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Une sociologie des émeutes britanniques est (déjà) possible [Updated 01/09/11]

(La version anglaise de ce texte est disponible ici ).

Les émeutes qui ont ébranlé la Grande-Bretagne ces derniers jours ont eu pour effet de provoquer une véritable “chasse aux sociologues”. Suite aux déclarations du maire de Londres Boris Johnson, l’amalgame entre tentatives de comprendre ces soulèvements et machinations pour les justifier s’est désormais imposé. La lettre ouverte du président de la British Sociological Association au quotidien The Guardian n’a pas renversé cette tendance : un climat de panique morale est bel et bien là.

Le billet de blog Is a social media-fuelled uprising the worst case scenario? Elements for a sociology of UK riots, co-écrit par Paola Tubaro et moi-même, n’a rien arrangé à l’affaire non plus. En nous appuyant sur des outils analytiques issus des SHS, nous démontrons que la censure sur Facebook, Twitter et BBM proposée par le Premier ministre britannique David Cameron aura comme conséquence une augmentation du niveau de violence.

Il s’agit d’un exemple de just-in-time sociology pour aider la prise de décision publique dans un moment historique où les libertés démocratiques sont prêtes à être sacrifiées en échange d’un sens de sécurité illusoire. Le texte a suscité beaucoup d’intérêt et de réactions positives ces derniers jours. De milliers de lecteurs, l’ont partagé en ligne et tweeté. Ceci est, dans notre cas, un franc succès : en dehors du monde universitaire, les lecteurs ne sont – paraît-il – que rarement intéressés par un essai de 15.000 signes contenant un apparat assez lourd de graphes, tableaux et un code de logiciel complet… Nos blogs sont des outils d’accompagnement à la recherche, visant surtout un public de spécialistes. Mais enfin, ce bon résultat nous confirme que, malgré les efforts de l’establishment britannique d’instiller une véritable “haine de la sociologie”, l’opinion publique a soif de comprendre les mécanismes sociaux à l’œuvre dans la situation actuelle.

Ps. Les excellents retours et commentaires reçus sur le billet, nous ont permis d’affiner l’analyse encore davantage et de finaliser un article scientifique tiré du texte. Why net censorship in times of political unrest results in more violent uprisings: A social simulation experiment on the UK riots est déjà disponible dans l’archive en ligne SSRN (Social Science Research Network), et il a été soumis à une revue scientifique. Croisons nos doigts !

[Update 23/08/11] Notre étude est à aujourd’hui dans la top 10 des plus téléchargées du SSRN (dans plusieurs catégories, telles ‘Computational Models’, ‘Conflict Resolution’, ‘Social & Political Philosophy’, ‘Microeconomic Theory’, etc). Le billet de blog a été aussi traduit en français et publié sur OWNI.fr : Censure des médias sociaux: éléments pour une sociologie des émeutes britanniques.
Voilà aussi une petite revue de presse en ligne, détaillant les principaux sites Web qui ont parlé de nous :

Studying pro-ana communities in the social web (LSE seminar and references)

So here’s the powerpoint presentation of yesterday’s LSE seminar. I want to thank the students and faculty of the Institute of Social Psychology for having me. A special thank you to Prof. Sandra Jovchelovitch and Prof. Saadi Lahlou for the flattering introduction and for the stimulating discussion about the many methodological, ethical and theoretical challenges associated to research on pro-ana websites.

Some of the questions that emerged during the discussion are addressed in the presentation itself. For those willing to develop the other points, I provide a few bibliographic references on the following topics: (1) pro-ana and pro-mia online communities; (2) online ethnographies and network analysis; (3) ethics of online research; (4) privacy in social media; (5) agent-based modelling and social simulation. (more…)