liaisons numériques

Antonio Casilli : « Le numérique: une continuation de notre sociabilité par d'autres moyens » (La Croix, 26 juin 2013)

Dans le quotidien La Croix, le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), est interviewé par Paula Pinto Gomes à propos de notre rapport à la solitude et aux nouvelles occasions de sociabilité à l’heure du numérique.

» Antonio Casilli : « Les relations numériques ne remplacent pas celles en face-à-face, mais s’y ajoutent » | La-Croix.com.

 

La Croix. 12 % des Français souffrent de solitude, selon le dernier baromètre de la Fondation de France. Parmi ces personnes, 20 % fréquentent les réseaux sociaux sur Internet, mais cela ne suffit à combler ce sentiment. Les nouvelles technologies favorisent-elles le lien social, comme l’affirment certaines études, ou au contraire, renforcent-elles l’isolement ?

Antonio A. Casilli : « C’est un débat qui anime la communauté scientifique depuis les années 90. Une première étude menée en 1996 par Robert Kraut, devenue célèbre, a d’abord conclu qu’Internet diminuait notre socialisation. Mais le chercheur a lui même reconnu que les choses étaient plus complexes et a décidé de reprendre son enquête. Quelques années plus tard, il a interrogé les mêmes personnes et là, le sentiment d’isolement avait disparu car elles s’étaient familiarisées avec Internet et perdaient moins de temps avec la technique, assez lourde à l’époque.

Ensuite, d’autres études, et notamment celles de Barry Wellman, ont démontré que le fait d’être connecté à Internet n’éloigne pas des personnes avec lesquelles on interagit en face-à-face. Au contraire, les individus qui ont le plus de liens sociaux sont aussi ceux qui ont d’avantage d’interactions numériques. Autrement dit, les relations médiatisées par ordinateurs ne remplacent pas celles en face-à-face, mais s’y ajoutent. Elles ne sont que la continuité de notre sociabilité par d’autres moyens. Depuis les années 2000 de nombreux travaux confirment ces résultats. Et il y a désormais un consensus autour de l’idée qu’Internet n’appauvrit pas notre vie relationnelle, mais représente une manière de la développer. »

Pourtant, plus on passe de temps devant l’ordinateur, moins il en reste pour les relations en face-à-face, non ?

A. C. « L’idée qu’en passant trop de temps devant son écran on néglige les autres interactions relève d’une vision « hydraulique » de la socialité : si le niveau d’interactions augmente dans le « vase du numérique », il diminuerait dans celui « du face à face ». C’est une conception extrêmement dualiste qui suppose une différence substantielle entre ce qui se passe en face-à-face et sur Internet. Beaucoup parlent d’ailleurs de « vrai vie » (IRL, in real life) et de « virtuel », des expressions qui me heurtent car elles ne veulent rien dire. Notre vie est toujours réelle. Et une intéraction qu’elle soit médiatisée par un ordinateur, un téléphone, une lettre ou une conversation, reste une interaction. »

Toutes les interactions se valent-elles ? Les relations numériques peuvent-elles être aussi solides que celles en face-à-face ?

A. C. « La question de la force du lien est une problématique sur laquelle les sociologues se penchent depuis longtemps. Dans les années 1970, déjà, on se demandait si toutes les relations humaines étaient du même type. Et la réponse fut non. Il y a certaines relations qui tissent des liens forts et d’autres des liens faibles. Mais la conclusion à laquelle les chercheurs sont arrivés, avant même l’apparition d’Internet, c’est que le fait d’avoir un lien faible avec quelqu’un n’était pas forcément négatif. Comme le disait le sociologue Granovetter, il y a « une force des liens faibles ». Il existe des moments, ou des taches spécifiques, pour lesquelles ces derniers sont plus efficaces. Par exemple, lorsque nous recherchons une information nouvelle, qui nous oblige à sortir de nos réflexes sociaux-culturels. Là, nous avons besoin de solliciter des personnes un peu éloignées de nous, qui nous apportent un regard différent.

