Monthly Archives: March 2011

"L'homme transcendé" de l'artiste japonais Suguru Goto (31 mars 2011)

Au Cube d’Issy-les-Moulineaux, une performance artistique pour explorer l’extension des potentialités dans la relation homme-machine : l’interaction entre les images vidéo représentant des corps virtuels et le corps de l’artiste Suguru Goto présent sur scène, qui peut, grâce à son BodySuit, transformer ces images en temps réel. Un puzzle se crée autour des différences et des ressemblances entre corps réel et virtuel.

Festival Némo

Le Cube – 20, Cours Saint Vincent 92130 Issy-les-Moulineaux
Tél. 01 58 88 3000 Fax. 01 58 88 3010

Le jeudi 31 mars 11

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"Les réseaux sociaux de proximité" : Texte de l'intervention d'Antonio Casilli à la journée débat Réseau Habitat Social pour la Ville

Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil), a assure le 17 mars 2011 la conférence d’ouverture de la journée débat “Réseaux sociaux, blogs et sites Internet… du papier au numérique, heurs et malheurs de la communication”. Le texte de l’intervention a été établi à partir de la prise de notes effectuée par Sandrine Josse et également publié dans Cahier Habitat Social pour la Ville n. 25 (2011).

Un éclairage théorique et pratique sur les formes que la sociabilité peut prendre dans un quotidien façonné par les technologies communicantes

Comment les réseaux sociaux en ligne s’articulent-ils avec les sociabilités hors ligne ? Cette problématique introduit la notion de réseaux « glocaux », qui recouvre une double dimension globale et locale. Les médias sociaux proposent un profil pour chaque utilisateur, avec des renseignements personnels (photographie, identité civile) et une dimension relationnelle, car les pages permettent de créer des liens avec d’autres pages (amis ou voisins, selon les réseaux). Il existe différents types de réseaux :

Les réseaux sociaux de proximité (Peuplade, Voisineo, Marésidence.fr), dont la logique est fortement liée à un environnement particulier. Les communautés virtuelles, basées sur une interaction dématérialisée et des acteurs éloignés. Toutefois, ce phénomène existe aussi pour des communautés locales et des sujets de proximité. Par exemple, la Ruche de Rennes cherche à créer des liens entre les divers acteurs du tissu associatif local grâce à un contenu organisé selon la forme des listes d’annonces (recherche de logement, de conseils ou d’entraide entre voisins).

Les forums et wikis locaux, qui permettent de créer un savoir autour d’une ville, d’une localité, d’un habitat partagé, grâce à l’intervention des usagers sur le contenu des articles.

Les services de géolocalisation « citoyenne », qui intègrent l’usager dans un environnement via un check-in afin d’entrer en contact avec les individus présents au même endroit. Peu développés pour le moment en France, ces services sont très utilisés aux États- Unis et en Angleterre. Ils sont essentiellement adaptés à l’utilisation de Smartphones.

Le sens des expériences

Ces expériences sont animées par des valeurs d’entraide, de partage et d’accès. Jusqu’à quel point ces communautés sont-elles authentiques et contribuent à la création d’un véritable lien social ? Dans quelle mesure ces réseaux permettent-ils une inclusion sociale, mais aussi un accès aux services et aux informations en ligne ?

Les usagers expriment une forte demande de maintien d’un équilibre entre un besoin de protection de la vie privée et une volonté d’ouverture et de participation. La dimension de la proximité géographique joue un rôle paradoxal. En effet, des études sur les médias sociaux en ligne ont démontré que les liens affinitaires se forment d’abord sur la base d’une proximité géographique, avant la proximité d’intérêt ou d’âge, alors même que ces réseaux permettent l’ouverture vers des territoires très éloignés. Il existe donc un certain accord entre les espaces réels et les espaces informationnels, malgré la tendance à penser les réseaux sociaux comme étant situés hors de la réalité formelle.

L’habitat double

Les gens vivent en face à face, mais aussi dans un espace cognitif avec des échanges basés sur une technologie. En effet, les technologies et la pénétration des flux d’informations dans nos espaces sont omniprésentes. Elles conduisent l’espace public quotidien, mais aussi les corps, à être saturés par ces différents signaux. Par ailleurs, la culture technologique contemporaine ne peut être pensée qu’en rapport à ses propres représentations de l’espace. Celle qui fait des espaces informationnels des éléments exclusivement virtuels reste pesante dans l’imaginaire collectif, avec l’idée d’une frontière électronique (le cyberspace) et l’utilisation du champ lexical de l’étendue marine (naviguer, surfer). À l’inverse, une rhétorique propre au domaine privé et à la domesticité existe également (homepage, courrier électronique, adresse, fenêtres).

