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[Podcast] Comment les nouvelles plateformes de commerce rapide changent la consommation et la ville (Le temps du débat, France Culture, 9 févr. 2022)

J’ai eu le plaisir de passer à l’antenne avec Philippe Moati et Laetitia Dablanc lors de l’émission de France Culture Le Temps du Débat, animé par Emmanuel Laurentin et avec la participation de Sophie Comte. Nous avons abordé le sujet des plateformes de commerce rapide, qui promettent des livraisons en quelques minutes, mais qui changent l’aménagement des villes en les parsemant de “dark stores” et de “dark kitchens”.

Nous nous intéressons à une niche commerciale en croissance forte depuis deux ans : les “dark stores” et “dark kitchens”, ces espaces sans vitrines qui stockent nourriture et biens de première nécessité ou préparent des repas à livrer au cœur des grandes villes. Ce sont de là que partent des flottes de livreurs à vélo ou scooters pour parcourir le fameux dernier kilomètre et porter chez nous le repas ou les courses. C’est un marché sur lequel se lancent des sociétés inconnues il y a quelques mois, comme Cajoo, Getir ou Gorillas, avec des investissements gigantesques pour emporter le marché au nez des enseignes de la grande distribution, présentes partout dans les métropoles. 

Pourquoi promettre ces livraisons en moins de dix minutes de courses que chacun pourrait faire au pied de chez soi ? Cette accélération a-t-elle des conséquences sur les commerces de ville, les restaurants et sur la ville elle-même  ? Cette “économie de la flemme” est-elle une économie de désir de distinction ou de réels besoins ? 

Pour cette émission en partenariat avec le magazine Chut!, Emmanuel Laurentin et Sophie Comte reçoivent Laetitia Dablanc, directrice de recherche à l’Université Gustave Eiffel, directrice de la Chaire Logistics Energy, Philippe Moati, économiste, professeur à l’Université Paris 7 et cofondateur de l’Observatoire Société et Consommation (ObSoCo) et Antonio Casilli, sociologue, professeur à Télécom Paris (Institut Polytechnique de Paris) et chercheur associé au LACI-IIAC de l’EHESS. 

Laetitia Dablanc décrit le profil-type des consommateurs des “dark stores” et “dark kitchen”, et souligne l’intensité de la demande : “Les jeunes urbains sans enfants sont friands d’une livraison d’hyper-proximité. (…) On nous propose une livraison quasi-gratuite immédiate, on ne va pas s’en priver. En ce moment, il y a création d’un marché à travers le désir, et il va se structurer car il rencontre une demande qui va rester (…) Mais ces nouvelles entreprises vont devoir gérer autrement leurs relations à la ville et aux municipalités“. 

Selon Philippe Moati, c’est parce que la livraison très rapide est proposée que les consommateurs optent pour ce service, mais elle n’est pas au cœur de la demande : “Ce qui prime, c’est la praticité, l’absence de fatigue. La vitesse en tant que telle n’est pas une demande des consommateurs. On a besoin de quelque chose et on ne supporte pas d’attendre : on va jouer sur la gratification instantanée. On vit dans une société globale qui nous promet la satisfaction de nos désirs dans l’immédiat. (…) Les surfaces de proximité sont en danger, mais le phénomène peut être un levier de développement commercial pour les commerces différenciés.” 

Quant à lui, Antonio Casilli met en lumière la diminution des interactions, notamment depuis la pandémie, et les différentes stratégies de distinction des services d’e-commerce : “Un discours se met en place autour du fait que les consommateurs, depuis la crise sanitaire, semblent être plus à l’aise avec des interactions distancielles et des livraisons ou services de e-commerce plateformisés. (…) Ces services s’efforcent de montrer qu’ils font de la livraison sans contact. Ils effacent toutes les interactions avec le restaurateur, le commerçant, le magasinier du “dark store”, et même le livreur. (…) Ces services sont difficiles à départager. On a du mal à les qualifier en terme de qualité de service, alors on les quantifie : dire que la livraison se fait en dix minutes, c’est une ruse.“.