Ce qui se passe aujourd’hui sur Internet démontre qu’il existe aussi une force des liens numériques. Ces derniers peuvent être forts – avec des proches – ou faibles – avec des collègues, des personnes que nous avons croisées… –, mais, ensemble, ils créent un tissu social particulier qui s’appuie sur des règles de sociabilité caractéristiques de cet outil. Ces liens ont une force puisqu’ils forment une communauté à laquelle nous pouvons faire appel lorsque nous avons besoin d’informations, d’actions communes, d’entraide ou de soutien. »

(1) Auteur de Les Liaisons numériques : vers une nouvelle sociabilité ?, Seuil, 2010.

 

Antonio Casilli : ne pas diaboliser les blogs des personnes atteintes de TCA (Rue89, 15 juin 2013)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), présente l’enquête internationale ANAMIA dans l’article de Laurent Bonnat publié sur Rue89.

» Anorexie-boulimie : les blogs d’ados font parfois du bien | Rue89.

 

S’il ne s’agit pas, au sens propre, de se soigner mutuellement, les relations tissées dans un même milieu peuvent parfois éviter un suicide. Un phénomène fréquent que les relations hors ligne ne parviennent pas forcément à déjouer, écrit Antonio A. Casilli :

« La collectivité exerce une forme de contrôle et la validation des déclarations performatives des contributeurs de sites “anamia” (avoir ou ne pas avoir absorbé des aliments), validation qui vise autant à vérifier la véracité des déclarations qu’à empêcher que l’escalade dans la confrontation n’aboutisse à une issue fatale. »

Ce que M. Casilli entend par « véracité » est en réalité la succession de codes communautaires visant à prouver que l’on fait bien « partie » de ce monde, une garantie nécessaire entre membres, pour montrer patte blanche (n’y entre pas qui veut).

 

[Podcast] Discorde et réveil du politique en ligne (France Culture Plus, 27 mai 2013)

Podcast de l’émission #Politique : Citoyens connectés, de France Culture Plus, webmédia étudiant de France Culture. Le journaliste Christophe Payet se penche sur les modalités d’expression de la discorde sur Internet : du tweet-clash aux commentaires venimeux des blogs, aux jeux vidéos, aux trolls. Avec le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

» Tweet-clash et bagarre 2.0 : un réveil du politique ? | France Culture Plus.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Il est facile de penser qu’Internet a appauvri le débat politique. Que le web a consacré la petite phrase assassine. Que les commentaires en ligne sont violents gratuitement. Que le débat s’est muté en tweet-clash, en bagarre 2.0. Mais le web n’aurait-il pas tout simplement réveillé une discorde que notre démocratie refusait de regarder en face ? 

[Podcast] Antonio Casilli sur Guy Debord (France Culture, La Grande Table, 21 mars 2013)

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture. Pour parler de l’héritage de Guy Debord à l’occasion de l’exposition rétrospective que lui consacre la Bibliothèque Nationale de France, Caroline Broué accueille la journaliste Raphaëlle Rérolle, l’écrivain Marin de Viry et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). Emission en partenariat avec le supplément “Culture et Idées” de Le Monde et en direct du Salon du Livre 2013.

» A chacun son Debord ? (en direct du Salon du Livre ) – 28 minutes

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

[Podcast] Vers la dictature du trollétariat ? (France Culture Plus, 25 févr. 2013)

Podcast de l’émission #Politique – Citoyens connectés, de France Culture Plus, webmédia étudiant de France Culture. Le journaliste Christophe Payet revient sur la figure du troll et sur l’hypothèse inquiétante de la “dictature du trollétariat” en discutant les thèses du sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

» Le Troll est-il un chien de garde de la démocratie ? | France Culture Plus.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Le Troll est-il un chien de garde de la démocratie ? Cet être vil des bas fonds d’internet. Ce provocateur intempestif qui inonde les discussions sur internet pour les détourner en polémique. Le Troll, explicitement bête et méchant, serait en voie de réhabilitation… Depuis quelque temps circule une idée étrange : et si le Troll était le gardien d’un Internet comme espace public ouvert.  Celui qui nous prévient de l’endogamie et du conformisme.  Exploration d’une hypothèse en clics, en sons et en méchanceté.

