Monthly Archives: April 2018

[Séminaire #ecnEHESS] Big data, rencontres en ligne et formation du couple (14 mai 2018, 17h)

Enseignement ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.

Pour notre séminaire Étudier les cultures du numérique nous aurons le plaisir d’accueillir Marie Bergström, chercheuse à l’Institut National d’Études Démographiques et membre du comité éditorial de la revue RESET et du comité de rédaction de la revue Sociologie, pour une séance dans laquelle nous interrogerons ce que les big data nous apprennent sur la formation des couples à l’heure des rencontres en ligne.

⚠️ CHANGEMENT DE SALLE : La séance aura lieu le lundi 14 mai 2018 de 17h à 20h, Salle 1, EHESS, 105 bd Raspail, 75006 Paris. ⚠️


Titre : Le « choix du conjoint » sous la loupe des rencontres en ligne

Intervenante : Marie Bergström (INED)
Discutant : Fred Pailler (Université de Nantes)

“En moins de quinze ans, l’usage de sites et d’applications de rencontres est devenue une pratique courante en France comme dans d’autres pays occidentaux. Ces services non seulement changent la manière de trouver des partenaires mais renouvellent notre savoir sur la rencontre. Les chercheurs en sciences sociales sont de plus en plus nombreux à mobilisent les données « massives » issues de ces plateformes pour étudier l’appariement des partenaires. Cette innovation méthodologique se solde souvent par des résultats inédits comme le montre la présentation. À partir d’un exemple concret, mobilisant les données d’une plateforme parmi les plus utilisées en France, on s’intéresse aux comportements de contact entre utilisateurs. Ce faisant, l’objectif n’est pas seulement de décrire les interactions (qui échange avec qui ?) et les logiques sociales et sexuées qui sous-tendent ce processus. La présentation montre, plus généralement, la manière dont les rencontres en ligne mettent au défi les théories habituelles du « choix » des partenaires.”

[Podcast] Médias sociaux : paniques morales et critique des plateformes (France Culture, 27 avril 2108)

J’étais l’invité de Serge Tisseron sur France Culture pour l’épisode de l’émission Matières à penser de vendredi 27 avril 2018, consacré aux médias sociaux, leurs opportunités et leurs risques.

“Les années 2000 ont vu se développer des travaux autour de la façon dont la culture numérique était porteuse d’un nouveau rapport au territoire, au don (qui n’est plus un acte de bienfaisance unilatérale, mais une obligation sociale réciproque) et même à la politique, avec l’émergence possible de nouvelles vertus démocratiques. Quinze ans plus tard, les réseaux sociaux sont accablés de critiques. Alors, celles-ci sont-elles fondées ou relèvent-elles d’un climat de panique morale ?”

>> Podcast Splendeurs et misères des réseaux sociaux (45′)

[Controverse] Pour ou contre la notion de digital labor

This is getting interesting 😉 

Sur son blog Archinfo, Jean-Michel Salaün (ENS Lyon) propose une critique de la notion de digital labor.

Nous, les internautes ordinaires, ne travaillons donc pas pour les plateformes, mais éventuellement pour notre propre compte ou pour des partenaires des plateformes. Les plateformes nous observent afin de fluidifier les relations entre nous et ceux qui nous proposent des services. Mais cette observation génère un nombre considérables de données sur nos comportements. Cette accumulation a fait émerger une inquiétude quant à leur capacité à changer de registre, c’est à dire à dépasser leur fonction d’intermédiaire pour jouer un rôle politique. L’inquiétude est accentuée par les compétences en design de l’expérience utilisateur acquises par les plateformes parfois assimilées à de la manipulation. C’est sans doute la première limite sérieuse à un développement jusqu’ici spectaculaire par son ampleur et sa rapidité.

Sur son blog S. I. Lex, Lionel Maurel (Université Paris Lumières) lui répond en proposant une critique des critiques de la notion de digital labor.

Le principal intérêt de la notion de Digital Labor réside son potentiel « critique » et dans sa capacité à faire apparaître des situations d’exploitation auxquelles les plateformes soumettent leurs utilisateurs, rouvrant le débat sur la justice sociale au XXIème siècle. Or c’est un ressort à part entière de ces nouvelles formes d’exploitation de mobiliser de la « violence symbolique » (au sens où Bourdieu entendait cette notion) dans le but de faire participer les dominés à leur propre soumission. L’invisibilisation du travail effectué par les internautes sur les plateformes constitue de ce point de vue un des principaux moyens pour elles de maintenir les individus hors de possibilité de revendiquer un changement dans leur condition et le respect de leurs droits fondamentaux. Si nous travaillons en ligne «par défaut, fortuitement sans le savoir», c’est parce que tout est fait pour que nous le sachions pas. Dès lors, construire la catégorie du travail sur « l’intentionnalité des individus » ou sur « l’action volontaire et réfléchie » est éminemment problématique, car cela revient à incorporer dans la notion même de travail cette violence symbolique que les plateformes exercent, en contribuant par là à renforcer son efficacité.