Bibliographie :

Laetitia Dablanc et Antoine Frémont (dir.), La Métropole logistique. Le transport des marchandises et le territoire des grandes villes, Paris, Armand Colin, 2015

Philippe Moati, La plateformisation de la consommation. Peut-on encore contrer l’ascension d’Amazon ?, Gallimard, “Le débat”, 2021

Antonio Casilli, En attendant les robots, Enquête sur le travail du clic, Seuil, 2019

Covid-19, numérique et inégalités (interview, Libération, 25 mars 2020)

Antonio Casilli : «Le confinement se décline différemment selon sa place dans la société»

Pour le sociologue Antonio Casilli, la crise du coronavirus est révélatrice des inégalités entre ceux qui peuvent télétravailler et les employés en fin de chaîne, caissiers, livreurs ou transporteurs, dont les métiers sur le terrain s’avèrent indispensables. Malgré les promesses du tout-numérique.

25 mars 2020 à 17:11

A Paris, mardi.
A Paris, mardi. Photo Albert Facelly

Le confinement lié au coronavirus met au jour les limites de la société du tout-numérique : les visioconférences ne remplacent pas les amis, le télétravail devient pesant sans aucun contact réel, les ordinateurs tombent en panne pour ceux qui en ont. Pour le sociologue Antonio Casilli, professeur à Télécom Paris, la crise révèle une fracture sociale qui sous-tend ces inégalités numériques, entre travailleurs en bout de chaîne (caissières, livreurs, transporteurs, etc.) et cadres télétravaillant depuis chez eux, ou mieux depuis leur maison de campagne. Pour l’auteur d’En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic(Seuil, 2019), cette crise pourrait en sus avoir une conséquence inattendue : l’intelligence artificielle, privée de ses travailleurs du clic, risque dans les prochains mois de devenir moins intelligente.

Profiter de la quarantaine, est-ce un privilège de classe ?

La quarantaine se décline différemment selon sa place dans la société. Pour ceux qui ont un capital financier qui leur permet d’avoir des biens immobiliers, des résidences secondaires, des jardins, le confinement peut se transformer en une expérience de retraite, de loisir, de déconnexion. Ce sont souvent les personnes issues des catégories sociales les plus aisées, qui sont dotées d’un capital social plus important et qui déjà, en temps normal, sont ciblées par ce discours de la «détox sociale». Cela ne change pas : le confinement est maintenant vu comme l’occasion de se décharger de cette surenchère de sociabilité à laquelle ils étaient exposés auparavant.

Mais il y a des laissés-pour-compte : des personnes qui font partie des classes populaires, qui assurent les last miles jobs [emplois du dernier kilomètre, ndlr]. Ce sont ceux qui réalisent le dernier bout de la chaîne de production ou d’approvisionnement : livrer, transporter, conduire, conditionner, vendre. lls réalisent des activités qui les mettent dans des situations de proximité avec les autres – et qui ont donc des risques de contamination plus importants.

Que révèle le confinement sur la nature de ces professions ?

La première chose est que ces métiers ne s’arrêtent pas avec la quarantaine. Ces dernières années, ces employés ont été les plus précarisés, parce qu’ils ont été exposés à une érosion de leurs droits ; ils ont souvent été transformés en free-lances précaires, ou ont été «ubérisés». Les syndicats commencent à se faire entendre, pour dire que ces situations vont bientôt devenir tragiques parce que ces travailleurs n’ont plus de source stable de revenus et vont donc être exposés à de lourdes pertes dans les mois à venir, et qu’ils n’ont pas accès aux droits sociaux, réservés aux travailleurs salariés. Leur position montre combien la quarantaine est un mécanisme social à deux vitesses.

Le personnel de santé représente aussi un exemple notable de la nécessité de protéger tout travail à forte proximité avec le public. Il faudra non seulement enrayer l’érosion de leurs acquis sociaux actée par les gouvernements de la dernière décennie, mais aussi œuvrer pour les généraliser aux autres métiers du dernier kilomètre.

L’épidémie du coronavirus fait-elle ressortir encore plus fortement les inégalités ?