La domestication des technologies

Avec la pénétration des technologies dans la sphère intime à partir des années 1980, la sociologie des usages informatiques a élaboré la notion de domestication des outils. Deux dynamiques concomitantes expliquent ce phénomène :

La reterritorialisation, initiée dans les années 1950 avec des technologies qui quittent les bases militaires pour rejoindre les usines, puis les bureaux, et enfin les maisons des particuliers à la suite de l’explosion de la micro-informatique de masse qui a permis de viser commercialement le noyau familial. Ce phénomène a induit la réorganisation de la maison et de son mobilier autour de l’objet informatique, mais aussi une forte prescription sociale sur les jeunes générations afin qu’elles assimilent ces nouvelles technologies dès l’enfance.

La miniaturisation devient remarquable à partir des années 1950. Cette démarche, toujours en cours, permet de comprendre comment les usages actuels deviennent de plus en plus intimes et proches du corps.

Les noms commerciaux des ordinateurs s’inspirent de prénoms communs d’hommes, de femmes, d’enfants, d’animaux ou de fruits. Les fiascos commerciaux sont liés à des noms qui exprimaient une dimension de puissance. Aujourd’hui, il faut abandonner l’idée d’un dualisme numérique entre l’interaction physique et l’interaction sociale dans un espace relationnel, mais plutôt comprendre ce phénomène comme un prolongement des relations réelles dans des espaces informationnels.

La virtualisation des villes

Un imaginaire persistant de l’habitat et des villes numériques est encore à l’œuvre aujourd’hui. La virtualisation des villes devait permettre d’aménager les espaces afin de les rapprocher d’un Éden céleste imaginaire qui constituerait un lieu de régénération permettant de respecter les exigences individuelles et celles du bien commun. À une époque, le télétravail devait permettre de limiter la pollution grâce à la réduction des déplacements, et favoriser ainsi une intégration harmonieuse entre la vie familiale et la vie au travail. Il existe un lien entre l’espace de régénération et l’insertion sociale puisque les publics exclus de la vie sociale souhaitent fortement accéder à cette ville céleste. Cela comporte des risques, car l’imaginaire de la régénérescence des villes numériques est essentiellement un imaginaire de sublimation : l’accès immédiat à l’information et à l’harmonie sociale est en contradiction avec l’intégration dans la réalité formelle, qui se fait progressivement et prend parfois plusieurs générations. Déjouer cette illusion est indispensable pour éviter de tomber dans le leurre de l’angélisation absolue de ce service. Loin de l’imaginaire de ces villes de science-fiction et des espaces policées, les premières villes virtuelles comme Blacksburg, en Virginie, ou Parthenay, dans le Poitou-Charentes, démontraient que la transposition à la réalité était bien différente. En France, l’expérience du minitel, dont le fonctionnement nécessitait une infrastructure physique, a démontré qu’une articulation était possible entre rencontre sur minitel et rencontre physique, en particulier dans le cadre du minitel rose. Toutefois, le minitel avait une dimension régalienne et étatique surdéveloppée par rapport aux usages actuels.

De nouvelles expériences de virtualisation

Google Maps devrait favoriser la redéfinition des politiques publiques ou des expériences qui s’appuient sur des réseaux GPS. Des services de géolocalisation comme Foursquare permettent de procéder à un check-in dans certains espaces, comme les Starbucks ou les gares, et ouvrent la possibilité d’une ascension sociale dans un territoire relationnel et communicationnel. La numérisation des villes est une stratégie culturelle pour répondre à une déstructuration de l’espace public et du tissu urbain en favorisant les démarches autonomes et participatives des citoyens. Elle introduit une sémantique citoyenne révélatrice d’un idéal d’engagement, loin du préjugé des années 1990 qui pensait Internet comme un facteur isolant et destructeur du lien social, selon un principe simpliste : si le niveau de socialisation monte dans les interactions en ligne, il diminue dans les interactions hors ligne. Au début des années 2000, cette vision hydraulique a été remise en cause au profit d’une prise en compte des réalités des réseaux glocaux et de la superposition des éléments de sociabilité, dont Facebook est un bon exemple. Ainsi, tout en restant membre de communautés reliées par des liens forts de dépendance ou de loyauté (cellule familiale, entreprise, école), les individus peuvent également être connectés à d’autres, étrangers à leur entourage. Facebook a d’ailleurs permis de densifier le principe de la transitivité en créant des passerelles entre des personnes qui ne se connaissent pas (l’ami d’un ami), sur le modèle de l’expérience du Small World conduite aux États- Unis, tout en réduisant les degrés de séparation entre les individus.

