Monthly Archives: July 2011

Sur Rue89 (26 juillet 2011)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil) est interviewé par Alexandre Pouchard sur Rue89. Quelles sont les différences culturelles internationales en termes d’adoption des médias sociaux ?

Plusieurs facteurs entrent en compte. Selon Antonio Casilli le premier d’entre eux est culturel. « Les réseaux sociaux offrent différents services, qui apparaissent plus ou moins adaptés à la culture du pays. Les internautes auront donc tendance à privilégier un site qui valorisera leurs facteurs culturels. » Exemple avec Orkut, qu’Antonio Casilli a étudié dans le cadre de son livre. Lancé en 2004 par un étudiant turc, il a rapidement été racheté par Google… et c’est au Brésil qu’il s’est principalement développé. Aujourd’hui, les Brésiliens représentent plus de la moitié des utilisateurs mondiaux du réseau, avec quelque 30 millions de comptes actifs. C’est plus du double de Facebook, qui peine à s’imposer au Brésil. La base d’Orkut, ce sont les notations de ses amis (et inversement). On note le degré d’amitié. Leur loyauté. Leur beauté. « C’est cette expressivité qui plaît aux Brésiliens », assure Antonio Casilli.

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Quant au réseau Mixi, au Japon, et ses 23 millions de membres, le principe de l’anonymat et du pseudonymat sur lequel il est fondé plaît aux internautes nippons. Contrairement à Facebook – et désormais Google +, qui refuse les pseudonymes –, très rares sont ses utilisateurs à afficher leur nom et leur photo sur leur profil. La communication y est à l’image de la société japonaise : implicite. Antonio Casilli : « Sur Mixi, les échanges sont feutrés, beaucoup moins explicites que sur Facebook. Sur ce dernier, on “aimera” ou commentera un statut pour montrer qu’on est passé par là. Tandis que sur Mixi, un système de traces permet de savoir qui a consulté son profil, pas besoin d’un signe visuel. Et il faut aller voir le profil de l’autre en retour, et ainsi de suite. On garde les éléments de “dignité sociale” très présents dans la société japonaise. »

Singes, réseaux et la présidentielle de 2012 : Antonio Casilli sur Slate.fr

Sur Slate.fr le journaliste Vincent Glad interviewe le sociologue Antonio A. Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. Seuil). L’occasion pour parler de liens faibles, de sociabilité animales et humaines et… de commenter le programme numérique de la candidate socialiste à la présidentielle 2012 Martine Aubry.

«Dans la durée de vie d’un individu, vous pouvez vous trouver dans des situations où vous avez besoin d’informations dignes de confiance, au moment d’une maladie, d’un achat important, d’une décision professionnelle importante et à ce moment là, la question de la réactivation des liens faibles se pose. Les personnes qui font partie des petites boîtes (famille, amis, collègues) ne sont peut être pas les meilleures pour répondre à ces questions spéciales.» On croirait entendre du Martine Aubry, vantant les mérites du care. C’est ainsi que sur Twitter les messages proposant un job ou un appartement sont souvent retweetés des dizaines de fois, alors que l’information n’intéresse objectivement que peu de monde. L’étonnante force des liens faibles.

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Les réseaux sociaux sont en fait comparables à l’épouillage des singes (grooming en anglais, un concept développé en anthropologie), selon la chercheuse américaine Judith Donath. Liker un statut Facebook ou répondre une banalité à un tweet sur un chariot de gare s’apparentent aux petits gestes que font les singes de la même peuplade entre eux, comme passer du temps à s’enlever les parasites. «Ce qui est essentiel dans le grooming, c’est l’économie du geste: c’est un tout petit geste dont la retombée est très importante, relève Antonio Casilli. Quand vous voulez souhaiter un anniversaire à un ami éloigné, vous avez trois possibilités: soit aller lui rendre visite et apporter un cadeau, c’est long, c’est coûteux, c’est potentiellement pénible; vous pouvez lui envoyer une petite lettre, un SMS ou un mail, mais encore une fois, c’est long; ou alors le moins coûteux de tous, faire du grooming sur Facebook en laissant un message sur son mur» Le programme numérique de Martine Aubry est abondamment fourni en matière économique, culturel ou diplomatique mais il oublie les pratiques les plus quotidiennes. La gauche pourrait s’intéresser aux réseaux comme un moyen de fluidifier la société, et pas seulement de gagner une élection.