Cette crise est un énorme révélateur social et économique : le masque tombe et, dans le cas de certains nouveaux métiers liés au numérique, ceux qui avaient cru être des travailleurs sublimes, des indépendants qui choisissent leur condition, doivent admettre qu’une partie de leur situation est subie. Cela a, au moins, le mérite d’alerter sur la précarisation qu’ont subie des professions comme graphiste, traducteur, designer, ces dernières années, en grande partie à cause des plateformes numériques.

En réponse à la crise, le télétravail a été présenté comme la panacée. Mais cette rhétorique a des limites. Pour pouvoir télétravailler correctement, il faut avoir un chez-soi convenable, ce qui impose d’avoir un capital économique suffisant. Pour ceux qui vivent dans quelques mètres carrés ou qui ont des situations familiales difficiles, surtout pour les femmes, le télétravail peut se transformer en une double peine : en plus de la pénibilité et des rythmes de leur propre travail dans des logements qui ne sont pas toujours adaptés, il y a le travail du suivi des enfants ou des personnes âgées à assurer en même temps.

Qu’en est-il des «microtravailleurs du Web», que vous avez étudiés dans votre  dernier livre, En attendant les robots ?

Ces personnes réalisent des tâches fragmentées pour calibrer les intelligences artificielles, souvent depuis leurs propres équipements. Même si la nature de leur métier en fait des candidats idéaux pour le télétravail ceci n’est pas le cas pour toutes les catégories de microtravailleurs. Les modérateurs de plateformes sociales réalisent des tâches qui ont un niveau de confidentialité très élevé : ils manipulent des données sensibles. Les contrats qui les lient aux entreprises – qu’il s’agisse de grands groupes comme Facebook ou de sous-traitants – contiennent des clauses de non-dévoilement très contraignantes. L’employeur leur impose de travailler à des rythmes insupportables, ils n’ont le droit d’amener ni smartphone ni de quoi prendre des notes, confidentialité oblige. Ils sont presque dans une situation d’enfermement. C’est pourquoi ils ne peuvent pas télétravailler, même en cette période exceptionnelle : ils sont, pour certains, obligés de se rendre sur leur lieu de travail, quand les cadres de la même entreprise peuvent rester chez eux.

Les microtravailleurs sont aussi des travailleurs du dernier kilomètre dont on ignore l’utilité profonde. Il ne s’agit pas du dernier kilomètre de la chaîne de livraison, mais des services numériques. Ce sont les personnes qui s’occupent d’adapter le modèle idéal d’un logiciel, comme votre GPS ou votre système de ventes en ligne, à la condition particulière de son utilisateur. Ils améliorent l’intelligence artificielle, calibrent les algorithmes. S’ils cessent de microtravailler, parce qu’ils sont contaminés ou obligés d’arrêter leur activité à cause du confinement, alors, toute cette chaîne de production de l’intelligence artificielle s’interrompt. La communauté universitaire l’anticipe déjà : la quarantaine provoque la rupture de certaines chaînes de production des données. On anticipe donc que les intelligences artificielles seront, pour ainsi dire, un peu moins intelligentes dans les mois à venir. Cela peut vouloir dire que votre enceinte connectée fera des recommandations musicales moins performantes. Mais cela peut aussi avoir des conséquences plus graves : influer sur des décisions de justice dans certains pays ou déterminer si un crédit vous sera accordé ou non.
On voit là les limites de ceux qui recommandent, autant au niveau du gouvernement français que de l’industrie, d’utiliser davantage de technologie intelligente pour faire face à l’épidémie.
En somme, le virus montre toutes les failles de l’univers technologique lisse et perfectionné que certains se plaisent déjà à imaginer déjà en place, et rend flagrant le fait que l’intelligence artificielle n’est pas autonome mais nécessite une quantité de petites mains pour fonctionner.Nicolas Celnik

“I lavoratori sono il cuore dell’algoritmo” : intervista ne Il Manifesto (Italia, 9 dicembre 2017)

[NB: This interview has been translated in English, Spanish, and Portuguese]

Nel quotidiano Il Manifesto di sabato 9 dicembre 2017, c’è una mia lunga intervista proposta da Roberto Ciccarelli. Eccola in versione integrale.

