Nice et Marseille testeront des dispositifs de reconnaissance faciale à l’entrée de deux lycées
Elsa TRUJILLO (Journaliste) 17/12/2018 à 14h34
Des portiques dotés d’une technologie de reconnaissance faciale seront déployés dès janvier 2019 dans le lycée des Eucalyptus, à Nice, et dans le lycée Ampère, à Marseille, pour contrôler l’entrée des élèves.
Des portiques virtuels pour remplacer les pions. Deux
lycées de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur- celui des Eucalyptus, à
Nice, et le lycée Ampère, à Marseille – expérimenteront dès janvier
2019 des dispositifs de reconnaissance faciale pour contrôler l’identité
des lycéens à leur entrée.
Les portiques virtuels seront développés par la société américaine Cisco, rapporte Nice-Matin. Si
un intrus essaie de pénétrer sans autorisation, et que son profil ne
correspond pas à la base de données détenue par l’établissement, une
alerte sera envoyée au personnel en charge de la surveillance.
Le quotidien niçois fait état d’un “feu vert” de la CNIL
pour le lancement d’un tel projet. En réalité, l’autorité française de
protection des données a accompagné la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur pour définir les modalités d’élaboration de cette initiative. “Ce
projet de portiques virtuels a pour but d’évaluer l’efficacité d’un
contrôle d’accès par comparaison faciale à l’entrée des deux lycées
concernés”, complète la CNIL auprès de BFM Tech.
“L’expérimentation est basée sur le consentement des personnes
concernées. Les personnes qui n’auront pas accepté le traitement de
leurs données biométriques
ne seront pas concernées.” Une séparation physique sera mise en place
pour séparer les lycéens ayant accepté des autres, qui feront l’objet
d’un contrôle classique.
Deux classes à Nice
Pour cette phase d’expérimentation, seules deux classes, soit environ
une soixantaine d’élèves, seront concernées à Nice, relève le quotidien
local. Les portiques sont censés “apporter une assistance aux agents
assurant l’accueil du lycée afin de faciliter et réduire la durée des
contrôles, lutter contre l’usurpation d’identité et détecter le
déplacement non souhaité d’un visiteur non identifié”, fait savoir la
Région.
Les réserves sont néanmoins nombreuses. Le Syndicat national des
enseignements de second degré (SNES) s’enquiert du coût du projet, de
l’utilisation des fichiers, qui comprendront notamment les horaires
d’entrée et de sortie des élèves, et du remplacement du personnel par
des machines.
“L’un des problèmes majeurs de ce projet a trait au régime commercial
qui sera appliqué à ces données”, complète Antonio Casilli, professeur
de sociologie à Télécom ParisTech et à l’EHESS. “Leur circulation dans
les infrastructures d’une entreprise américaine constitue une forme de
valorisation abusive. Par ailleurs, la reconnaissance faciale est en soi
répressive, invasive et discriminante et a tendance à comprendre des
biais et à surcibler des minorités. En l’occurrence, elle habituera les
lycéens au fait d’être constamment enregistrés, comparés et jugés.”
Les deux lycées niçois et marseillais ne sont pas les premiers
établissements à tester la reconnaissance faciale dans la région.
Des bornes intégrant cette technologie ont été mises en place au
terminal 2 de l’aéroport de Nice, pour fluidifier le contrôle aux frontières. Le
deuxième aéroport français, qui fait face à une forte hausse de
fréquentation, entend ainsi limiter l’attente de ses voyageurs.