 

What the hell am I doing here #4 : à l'AFS de Grenoble

Nous y sommes (à nouveau) : méga attroupement de sociologues à Grenoble à l’occasion du Congrès 2011 de l’Association Française de Sociologie. La grand-messe des sciences sociales a lieu sur le campus de St-Martin d’Hères (Galerie des Amphis, 151 rue des Universités, 38400 St-Martin d’Hères) du mardi 5 juillet au vendredi 8 juillet 2011. Des embouteillages théoriques et des accidents empiriques en vue.

Ceci dit, double live pour moi. J’interviendrai une première fois le mardi 5 juillet à 17h pour une conférence sur la vie privée en ligne (dans le cadre des travaux du RT26 – Réseau Thématique “Réseaux sociaux”. Une deuxième intervention, sur la e-Santé, est prévue le jeudi 7 juillet à 11h à l’occasion de la semi-plénière “Les technologies de l’information et de la communication en santé : un nouvel essor pour le champ sanitaire ?”, dans le cadre des activités des RT19 “Santé, médecine, maladie, handicap” et RT29 “Sciences et techniques en société” de l’AFS. Elle sera retransmise en streaming sur le site http://www.canalc2.tv.

(Après cela, je file à Londres pour le colloque des analystes des réseaux britanniques, UKSNA. But that’s another story…) (more…)

Au colloque UKSNA 2011 – United Kingdom Social Network Analysis (Londres, 8 juillet 2011)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du (Seuil), interviendra à l’occasion du colloque UKSNA 2011 – United Kingdom Social Network Analysis pour présenter son projet sur les troubles de conduites alimentaires dans les réseaux sociaux. La présentation qui a pour titre Eating disorders in the social web: A personal network approach aura lieu le 8 juillet 2011 à 14h à l’Université de Greenwich, Londres. Le programme est téléchargeable ici.

Online websites, blogs and forums advocating anorexia nervosa and bulimia nervosa (“pro-ana” and “pro-mia” in web jargon) have attracted much media attention in the last decade. While offering emotional and practical support to sufferers, some of them have gone as far as vindicating eating disorders as a lifestyle and even a choice, thereby openly challenging standard medical and psychological discourse. Despite a growing scientific literature on the topic (Casilli et al. 2012), the extent to which participation in pro ana-mia forums, blogs and online social networking sites affect behaviours is still unclear. It also remains to be seen whether ties formed in online ana-mia communities significantly differ from offline forms of sociability such as those traditionally witnessed among school mates, family members, neighbours, etc. In particular, there is an urgent need to address the question of whether online and offline social ties differentially affect health-related behaviours, so as to devise suitable forms of policy intervention. The proposed paper presentation sets out to study the role of online and offline social networks in the spread and maintenance of eating disorders. It is based on an online survey of members of ana-mia communities aiming to elicit their networks of ties in conjunction with behavioural attributes – in particular eating habits, health status and IT usage. Analysing personal networks in this population aims to gain insight into its relational structure, how it is favourable to social influence, and therefore to spread of attitudes, beliefs and behaviours.

La fin de la vie privée en ligne ? Antonio Casilli au congrès de l'AFS (Grenoble, 05 juillet 2011)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du (Seuil), interviendra à l’occasion du Congrès Grenoble 2011 de l’AFS (Association Française de Sociologie) pour présenter son nouveau projet Testing the ’End-of-Privacy’ Hypothesis in Computer-mediated Communication. Le projet, porté par Paola Tubaro (University of Greenwich) est financé par la Fondation CIGREF/Fondation Sophia Antipolis. La présentation aura lieu à 17h dans le cadre des activités du RT26 “Réseaux sociaux” de l’AFS (Campus de St-Martin d’Hères).

Antonio A. Casilli à l’AFS (Grenoble, 5/7/11) (c) Pierre Mercklé

The so-called “End of Privacy” hypothesis has been widely echoed in the public discourse. Especially among younger users, a tendency to renounce the value of privacy in favour of transparent interactions has been ascribed – albeit controversially – to today’s pervasive computer-mediated communication and online networking services. Objectives and methods: The paper sets out to test the End of Privacy hypothesis by identifying the societal configurations coherent with this scenario. It builds on the existing social science literature on variables that affect individual privacy attitudes and behaviours, including age, socio-economic status, gender, and national legal frameworks. The methods adopted rely upon the design of an agent-based computational model of online networks. Starting from micro-level interactions, the model aims to describe the resulting macro-level social dynamics. Findings: Final simulated scenarios can be of several distinct types, thus suggesting that the End of Privacy is not an inevitable outcome of today’s spread of computer-mediated communication. On this basis, the paper assesses the possible combinations of social factors validating or falsifying this hypothesis. Shifting individual preferences towards more open tie formation, participatory sharing and changing expectations about privacy policies and data protection are evaluated as to their potential to trigger major social innovations.