Antonio Casilli: «I robot non rubano il lavoro. Siamo noi il cuore dell’algoritmo»

Roberto Ciccarelli 09.12.2017

Lavoro digitale. Intervista ad Antonio Casilli, autore di ricerche pionieristiche sul nuovo capitalismo e sulle lotte da Amazon a Uber. “I lavoratori creano i criteri sulla base dei quali operano le macchine. E poi le educano ad apprendere come migliorare”

Antonio Casilli, professore alla Télécom ParisTech, è considerato uno dei maggiori esperti di capitalismo delle piattaforme. È noto per le ricerche pionieristiche sul «lavoro digitale» che rovesciano il senso comune apocalittico secondo il quale il lavoro è finito a causa dell’automazione. «Siamo noi a formare i robot con il nostro lavoro – sostiene – Produciamo i criteri sulla base dei quali operano. E poi li educhiamo ad apprendere come migliorare. Il problema non è che i robot ci rubano il lavoro, noi continuiamo a lavorare sempre di più e le piattaforme frammentano e rendono invisibile il lavoro necessario per fare funzionare gli algoritmi».

In Italia hanno fatto molto discutere i licenziamenti di due lavoratori Ikea, Marica a Corsico (Milano) e Claudio a Bari. Sono stati licenziati perché le loro vite non si sono incastrate con l’algoritmo che governa la forza lavoro. Siamo tornati all’Ottocento?
Il capitalismo delle piattaforme digitali irrigidisce la disciplina del lavoro, impone una misura e una valutazione apparentemente «scientifiche» che possono assomigliare alle vecchie manifatture industriali. La differenza fondamentale è che i lavoratori, in cambio della sottomissione alla disciplina, non ottengono la protezione sociale e la rappresentatività politica che prima ottenevano in cambio della subordinazione. Questo nuovo taylorismo ha tutti gli svantaggi e nessuna delle compensazioni del vecchio. I lavoratori sono prigionieri di una contraddizione in termini: subordinati e precari al tempo stesso.

Dopo lo sciopero Amazon a Piacenza ha consigliato ai sindacati di fare attenzione anche alla politica dei dati, non solo a quella del lavoro. Cosa significa?
A Piacenza si è vista solo la parte visibile dell’iceberg. Quello è stato uno sciopero in un luogo fisico per ottenere condizioni di lavoro su attività materiali. Esiste tutta una altra parte di Amazon che da anni è in lotta. Penso ai micro-cottimisti di Amazon Mechanical Turk, un sistema di creazione e addestramento di intelligenze artificiali alimentato da micro-lavoratori, persone pagate a cottimo per qualche centesimo per realizzare mansioni di gestione dati, immagini o testi. Questi lavoratori devono auto-organizzarsi per ottenere migliori compensi e condizioni di lavoro più umane. Su questo i sindacati devono recuperare terreno perché i “Turkers” svolgono mansioni troppo piccole per essere visibili ai loro occhi.

Lo stanno facendo?
Sì, anche se al momento con iniziative diverse su scala nazionale. In Germania i metalmeccanici dell’IgMetall ha messo a disposizione una piattaforma per le rivendicazioni: FairCrowdWork. In Francia la Cgt ha creato Syndicoop che aiuta i sindacalisti a federare lavoratori attorno a una campagna. In Belgio c’è SMart: una cooperativa, e non un sindacato, che si occupa di lavoratori freelance e lavora anche con i rider delle consegne a domicilio. È in atto un processo dove i sindacati classici cercano di “piattaformizzarsi”, mentre le cooperative creano servizi su base mutualistica per i lavoratori delle piattaforme.

Dalle lotte dei rider italiani è emersa la richiesta di essere inquadrati nel contratto della logistica. È così in Francia e negli altri paesi?
Nell’economia alla domanda i servizi basati su piattaforme e prodotti in tempo reale sono al centro di una grande controversia legale e politica sulla contrattualizzazione dei lavoratori. Fino a ora l’obiettivo è regolarizzare la loro posizione in un contratto di settore che assomigli a quello della piattaforma. Su Uber in America, in Europa e in Corea le lotte sindacali convergono sul riconoscimento da lavoratori del settore dei trasporti urbani. In Amazon si cerca il riconoscimento del contratto degli operatori postali. Serve allargare ancora lo schema di azione.

