Monthly Archives: January 2013

[Podcast] Antonio Casilli, André Gunthert et Dominique Cardon sur les 30 ans d'Internet

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture : pour parler des efforts récents de construction d’une histoire et d’une mémoire collective d’Internet, Caroline Broué accueille Dominique Cardon, André Gunthert et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

» Internet a trente ans… et tout le monde s’en fout !? – 29.01.2013 – 26 minutes.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Janvier 2013 marque l’anniversaire des 30 ans de l’adoption du protocole TCP/IP, qui est salué outre-Atlantique comme “la naissance de l’Internet actuel”. C’est l’occasion pour les médias étasuniens de s’adonner à leur sanctification habituelle des géants commerciaux du Web, doublée d’un bilan social et technique de trois dernières décennies. Mais ici en France, on en parle à peine. Même dans les cercles spécialisés, cet anniversaire est un non-événement. 

Chauvinisme technologique ? Syndrôme “nostalgie Minitel” ? Méfiance vis-à-vis de l’idéologie “disruptive” du numérique étasunien ? 

On pourrait avancer une autre hypothèse. Si nous ne célébrons pas cet anniversaire, c’est presque pour une forme de pudeur : parce nous savons pertinemment qu’Internet est plus âgé que cela.  Quel âge a Internet ? Quelle est exactement sa date de naissance ? Selon Tim Berners Lee , c’est avec l’introduction du Web dans les années 1990 que le “réseau des réseaux” est devenu celui que nous connaissons aujourd’hui. Mais Vint Cerf, “évangéliste Internet en chef” de chez Google, nous assure que c’est justement en 1983, quand Internet a remplacé ARPANET, que son acte de naissance se situe. D’autres encore, tels les documentalistes du Kleinrock Center for Internet History de l’UCLA, affirment que cela remonte aussi loin qu’en 1969 (date d’établissement du premier “backbone” du réseau) – ou même en 1961 (date de parution de l’un des premiers papiers théoriques à son sujet) ! 

Internet n’aurait donc pas 30 ans, mais 52. Comme un acteur sur le retour qui cherche encore à décrocher des rôles de jeune homme, il tricherait donc sur son âge ! Chaque année, dans un effort constant de rajeunissement, cette vieille innovation cherche à réécrire son histoire, pour paraître toujours dynamique, toujours projetée vers le futur, toujours capable de surprendre et de “révolutionner” nos vies. Mais, soumise à la concurrence de nouveaux paradigmes technologiques (des nanosciences au biotech), quelle est la place actuelle de cette technologie qui a besoin, pour exister, d’être “forever young” ?

[Podcast] La vie et l'oeuvre d'Aaron Swartz (France Culture, Place de la Toile, 19 janv. 2013)

Podcast de l’émission Place de la Toile, le magazine des cultures numériques de France Culture. Le journaliste Xavier de la Porte et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil) analysent la vie, l’héritage et les tragiques événements ayant porté au suicide de l’activiste des libertés numériques Aaron Swartz.

» La vie et l’oeuvre d’Aaron Swartz / Peut-on critiquer la neutralité du net ? 19.01.2013 – 45 minutes

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Aaron Swartz, le suicidé de l’édition scientifique commerciale [Updated 19 janv. 2013]

[English translation here]

[Mise à jour du 19 jan. 2013 18h59. NB : ce billet a été repris par le Huffingtonpost, et a fait l’objet d’une émission sur France Culture (écoutez ici le podcast de Place de la Toile avec Xavier de la Porte).  Entre temps les hommages en ligne se multiplient. A lire, le billet publié par Cory Doctorow sur Boing Boing, le “j’accuse” de Larry Lessig, la petite poésie de Tim Berners Lee et l’épisode spécial de l’émission Democracy Now. Dans un style complètement différent, les hommages “par le fait” d’anonymes et sympathisants du libre accès scientifique. Sur Twitter, les universitaires ont distribué gratuitement leurs articles scientifiques sous le hashtag #pdftribute. Et sur Archive.org tous les documents relatifs à la procédure légale dont Aaron Swartz faisait l’objet ont été mis en ligne.]

La nouvelle tragique est tombée à 2h15 la nuit du 12 janvier 2013 : l’activiste et informaticien Aaron Swartz n’est plus.

http://tech.mit.edu/V132/N61/swartz.html?comments#comments

Les raisons de son geste restent pour l’instant enveloppées dans le mystère. Mais certaines voix s’élèvent déjà pour mettre en relation son suicide avec l’action en justice que le Procureur des Etats Unis lui avait intentée en 2011. Les faits contestés ? Avoir téléchargé via un serveur MIT et mis à disposition en ligne presque 5 millions d’articles scientifiques commercialisés par le portail scientifique JSTOR. Acte de piratage éditorial ou démarche radicale de libération des fruits de la recherche, cette affaire aurait pu couter 35 ans de prison à Swartz. Le jeune informaticien a toujours clamé son innocence, mais n’a pas pu empêcher de devenir le porte-étendard du Guerilla Open Access, mouvement de désobéissance civile prônant la réappropriation collective de l’information scientifique en contournant par tous les moyens nécessaires les barrières artificielles à l’accès créées par les éditeurs commerciaux.

“Aaron… was one of our very best. We will not forget. #openscience ” [Commentaire anonyme sur le site tech.mit.edu 3h51 12 janv. 2013]

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[Slides] "Machines à scandale : sociologie morale des bases de données" (séminaire EHESS E. Dagiral et S. Parasie 15 janv. 2013)

Pour la troisième séance de mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques, (15 janvier 2013) nous avons  eu le plaisir d’accueillir Éric Dagiral, maître de conférences à l’Université Paris Descartes, et Sylvain Parasie, maître de conférences à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, pour une séance consacrée au journalisme de données et à ses enjeux démocratiques. Voilà les slides de leur présentation :

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