Pistes de réflexion

La démocratisation des interactions sociales assistées par les ordinateurs aboutit à un déplacement progressif des scènes de l’exclusion et de l’isolement social. Cette notion de fracture numérique s’articule avec des difficultés qui préexistent (différentiels d’accès à la formation, sexe, âge, niveau socioculturel). Les politiques publiques doivent tenir compte de ces différentiels d’usage et des complexités de la population des usagers, ce qui induit des éléments de risque (intrusion dans la vie privée, cybercriminalité, détournement d’usage), mais parfois aussi de surprise et d’ouverture sociale.

Sur Český rozhlas 3 (radio nationale tchèque, 22 mars 2011)

L’émission Mozaika de la radiodiffusion nationale tchèque Český rozhlas 3 – Vltava propose un reportage du Salon du Livre de Paris du critique littéraire Michal  Procházka. L’occasion pour parler de la nouvelle moisson de livres électroniques et pour présenter le travail du sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil).

Letos tím největším tématem byly v Paříží debaty nad tzv. elektronickými knihami a jejich možným přežitím na internetu. Virtuální sítě se zároveň stávají předmětem studií sociologů a sociálních vědců. V knize Numerické vztahy aneb Cestou k nové společnosti přirovnává Antonio Casilli fungování webu k recesistické hře individualistických teenagerů, skrývajících se za svými maskami. Nám nezbývá než doufat, že i oni budou ještě stále číst.

Ecouter le podcast de l’émission Mozaika Knižní salon v Paříži

Internet, incarnation collective : "Les liaisons numériques" dans Libération (19 mars 2011)

Dans le quotidien Libération de samedi 19 mars 2011, Stéphanie Estournet présente l’ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil), du sociologue Antonio Casilli.

Vie réelle, virtuelle, espace public, privé… Notre implication sur le Net transforme en objet d’étude passionnante les réseaux numériques et les liens qui s’y développent. Dans les Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? le sociologue Antonio Casilli s’en saisit pour reconsidérer le lien social. Exit les caricatures d’accros au Web, vus comme des individualistes aux comportements adolescents, décorporés derrière leurs pseudos et bloqués sur des forums kikoolol. Selon lui, nous, internautes, prenons possession d’espaces (le pluriel est ici fondamental) et créons nos relations à l’autre, non pas en rupture avec ce que nous sommes mais avec ce qui nous constitue. Et si l’on a pu envisager le Net comme un univers sans corps, Antonio Casilli rappelle que le réseau grouille de «traces corporelles» («portraits photos», «descriptions écrites», «personnifications animées»). Nous nous incarnons sur la Toile, nous nous y projetons de manière plus ou moins fantasmée, en tout cas, au-delà de nos mots, nous «donnons de nous». On peut, dès lors, envisager de concilier notre individualité avec la collectivité. Ainsi, laisser un commentaire sur un blog, permet de s’inscrire à la fois dans un lien privé avec l’auteur et dans une position publique.

Construite sur la base de témoignages, d’interviews et de nombreuses études scientifiques, la réflexion d’Antonio Casilli démonte les clichés habituels et rappelle que chacun, dans sa pratique, est dans une domestication inventive de nouveaux liens.

"Espèces de cyberespaces" – Slides de la présentation d'Antonio Casilli à la Gaîté Lyrique (15 mars 2011)

Mardi 15 mars 2011, le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil), a été l’invité de la Gaîté Lyrique de Paris pour une conférence dans le cadre du cycle “Technologies au quotidien” : le regard du chercheur et celui des artistes Ricardo Nascimento et Ebru Kurbak s’est porté sur le rôle des nouvelles interfaces entre le corps et son environnement quotidien. La journaliste Marie Lechner (Ecrans/Libération) a introduit la conférence en contextualisant la thématique de la soirée : les espaces visibles sont traversés par des flux invisibles d’information.

Les slides de la présentation d’Antonio Casilli sont désormais consultables en ligne.

Nous habitons aujourd’hui un espace double – matériel et cognitif. Désormais, pour presque deux milliards d’individus, nouer des amitiés, développer des relations professionnelles ou encore constituer un couple passe par Internet. Au fur et à mesure que les usages informatiques se démocratisent, la peur des risques de rupture du lien social associés à ces technologies cède progressivement le pas à une perspective qui met en évidence les potentialités « socialisantes » des technologies numériques. Il y a un Internet d’information, où l’on recherche les meilleurs prix pour les billets de train, où l’on vérifie les horaires des séances au cinéma. Mais il y aussi un Internet de communication. C’est l’espace où l’on échange des mails, on parle avec ses amis par clavier interposé, on partage de la musique et des photos avec des inconnus. Et cette communication est, justement, un fait social nouveau, une forme de coexistence assistée par les ordinateurs qui demande un regard nouveau de la part des artistes, des chercheurs et des décideurs politiques.