In che modo?
Riconoscendo tutti i micro-lavori fatti dai «lavoratori del click», anche quelli pagati a cottimo per qualche centesimo per realizzare mansioni come la gestione dei dati, delle immagini o dei testi. Il loro lavoro serve al machine learning, a insegnare alla macchina ad apprendere e a creare l’intelligenza artificiale.

E come si fa?
Tutto passa dalla quantità di informazione prodotta. E su come e quanto le piattaforme approfittano di questa produzione di dati. Uber prende tra il 20 e il 40 per cento su ogni transazione che avviene sulla piattaforma e conosce bene il valore prodotto. Bisogna redistribuire una parte della ricchezza prodotta ai lavoratori delle piattaforme. Pur non essendo salariale questa redistribuzione sarebbe senz’altro più equa di quella esistente.

Quali sono altri esempi di micro-lavoro digitale?
Ce ne sono tantissimi. È un mercato globale che contiene almeno 100 milioni di lavoratori. In Cina, in India,nelle Filippine, in Indonesia esistono piattaforme e servizi poco conosciuti in Europa. Sviluppano lavori estremamente diversi che permettono alle economie digitali occidentali di funzionare. In questi paesi è possibile incontrare il valutatore (rater) del motore di ricerca di Google. Sono i lavoratori che controllano che i risultati di una ricerca siano giusti e correggono il tiro aggiustando l’algoritmo. Oppure ci sono i moderatori di contenuti su Facebook o su Youtube che passano le loro giornate a giudicare se un video o una foto rispettano le condizioni di uso delle piattaforme. Insegnano agli algoritmi di filtraggio quali sono i contenuti da censurare. Possiamo anche parlare dei clickworkers che condividono, mettono “like”, spingono messaggi pubblicitari o video di celebrità per i quali sono pagati anche meno di un centesimo al click. Sono il vero carburante del marketing virale che fa vivere le marche più famose sui social network.

L’economia alla domanda è anche un’economia della reputazione e dell’attenzione dove è centrale la figura del consumatore. In che modo i lavoratori possono coinvolgerli nelle loro rivendicazioni?
Prima di tutto riconoscendo che il consumatore fa lo stesso lavoro del fattorino di Deliveroo o del micro-cottimista di Amazon Mechanical Turk.

In cosa consiste il lavoro del consumatore?
Anche lui produce dati. Questi dati sono usati per addestrare l’intelligenza artificiale. Il consumatore produce una massa critica di scambi e transazioni che permettono alla piattaforma di esistere sul mercato. Un consumatore è parte attiva e cruciale dell’esistenza dell’algoritmo. Svolge quotidianamente una quantità enorme di gesti produttivi che sono assimilabili a quelli dei lavoratori digitali. Anche chi usa Youtube modera gratuitamente i video, segnala quelli che non sono appropriati. Chi si serve di Google allena l’algoritmo del motore di ricerca a imparare i termini più ricercati sulla base delle parole inserite da noi e da altri. Il consumatore è un produttore. Le frontiere tra questi soggetti dell’economia convergono al punto che si potrebbe dire che quando la piattaforma non vuole pagarti ti chiama consumatore e invece quando è disposta a pagarti (poco) ti chiama cottimista o micro-lavoratore.

Ha parlato di “lavoro gratuito”. Qual è il ruolo che occupa nell’economia digitale?

Il lavoro gratuito è stato definito da Tiziana Terranova già vent’anni fa. Anche allora stare in rete era un lavoro perché produceva contenuti per i siti e quelli che all’epoca si chiamavano “portali”. Negli ultimi dieci anni questa idea del lavoro gratuito è cambiata quando ci siamo resi conto che le piattaforme non commercializzano solo i nostri contenuti, ma commercializzano soprattutto i nostri dati personali e le informazioni. Quali marche ci piacciono o a che ora ascoltiamo musica. Dove siamo con il Gps. Il lavoro gratuito dell’utente di internet non è un lavoro creativo, ma è un lavoro inconscio e molto meno soddisfacente perché invisibile. In quanto tale alienante nella misura in cui non ci rendiamo conto a cosa servono e come sono usati i dati quando facciamo un recaptcha su Google o mettiamo una Tag su un’immagine su Instagram.

