labor, plateformisation et intelligence artificielle.

Le séminaire aura lieu le lundi 13 novembre, de 17 h à 20 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris).

Des intelligences pas si artificielles : plateformes, digital labor et la « tentation d’automatiser »

L’un des penseurs classiques de l’industrialisme, David Ricardo, consacrait à la question de la « destruction du travail » par les machines le chapitre 31 de ses Principes de l’économie politique. À ses yeux, l’utilisation de solutions technologiques n’était pas un destin inéluctable, aboutissant à la substitution complète des travailleurs, mais plutôt un choix humain, résultant d’une « tentation d’employer des machines » [temptation to employ machinery] qui habitait le capitaliste. Était-ce un véritable aménagement libidinal qui poussait ce dernier à préférer l’automation à d’autres méthodes pour recruter de la main-d’œuvre meilleur marché, telle la délocalisation ou la mise au travail des familles des ouvriers ?

Cette présentation interroge le parcours culturel et socio-économique qui, de cette vision, nous a conduit aux sombres présages actuels du « grand remplacement » des humains par les technologies intelligentes. Le débat contemporain est marqué par les prophéties dystopiques de la disparition de 47% des emplois à cause des solutions automatisées, ou par les fantasmes de la gouvernance algorithmique du travail. Ceux-ci représentent autant de discours d’accompagnement de l’essor des plateformes numériques dont les modèles d’affaires sont de plus en plus structurés autour de l’automation des processus métier.

Bien que dans le contexte politique présent retentissent les annonces du dépassement des catégories héritées de la culture du travail des siècles passés (emploi, protection, subordination, pénibilité), l’heure d’une civilisation « post-laboriste » n’a pas encore sonné. Le fait est que les activités productives ont tellement évolué que le travail est en manque de reconnaissance. Pour le voir à nouveau, nous devons faire appel à la catégorie du digital labor, qui nous permet d’analyser l’articulation complexe de consommateurs/producteurs, de tâcherons du clic, de faux-freelances organisés en chaînes mondiales de sous-traitance. La centralité de la notion de travail est alors réaffirmée, à condition de jeter un regard derrière les rideaux de l’automation, pour observer le recours généralisé de la part des plateformes à des modalités intensives de captation de la valeur à partir des micro-tâches réalisées par des êtres humains afin de – justement – entraîner les intelligences artificielles, enseigner aux algorithmes d’apprentissage automatique, faire circuler les véhicules autonomes.

Les nouveaux défis de l’analyse des réseaux (The Conversation, 2 novembre 2017)

Le 5 et 6 décembre 2017, le colloque Recent Ethical Challenges in Social Network Analysis (RECSNA17) aura lieu à Paris : une rencontre internationale et interdisciplinaire que je coorganise avec une équipe de chercheurs français et anglais. Les inscriptions sont gratuites et ouvertes jusqu’au 30 novembre.

Pour lancer le débat et pour énoncer les thématiques qui seront traitées lors du colloque, le site web The Conversation a publié une tribune que j’ai coécrit avec Paola Tubaro.

Il faut repenser l’éthique de la recherche des réseaux sociaux

(…)

“Depuis longtemps, les universitaires s’interrogent sur ces difficultés éthiques : déjà en 2005 la revue Social Networks dédiait un numéro à ces questions. Les dilemmes des chercheur.e.s sont exacerbés aujourd’hui par la disponibilité accrue de données relationnelles collectées et exploitées par les géants du numérique comme Facebook ou Google. Des problèmes nouveaux surgissent dès lors que les frontières entre sphères « publique » et « privée » se brouillent. Dans quelle mesure a-t-on besoin d’un consentement pour accéder aux messages qu’une personne envoie à ses contacts, à ses « retweets », ou à ses « j’aime » sur les murs des amis ?

Les sources d’information sont souvent la propriété d’entreprises commerciales, et les algorithmes que celles-ci utilisent biaisent les observations. Par exemple, un contact créé par un usager de sa propre initiative, et un contact créé sous le conseil d’un système de recommandation automatisé peuvent-ils être interprétés de la même manière ? Bref, les données ne parlent pas par elles-mêmes, et il faut s’interroger sur les conditions de leur usage et sur les modalités de leur production, avant de penser à leur traitement. Ces dimensions sont profondément influencées par les choix économiques et techniques ainsi que par les architectures logicielles imposées par les plateformes.

Mais une réelle négociation entre les chercheur.e.s (surtout dans le secteur public) et les plateformes (parfois émanant de grandes entreprises multinationales) est-elle possible ? L’accès aux données propriétaires ne risque-t-il pas d’être freiné, ou inégalement distribué (de manière potentiellement pénalisante pour la recherche publique, surtout quand elle est mal alignée avec les objectifs et les priorités des investisseurs) ?

D’autres problèmes surgissent dans la mesure où un.e chercheur.e peut même avoir recours à du crowdsourcing payé pour produire des données, en utilisant des plateformes comme Amazon Mechanical Turk pour demander à des foules de répondre à un questionnaire, ou même de télécharger leurs listes de contacts en ligne. Mais ces services mettent en cause d’anciens acquis en termes de conditions de travail et appropriation de son produit. L’incertitude qui en résulte entrave des recherches pourtant susceptibles d’avoir des retombées positives sur la connaissance et la société au sens large.

Les possibilités de détournement des résultats de la recherche pour des finalités politiques ou économiques sont multipliées par la disponibilité d’outils de communication et publication en ligne, que les chercheur.e.s sont désormais nombreux à saisir. Si l’intérêt des milieux militaires et policiers pour l’analyse des réseaux sociaux est bien connu (Osama Ben Laden aurait été localisé et neutralisé suite à l’application de principes d’analyse des réseaux sociaux), ces appropriations sont plus fréquentes aujourd’hui, et moins facilement contrôlables par les chercheur.e.s. Un risque non négligeable est l’usage de ces principes pour réprimer des mouvements civiques et démocratiques.”

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