L’idée qu’Internet et ses technologies soeurs soient des outils froids, éloignés de l’expérience humaine est fausse. Internet est une technologie de la chaleur humaine. Les réseaux sociaux actuels traversent notre quotidien, les ordinateurs meublent nos maison, les smartphone collent à notre corps. Notre machinerie, pour reprendre les propos de Bruce Sterling, est presque arrivée “sous la peau”.
La miniaturisation des ordinateurs (initiée dans le deuxième après guerre) a engendré une reterritorialisation de ceux-ci, leur permettant petit à petit d’intégrer l’espace domestique. Le premier changement que cette miniaturisation a impliqué est donc celui de l’espace physique. L’agencement des pièces, des meubles, des chambres change avec l’arrivée de ce nouvel appareil électroménager qu’il faut installer, comme on a installé avant lui la radio ou la télévision. Mais il n’y a pas que l’espace domestique qui est bouleversé par l’arrivée de cet équipement : l’espace technologique de la maison l’est aussi avec l’arrivée d’un équipement dont le contenu technologique est par définition plus important que les autres, puisqu’il permet de tout faire (jouer de la musique, regarder des films, jouer, communiquer…). Enfin, ils ont également reconfiguré l’espace social. Pour les “enfants de l’ordinateur” des années 80, l’ordinateur a été l’occasion de s’autonomiser ou de resituer le rôle qu’ils avaient au sein de la famille. Il va de même pour la Génération Y d’aujourd’hui – les utilisateurs de Facebook et des autres médias sociaux.

Rien de plus éloigné du mythe du cyberespace, colporté par nombre de théoricien du Web, passés et présents : connecté en ligne, tout internaute serait-il aspiré dans une « réalité virtuelle » ? Suite à la banalisation des bornes wi-fi et des interfaces informatiques, les usagers d’aujourd’hui se branchent à Internet comme ils se brancheraient à une prise électrique. Il devient alors clair que continuer à penser au Web comme à un espace transcendant par rapport à notre réel est une erreur d’évaluation lourde de conséquences théoriques et politiques.

"Highly recommended" : 'Les Liaisons Numériques' selon Global Sociology (14 mars 2011)

Le blog américain Global Sociology publie une riche recension de l’ouvrage d’Antonio A. Casilli Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil). Communauté, individualisme, espace public, corps et réseaux sociaux : les notions analysées dans le livre de Casilli resonnent avec les débats contemporaines autour de la vie privée, la stratification sociale et l’accès à l’information.

The weak ties between members of virtual communities and social networks fill structural holes and give members access to resources that they would not have access to, if they were limited to bonding capital and to off-line preexisting relationships. And once structural holes are filled, information circulates more easily. On a larger, and more political, scale, this is what Wikipedia does: not so much revealing secrets but making information circulate, and, at the same time, exposing the fact that traditional media operate more like the little boxes of bonding relationships (and in the little box, you have political and media elites). In this sense, online “friends” (as in “Facebook friends”) are conduits of information more than they are friends (in the traditional sense). I have to say that I use my Twitter timeline, in part, as a source of information (along with my newsreader) and no longer television. It may feel, at times, that the book is a bit all over the place. It is. And I think it is deliberate. The entire book is not so much a study as an exploration of the diversity of ties and of the various forms that sociability takes in the context of Web 2.0. It is rich in examples and case studies, along with the more traditional social-scientific research. It is also highly readable and the numerous “stories” make it quite entertaining. As I mentioned above, I do hope it gets translated in English soon. Highly recommended (for French-reading audiences, that is).

"Les réseaux sociaux ou le Big Other" : interview d'Antonio Casilli dans les Cahiers d'un Monde qui Bouge

Le sociologue Antonio A. Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) a répondu au questions de Sophie Caux-Lourie dans la première livraison de 2011 des Cahiers d’un Monde qui Bouge (vol. 2, n. 1, spécial “Le temps”). Parmi les autres invités : le philosophe Hartmut Rosa, le compositeur Karol Beffa et le plasticien Jean-Bernard Métais. Texte intégral de l’interview.

Les réseaux sociaux ou le Big Other

Antonio Casilli, sociologue et chercheur

Les réseaux sociaux numériques sont-ils en train de changer nos modes de vie, notre rapport à l’autre, à l’intime et, enfin, au temps ? Autant de questions qui, depuis l’arrivée des « liaisons numériques » dans notre quotidien, interpellent penseurs et intellectuels. Or, avec aujourd’hui plus de 2 milliards d’utilisateurs et des études quantitatives ou qualitatives représentatives de l’évolution induite par l’utilisation des réseaux sociaux, c’est désormais aux chercheurs de prendre la parole. Contrairement à de nombreuses idées reçues, c’est notre rapport aux autres qui se modifie et non notre rapport au temps, ce dernier restant, finalement, inchangé.

Pourrait-on affirmer que votre approche des réseaux sociaux relève autant de la sociologie que de la cyberarchéologie ?