Per cosa sono usati questi dati?
Per produrre valore monetario per le grandi piattaforme che fanno compravendita di informazioni ma sono anche usati per creare il valore di automazione: addestrare intelligenze artificiali, insegnare alle chat box a dialogare con gli esseri umani, creare assistenti virtuali come Siri sull’Iphone o Alexa su Amazon che parlano con noi e ci aiutano a fare scelte anche al posto nostro.


Il tratto comune tra le lotte dei ciclo-fattorini di Foodora o di Deliveroo, quelle di Amazon e quelle nei paesi dei “lavoratori del click, è dunque il lavoro digitale?

Sì, queste lotte sono accomunate da una forma di lavoro diversa rispetto a quelle a cui eravamo abituati nel secolo scorso. Oggi il lavoro digitale passa attraverso le piattaforme digitali che vanno considerate come un tipo di organizzazione produttiva. In più, le piattaforme sono imprese e mercati. Amazon è un’impresa delle più tradizionali con una cultura brutale della disciplina del lavoro, lo si vede ad esempio nei magazzini ma anche negli uffici. Ma Amazon è anche un mercato, un marketplace basato su un enorme catalogo e su compravendite meno conosciute, quelle dei dati. Deliveroo è la stessa cosa: è un impresa, con dipendenti, risorse materiali e immateriali ed è al tempo stesso un mercato del lavoro che connette clienti, attività produttive e fattorini. In questo caso la piattaforma opera un matching algoritmico, crea una correlazione tra soggetti diversi. In Amazon la correlazione è tra chi produce un prodotto e chi lo compra.

Lei è un sostenitore del reddito di base. In che modo può tutelare la forza lavoro digitale intermittente e precaria?
Riconoscendo il lavoro dei dati che passa dalle piattaforme. Lo ha già sostenuto un rapporto del ministero francese delle finanze nel 2013 e un rapporto della fondazione Rockfeller l’anno scorso. I giganti del digitale non vanno tassati sulla base di quanti data center o uffici hanno in un paese, ma sulla base dei dati prodotti dagli utenti delle piattaforme. Se in Italia ci sono 30 milioni di utenti di Google, è giusto tassare Google sulla base dei profitti ottenuti grazie alla loro attività. Così si può finanziare un reddito di base, un reddito digitale connesso al lavoro digitale che ciascuno di noi svolge su Internet o sulle «app» mobili.

***Antonio Casilli ha scritto, tra l’altro, Qu’est-ce que le digital labor? Editions de l’INA con D. Cardon, 2015; Stop Mobbing (DeriveApprodi, 2000); La Fabbrica Libertina (Manifestolibri, 1997)

Ne La Stampa (Italia, 23 nov. 2017)

Di ritorno dal Belgio, dove avevo appena partecipato al workshop ENDL-2 e dove ho potuto seguire da vicino la vicenda Deliveroo/SMart, ho rilasciato un’intervista al quotidiano La Stampa. Ecco il risultato, egregiamente spiegato da Barbara D’Amico.

 