Dans une certaine mesure, oui. Cela signifie inscrire le phénomène du numérique dans le temps long et observer avec le recul ad hoc les transformations des objets technologiques et des usages. Nous étudions ainsi comment évolue la teneur du discours autour des technologies depuis leur introduction sur le lieu de travail, dans le logement, dans les lieux publics ou même dans la proximité du corps des individus (avec des objets tactiles comme les iPad ou les iPhone).

Pourquoi se dire archéologues plutôt que simplement historiens ? Le métier d’historien a parfois sous-entendu une mise en récit qui porte une dimension idéologique. Le philosophe Jean-François Lyotard met en garde, dans La Condition postmoderne : rapport sur le savoir, contre les « métarécits » de l’histoire : le progrès, l’évolution, etc. Or, cette archéologie des technologies à laquelle je fais parfois référence scrute les origines pour expliquer le présent et non pas pour imaginer des lendemains qui chantent.

En présence des futurologues ou des perspectivistes – très nombreux dans le domaine des réseaux numériques –, la modestie de mon ambition doit être expliquée : comprendre ce qui s’est passé il y a trente ans afin de mettre à jour notre rapport actuel aux technologies implique de se retourner vers l’analyse sociologique. L’archéologie n’est qu’un outil, une méthode d’investigation parmi d’autres.

Le matériau d’analyse aujourd’hui disponible sur les « liaisons numériques » est-il suffisamment fourni pour asseoir une démarche ?

D’un point de vie empirique, nous sommes aujourd’hui face à une masse critique d’informations suffisante pour faire de telles études et aboutir à des résultats probants. Et ces études montrent que l’on utilise des réseaux sociaux, notamment professionnels, pour créer des réserves de contacts.

Tout ce que l’on avance désormais est étayé par des exemples et des retours de terrain suffisants, en particulier sur l’impact potentiel des actions réalisées en ligne sur la vie hors ligne. Au début des années 1990, on imaginait qu’il y avait une temporalité spécifique à Internet, basée sur l’envoi immédiat de paquets d’informations. Quand on vérifie comment ce temps soi-disant « réel » s’inscrit dans l’existence des individus, on s’aperçoit qu’il s’étale et qu’une véritable chronologie se crée. Lorsque vous faites un usage « simple » d’Internet, par exemple consulter des courriels, il s’inscrit dans votre vie même, dans le cours de votre journée. Le temps d’Internet – qui théoriquement ne s’éteint jamais – s’adapte à la vie de l’usager… et pas forcément le contraire. Cela se vérifie en observant les horaires d’utilisation de Facebook notamment, influencés par les temps de travail, ou ceux des réseaux de jeux vidéo en ligne, où l’on décèle l’impact du temps de l’école. On peut ainsi détecter le pays d’origine d’un joueur en fonction de l’heure à laquelle il se connecte. Il n’y a que quelques exemples minimes qui se désolidarisent de la masse des connexions.

Si l’on étudie de près le quotidien et la temporalité de la vie des usagers, on s’éloigne très vite de ces préjugés accumulés dans la littérature. On continue, à tort, d’associer Internet au fantasme de l’adolescent boutonneux. Avec 2 milliards d’usagers, ce n’est plus vrai ! Toutes les classes d’âge sont représentées et Internet a cessé depuis longtemps d’être le domaine exclusif des jeunes.

N’y a-t-il donc pas de temps d’Internet ?

Les réseaux et leurs usages sont souvent associés à une nouvelle culture de l’immédiateté ou du « non-temps ». Les internautes auraient un rapport inédit, original au temps. La situation est, bien sûr, plus complexe. La temporalité du Web prolonge celle de la vie hors ligne. Ainsi, même en voulant admettre que les usagers s’inscrivent dans un real time delivery – un temps de l’immédiat –, ils sont tout aussi inscrits dans une sorte de permanence, dans laquelle la phase d’expérimentation et de formation identitaire va jusqu’à couvrir virtuellement tout le temps de vie. Pour simplifier, on reste éternellement adolescent puisqu’en permanente formation et développement de soi.

Mais ce phénomène n’est pas forcément lié à Internet. D’autres sociologues, tel Alain Ehrenberg, ont parlé de la formation de l’identité et de l’individualité comme d’un processus qui constituerait aujourd’hui une sorte de prescription universelle. Arrêter son propre développement est d’ailleurs considéré comme le fait de « jeter l’éponge » (même si cela se passe à un moment où l’on considère avoir atteint un niveau de maturité et d’expérience suffisant). Dans le monde du travail, l’impératif actuel est de progresser à tout prix. Les réseaux sociaux et les usages informatiques réalisent et perfectionnent cette tendance.

Néanmoins, je ne suis pas déterministe. Pour moi, la technologie n’est qu’un outil du monde et, en l’occurrence, un objet de notre monde relationnel social. Elle nous aide à le repenser, à en reconfigurer certains aspects.

Qu’en est-il de la relation de soi-même avec le temps intime ? Le temps de « se poser » existe-t-il encore ? N’est-il pas disqualifié ?

Il convient de bien séparer deux notions : le temps intime et la possibilité de « perdre du temps ». Le rapport entre le temps intime et le temps public est véritablement fascinant, principalement parce qu’il renvoie à la question plus vaste du rapport entre intimité et publicité sur Internet.

Plusieurs analystes du Web s’accordent avec moi pour dire qu’Internet est un espace public d’expression de besoins et d’actions privées. Et c’est un changement radical par rapport aux anciennes conceptions de la sphère publique. L’espace public était considéré, comme celui du travail et de l’action productive, du bien commun et de l’action politique. C’était également l’espace de la rationalité dans lequel il n’y avait pas de place pour les sentiments ou les relations intimes. À chaque fois que l’intime y surgissait, il y avait un risque, une menace.

Sur Internet, vous avez une place publique dans laquelle tout le monde est en permanence en train de présenter des éléments de son espace privé, voire relevant du domaine de la confidentialité, de l’intime. Et, important encore, ces éléments ne sont pas là via des processus qui nous échappent, mais bien parce que nous le voulons, dans une certaine mesure, pour que les autres les valident et les cautionnent. C’est pourquoi certains, comme le psychologue Serge Tisseron, ont parlé d’« extimité ». Or, ce temps intime, qui se développe dans une interaction constante avec les autres, ne peut plus se contenter d’être un temps de l’individu. La perspective défendue, par exemple, par Laurent Schmitt, médecin psychiatre, dans son livre Du temps pour soi – Conquérir son temps intime, nous renvoie à une espèce d’interruption de la durée, de rupture dans le flux du temps. D’après les tenants de cette théorie, lorsque l’on est chez nous, le temps public et actif s’arrête. Par conséquent, sur Internet et a fortiori sur les réseaux sociaux en ligne, cette interruption, si elle a lieu, entraîne une restructuration de l’intimité au lieu d’une reconfiguration du temps. L’intimité se définit en effet désormais dans l’interactionnel, dans le groupal. La formule devient plutôt « on est intime ». Le « on » ici est donc incontournable.

Concernant la « perte de temps », il faut en observer les nouvelles formes. En anglais, on utilise beaucoup le terme de procrastination et on l’associe au fait de passer trop de temps sur Facebook ou de trop utiliser Twitter. À une époque, on identifiait la « perte de temps » à quelque chose de positif. L’otium, chez les Romains, était un moment de temps libre au cours duquel l’individu développait quelque chose pour lui-même. Mais aujourd’hui, on est en train d’ouvrir notre point de vue : cette procrastination sur les réseaux sociaux est, elle aussi, une activité groupale, intersubjective et relationnelle, tout comme la création de l’espace intime.

Cela ne donne-t-il pas raison à ceux qui pensent que l’on ne prend plus de temps pour soi ?

Non, on prend du temps pour soi, mais de façon différente. Dorénavant, le rapport à soi se fait grâce à la validation des autres. C’est comme si Twitter était une sorte d’« outil de méditation ». On y envoie nos pensées et les autres les valident ou les critiquent. Certes, cela ne ressemble plus à la méditation classique que l’on fait dans un dojo, mais il s’agit bien d’une sorte de méditation collective. On envoie des pensées qui s’affichent avec les autres, reconfigurées, revalidées, triées. On « perd » toujours du temps, mais ensemble et de façon publique, enregistrée, affichée.

Quid alors du droit à l’oubli, du temps pendant lequel nos informations personnelles sont gardées ?

La quantité d’informations présentes à chaque instant implique qu’Internet n’est pas « un lieu pour se souvenir ». Internet est fait pour oublier. Ce n’est pas un endroit pour stocker de l’information, même si certains l’auraient bien souhaité. Tout d’abord, la perte de données due à des erreurs humaines est très importante. En outre, les formats évoluent trop rapidement et les supports de lecture ne sont pas mis à jour. Là aussi, les informations se perdent. Songez simplement à tout ce qui a été stocké sur floppy disk (« disquette ») ou CD-rom, etc. Si Internet était vraiment cet « enfer » de l’archivage des données, les archivistes du monde entier seraient ravis. Mais ce n’est pas le cas. D’ailleurs, depuis 2006, la Bibliothèque nationale de France a en charge le dépôt légal de l’Internet français, mais ces informations risquent malgré tout de disparaître si l’on prend en compte les formats choisis, les données réellement archivées – notamment en fonction des notions de propriété intellectuelle – et l’accès limité à des populations restreintes (sites réservés à certains membres sélectionnés).