Deliveroo contro la coop che tutela i fattorini

Barbara D’Amico


I diritti dei lavoratori del digitale europei assomigliano sempre più a un piatto servito freddo e senza contorno. Lo scorso 25 ottobre, infatti, una delle più note aziende di consegna di cibo a domicilio, Deliveroo, ha annunciato di voler interrompere la collaborazione avviata in Belgio con la cooperativa Smart: la stessa che nel 2015 era riuscita a inquadrare la maggior parte dei fattorini della start-up attivi nel paese grazie a un accordo con l’azienda per garantire loro assicurazione, salario minimo e previdenza. Ciò significa che dal 2018 gli oltre 3200 rider di Deliveroo Belgio non avranno più quella tutela minima che la cooperativa dei freelance era riuscita a garantire in modo diretto. Smart è una realtà nata proprio in Belgio alla fine degli anni Novanta per tutelare i freelance più a rischio, quelli del mondo dello spettacolo. Oggi conta oltre 90 mila soci in tutto il mondo e si è allargata a dismisura: non più solo artisti e attori, ma anche videomaker, sviluppatori, giornalisti, insomma chiunque lavori in proprio. Il suo successo è dovuto al modello mutualistico: grazie al fondo alimentato dalle trattenute sulle commesse dei lavoratori inquadrati, Smart ne sostiene gli oneri previdenziali e gli anticipi su quanto dovuto dai clienti, preoccupandosi di tutta la parte amministrativa e contrattuale che in genere pesa sul singolo.

Perché il caso belga è importante per l’Italia

Le startup del food delivery impazzano anche in Italia, così come da noi è presente Smart da tre anni. Insieme all’Associazione italiana dei lavoratori autonomi, ACTA, la cooperativa sta lavorando alla proposta di modifica dello Statuto del Lavoro Autonomo avanzata dal giuslavorista Pietro Ichino per superare la divisione tra lavoro dipendente e lavoro freelance e ottenere tutele omogenee per tutti (tramite il meccanismo della cosiddetta umbrella company). Il caso belga però ha messo in allarme queste realtà e ora una normativa nazionale sembra essere l’unica soluzione contro i colpi di testa delle imprese di servizi digitali. «La decisione di Deliveroo è stata favorita anche da un progetto di legge del governo belga che sottrae a fiscalità e contribuzione i redditi da lavoro autonomo fino a 6 mila euro – si legge nel comunicato con sui Smart ha denunciato l’accaduto – Uno scenario che interessa in modo particolare i platform workers». Deliveroo ha scelto in Belgio di pagare meno tasse sul lavoro dei ciclo-fattorini, rinunciando ad avvalersi di un intermediario per la parte di contrattualizzazione tra azienda e rider che come la maggior parte dei “platform workers”, cioè i lavoratori a chiamata nell’era digitale, realizzano mansioni affidate grazie a un’app gestita dall’azienda.

Non chiamateli lavoretti

«Smart svolge un servizio che queste aziende non forniscono, come caricarsi degli oneri previdenziali dei lavoratori – spiega a La Stampa Antonio Casilli, esperto di lavoro digitale e professore associato presso il Telecommunication College of the Paris Institute of Technology (Télécom ParisTech) -. Le piattaforme di food delivery sono al centro di polemiche, lotte e scioperi dei lavoratori della app e le proteste dei rider sono fatte a posta per ottenere protezioni sociali che non vengono garantite perché, dicono queste aziende, portare pasti a casa è un lavoretto: invece non è così, si tratta di lavoro vero e proprio perché porto una divisa, rappresento l’azienda, rispondo a chiamata e ho una app che controlla in qualche modo quello che faccio in maniera anche più pervasiva di quanto non accadesse prima dell’avvento delle app.

A caccia di flessibilità

Nel caso specifico, Deliveroo, come altri concorrenti, ha inizialmente proposto di affiliare i rider in modo permanente, per fidelizzarli e per fare massa critica, ma una volta raggiunto il numero di fattorini necessari ha iniziato a flessibilizzare il lavoro interno. Queste aziende vogliono ancora più flessibilità. Vogliono il cottimo». Eppure formule di tutela come quelle su cui Deliveroo poteva contare sono una garanzia per le stesse aziende. E’ grazie al fondo di Smart se, sempre in Belgio, nel 2016 i fattorini di un’altra startup del cibo a domicilio, Take Eat Easy, si sono visti saldare i pagamenti dopo il fallimento della società (e nonostante questa avesse ottenuto investimenti per 10 milioni di euro http://startupitalia.eu/61480-20160726-take-eat-easy-rocket-internet).. Abbiamo verificato le comunicazioni di Smart Belgio ai suoi associati, e confermano che nel luglio 2016 la cooperativa si è impegnata a versare 360 mila euro di compensi ai rider perché le casse della società erano vuote. Lo ha fatto fino al 25 luglio di quell’anno.