Donc, lorsque l’on dit que ce qui est sur Internet va y rester pour toujours, on est dans le fantasme nietzschéen de l’éternel retour, l’ivresse et la peur que ce qu’on a dit sur Internet revienne pour nous hanter dans vingt ou trente ans. Cette peur doit être appréhendée avec une certaine distance critique. La raison pour laquelle nous sommes obsédés par nos propres traces est qu’aujourd’hui il est devenu très à la mode de s’« auto-googliser ». En saisissant son nom dans Google, l’internaute finit toujours par remarquer cette page dans laquelle quelqu’un médit de lui ou dans laquelle une photo le montre sous un jour défavorable… mais les autres ont bien disparu et on ne le remarque même pas. Le Web est fait de flux, de vagues successives de données qui s’effacent les unes les autres. Entre les soucis d’accès, de format et, enfin, de surenchère des données (notamment à cause des back-up multiples et inutiles des bases de données), la gestion de ces informations est impossible, même si les algorithmes de recherche et l’interrogation du deep Internet – l’Internet profond – ont incroyablement évolué.

Quant aux données que nous, sociologues, pouvons étudier, elles sont de trois ordres : quantitatives, qualitatives (ces dernières sont en cours d’explosion) et relationnelles (« qui est ami avec qui » sur Facebook ou « qui est en relation avec qui » sur les réseaux professionnels).

Cette catégorie est en train de reconfigurer complètement l’aménagement des savoirs et des pouvoirs sur Internet. Si l’on analyse les regroupements que les réseaux créent en ce moment, les retombées sont infinies. Ainsi sur Facebook, même si vous ne mettez rien de personnel en ligne mais que vous avez des amis, il est possible de trianguler les informations en fonction de votre maillage relationnel. Ces données permettent de remplir des espaces « vides » dans votre carte relationnelle, mais aussi dans votre vie. Quoi que l’on pense, ce n’est pas Big Brother qui saura tout sur tous, mais « Big Other », le Grand Autre ! Ce n’est pas un pouvoir central qui nous contrôle, mais tous les autres qui donnent des informations sur nous-mêmes, comme nous communiquons des informations sur eux. Et ce n’est pas par malignité, mais simplement parce que nous laissons des traces de notre passage sur la Toile. Des traces dont nous maîtrisons quelque peu l’origine – nous-mêmes –, néanmoins pas la persistance : cette dernière est influencée par les personnes avec qui nous interagissons en ligne.

Les sites de rencontres ont-ils intensifié la vitesse de rotation et de fragmentation relationnelle ?

Il existe deux types d’approche à cette question. D’une part, la question du turnover – la vitesse de rotation – et, de l’autre, celle de la persistance des contacts. Ce sont deux approches totalement différentes de la temporalité des rencontres en et hors ligne. Quand on fait allusion à cette vitesse de rotation, on imagine du « prêt- à-rencontrer ». Il ne s’agit pas là de Facebook ou des réseaux sociaux en ligne, mais surtout des rencontres « roses » ou des sites de personnes qui partagent certains traits ou intérêts culturels. Dans ce dernier cas, qu’il s’agisse de votre religion ou de votre style musical préféré, on peut supposer que ces rencontres sont largement éphémères : on veut rencontrer rapidement quelqu’un avec qui l’on partage certains goûts, certaines sensibilités ou pratiques, et que la facilité de rencontrer cette personne soit le miroir de l’aisance avec laquelle on peut s’en détacher. Du prêt-à-rencontrer qui soit aussi du prêt-à-lâcher.

Cet élément éphémère, détectable dès le début des études socio- logiques d’Internet, est celui sur lequel on a beaucoup insisté. Or, même avant Internet, au temps du Minitel, les études qui ont porté un regard sociologique ou socioinformatique sur les rencontres ont beaucoup insisté sur cette vitesse. L’un des ouvrages les plus importants des années 1990, de l’Américain Mark Dery, avait pour titre Vitesse virtuelle. Paul Virilio a beaucoup critiqué cette tendance à l’accélération et à la vitesse des échanges, un point qui peut être discutable.

Selon moi, au contraire, s’il y a un élément qui peut contrer cette impression d’accélération de la temporalité des rencontres en ligne, il s’agit bien de ce qu’en sociologie des réseaux on appelle la création de capital social de maintien ou de réserve. Vous créez, grâce à des réseaux comme Copains d’avant ou Facebook, une réserve de relations ou de liens sociaux qui sont prêts à être mobilisés le moment venu. Vous avez la possibilité de rester en contact avec les personnes de votre passé, celles avec lesquelles vous êtes allés à l’école, les membres de votre famille ou, si vous êtes dans une trajectoire migratoire ou de déplacement, les personnes qui faisaient partie de votre vie dans votre pays d’origine. La temporalité est donc complètement indéfinie.

Plutôt que de se projeter dans un futur accéléré et qui arriverait de plus en plus vite, on traîne une sorte d’ombre de son existence, représentée par un ensemble de liens, définis par certains comme des liens faibles, prêts à être réactivés le moment venu. Ils sont virtuels, mais au sens philosophique du terme. Déjà en 1973, Marc Granovetter, sociologue à Stanford, avait précisé la possibilité d’activer des liens faibles dans le cadre d’une recherche d’emploi, de l’achat d’une maison ou d’un investissement important : quelque chose de ponctuel mais de primordial. C’est le moment où notre réseau social proche ne peut nous aider et avoir une valeur ajoutée en termes d’informations précises. Or, ces personnes que l’on ne voit plus depuis des années peuvent être mobilisées. Marc Granovetter parlait de « force des liens faibles » ; il paraît plus opportun d’évoquer la force des liens numériques, qui sont entretenus en ligne et qui peuvent être déclenchés.

(propos recueillis par Sophie Caux-lourie dans Les Cahiers d’un Monde qui Bouge, vol. 2, no. 1, 1 sémestre 2011, pp. 50-56.)

Consider submitting your paper to "Analytical Sociology at Work" (deadline April 1, 2011)

“Analytical Sociology at Work”, the Fourth Conference of the European Network of Analytical Sociologists (ENAS), will take place at the University of Paris IV – Sorbonne (Maison de la Recherche, 28, rue Serpente, Paris) on June 9th and 10th, 2011.

If you consider submitting your paper, the deadline for submission of abstracts is April 1st, 2011. Click here to read the call for papers.

The abstract (min.500-max1000 words) should contain the following elements:

  1. title of the paper ;
  2. author(s)’s affiliation and e-mail address ;
  3. type of the paper ;
  4. short bibliography (max 5 references).

Submissions should be sent to glmanzo@yahoo.fr with the subject: « ENAS 2011 – submission ». Authors will be let know about referees’ evaluation no later than the 30th of April 2011.

"Les liaisons numériques" : calendrier des présentations du mois de mars 2011

Toutes les dates et les renseignements pratiques pour les présentations du mois de mars 2011 de l’ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) du sociologue Antonio Casilli.

Séminaire Sportcom INSEP, Paris

Date : 9 mars 2011
Horaire : 14h15
Lieu : Institut national des sports et de l’éducation physique, 11 Avenue du Tremblay, Paris (map)

Librairie Ombres Blanches, Toulouse

Date : 14 mars 2011
Horaire : 18h
Lieu : Librairie Ombres Blanches, 50 rue Gambetta, Toulouse (map)

Gaîté Lyrique, Paris

Date : 15 mars 2011
Horaire : 19h
Lieu : 3bis rue Papin, Paris (map)

Journée Habitat Social pour la Ville, Paris

Date : 17 mars 2011
Horaire : 9h45
Lieu : Hôtel Holiday Inn, 5 Rue du 8 Mai 1945, Paris (map)

Séminaire Identités numériques CNRS ISCC, Paris

Date : 22 mars 2011
Horaire : 14h30
Lieu : Maison des sciences de la communication et de l’interdisciplinarité, 20 rue Berbier-du-Mets, Paris (map)

Générations connectées, Issy-les-Moulineaux

Date : 22 mars 2011
Horaire : 20h30
Lieu : Médiathèque centre-ville, 33 rue du Gouverneur Général Eboué, Issy-les-Moulineaux (map)

Journée CRIP “Réseaux sociaux et entreprises”

Date : 24 mars 2011
Horaire : 17h
Lieu : Pavillon Dauphine, Place du Maréchal de Lattre de Trassigny, Paris (map)

Séminaire W2S, Paris

Date : 30 mars 2011
Horaire : 10h
Lieu : Silicon Sentier / La Cantine, Passage des Panoramas, 12 Galerie Montmartre, Paris (map)

http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article559

"Les liaisons numériques" au centre d'une expérimentation sur le livre électronique (22 mars 2011)

Une belle initiative de promotion du livre électronique : la ville d’Issy-les-Moulineaux distribue des exemplaires gratuits en version ebook de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil), l’ouvrage du sociologue Antonio Casilli.

A l’occasion de la conférence de l’auteur dans le cadre des rencontres Générations connectées (mardi 22 mars 2011, 20h30, Médiathèque centre-ville, 33 rue du Gouverneur Général Eboué, Métro ligne 12 Mairie d’Issy), le usagers présents pourront obtenir un code pour télécharger l’ouvrage dans sa version électronique intégrale. Les lecteurs pourront ainsi accéder au texte depuis chez eux, ou bien le lire sur l’une des liseuses électroniques disponibles à l’emprunt pour tous les porteurs d’une carte de la médiathèque.