Il gioco dello scaricabarile

Secondo i dati di CB Insights, società di analisi finanziaria internazionale, quella del food delivery non è una vera e propria bolla ma un settore altamente competitivo all’interno di mercato, quello del cibo, che vale 650 miliardi di dollari e in cui anche i più bravi faticano a restare a galla. Dopo un exploit, nel 2010, con una miriade di società e servizi, si è poi passati alla fase delle concentrazioni e acquisizioni da parte di pochi mastodontici marchi (da Amazon, a Uber) difficili da battere. L’unico modo per restare competitivi, specie nel campo delle consegne dei pasti a domicilio, è limare sui costi di consegna (e quindi sui compensi e le tutele di chi le consegne le fa) che oggi sono il vero tallone d’achille di questo business.

I platform workers sono i nuovi lavoratori a cottimo

La tendenza alla flessibilizzazione del lavoro, però, non riguarda solo il food delivery. I “platform workers” sono un fenomeno sempre più esteso ma non regolato. L’esempio principe è Amazon Mechanical Turk, la piattaforma con cui Amazon permette alle aziende di reclutare in unica soluzione anche migliaia di lavoratori per assegnare loro delle micro-mansioni ( dette micro-task). Dalla pulizia di un dataset, fino alla selezione di migliaia di immagini, gli ingaggi sono i più disparati. Più spesso questi plotoni di micro-workers sono assoldati per allenare i complessi sistemi di machine learning che, prima di automatizzare un servizio, devono essere istruiti da qualcuno. Non esiste rapporto umano tra chi ingaggia e l’ingaggiato e non si sa bene quali siano le condizioni di lavoro di chi si presta alle micro-task. «Il caso belga dimostra che l’azione di uno o più soggetti virtuosi non è sufficiente se non viene sostenuta da un ecosistema normativo adeguato – commenta Donato Nubile, presidente di Smart Italia -. In Italia il dibattito intorno ai platform workers è ancora fermo allo stabilire se si tratti di lavoratori autonomi o meno, e non va al cuore del problema: comunque li si definisca, si tratta di lavoratori senza tutele. E non bisogna dimenticare che accanto a questi lavoratori in divise dai colori accesi ce ne sono moltissimi che sfuggono alla nostra vista ma che affrontano gli stessi problemi: grafici, programmatori, videomaker, freelance di ogni settore, indipendentemente dal fatto che le loro occasioni di lavoro giungano o meno da una piattaforma. Un intervento normativo che si rivolga solo ai platform workers e si dimentichi questa crescente fetta del lavoro autonomo sarebbe miope e insufficiente». Anche per Casilli non può essere solo la cooperativa di turno a trovare soluzioni al problema. «In diversi paesi europei, il fatto che non ci fosse una cultura digitale presso i policy makers ha permesso a certi gruppi industriali e lobby di dettare legge sul lavoro digitale. Si tratta degli stessi gruppi che producono rapporti e white papers pronti ad essere copiati e incollati nei testi di legge», spiega.

Il ruolo del sindacato

Per evitare trappole, suggerisce Casilli, bisognerebbe chiamare in causa proprio i sindacati.«I sindacati tradizionali stanno facendo un lavoro enorme di recupero culturale per quanto riguarda il mondo del lavoro digitale. Smart è sicuramente una soluzione al problema delle tutele, ma i sindacati ora devono decidere se essere puri interlocutori sociali in grado di contrattare con queste aziende, piattaforme e realtà digitali oppure organizzazioni che forniscano anche servizi di assistenza e tutela diretta ai lavoratori». Qualunque sia la scelta, va fatta in fretta. Forse, più dei robot mangia-lavoro, bisogna correre ai ripari per evitare che le nuove tecnologie diventino la scusa contemporanea per tornare a una visione miope quanto antica: considerare le tutele un peso e non un investimento nella tenuta sociale dell’Europa così come ritenere la componente umana una voce di bilancio e non la molla dell’economia.