Antonio Casilli "Le Web social, outil d'interculturalité" (Corriere della Sera, Italie, 17 février 2013)

Dans La Lettura, supplément culturel du quotidien italien Il Corriere della Sera du 17 févr. 2013, la journaliste Serena Danna donne la parole à Antonio A. Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). L’occasion pour parler de Web et d’interculturalité est fournie par l’intervention du sociologue lors du colloque Il Corpo e la Rete (Fondation Intercultura, Florence, Italie, 28 févr. -02 mars 2013).

» Il Web sociale, ponte tra culture – Corriere della Sera.

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“I social network hanno un ruolo fondamentale in ciascuna delle fasi. «Nei momenti di emergenza o di spaesamento — spiega Antonio Casilli, docente di Digital humanities al Telecom ParisTech — i migranti hanno un maggiore bisogno di risorse relazionali e il web 2.0 rappresenta un bacino unico di capitale sociale». A volte basta una chat con l’amico lontano per superare il momento di difficoltà e uno sguardo alla timeline di Twitter per ritrovare l’entusiasmo della scoperta.

La Nanyang Technological University di Singapore ha monitorato gli status di Facebook (102 in tutto) di un diciassettenne malesiano arrivato negli Stati Uniti per un programma di studio di sei mesi con lo scopo di valutare il suo livello di integrazione. Azioni ed emozioni online dello studente corrispondevano agli stadi dell’adattamento: dall’entusiasmo per la «nuova vita» (rappresentato da continui status e foto divertenti) al timore della mancata integrazione (dimostrata dalla ricerca di contatto con i vecchi amici) fino alla tristezza per la fine dell’esperienza (a cui è corrisposto un minor numero di aggiornamenti). «Gli scambi online — continua Casilli — servono ai migranti per trovare il giusto equilibrio tra il bonding, la coesione sociale tra i simili, e il bridging, ovvero la costruzione di ponti con i diversi». (…)

Per Casilli è una questione di metodologia: «Chi utilizza l’analisi semantica e dunque si concentra solo sul contenuto degli scambi perde di vista l’importanza delle strutture sociali: quando guardo una timeline di Twitter o una bacheca di Facebook penso solo ai network di relazioni che rappresentano». La vastità delle reti presenti nel web sociale — «i parenti dei conoscenti degli amici» — impone dunque necessariamente l’incontro con l’altro.”

[Podcast] Antonio Casilli sur Occupy Wall Street (France Culture, La Grande Table, 11 févr. 2013)

Podcast de l’émission La Grande Table, le magazine culturel du midi sur France Culture : pour dresser un bilan du mouvement Occupy à l’occasion de la parution du livre de Noam Chomsky Occupy aux Editions de l’Herne, Caroline Broué accueille François Cusset, Sylvie Laurent et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

 

» Que reste-t-il du mouvement Occupy Wall Street ? – Idées – France Culture – 28 minutes.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

“Cet ouvrage est en réalité très intéressant car il resitue Occupy dans le contexte américain et en même temps il faut aussi s’interroger sur la cartographie de l’année 2011. Chacun de ces mouvements sont enracinés dans des réalités, des histoires politiques d’un pays, d’une nation. J’aurais aimé qu’il interroge le positionnement d’Occupy par rapport à un mouvement qui l’a précédé Tea Party, et notamment sur la question de l’horizontalité, de l’absence de leadership.

[…] Quel est l’attracteur politique de ce mouvement ? C’est des mouvements qui proposent une certaine déontologie du politique, une certaine manière de faire du politique, de créer de la subjectivité politique”

 

[Vidéo] Antonio Casilli sur anonymat et Internet (Stratégies.fr, 07 févr. 2013)

Sur Stratégies, la vidéo du débat SMCTalks consacré à l’anonymat, la surveillance et la vie privée sur Internet. Pour en parler, Nicolas Danet (co-auteur de l’ouvrage Anonymous : Pirates ou altermondialistes numériques, FYP, 2011) et le sociologue Antonio A. Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).


SMC Talk par strategies

» SMCTalks – Anonymat et Internet – 18 minutes.

SMCTalks : un partenariat Social Media Club France et Master 2 MISC du CELSA.

La question de l’anonymat sur l’internet est régulièrement remise sur le tapis. Le SMC Talks, présenté ici, et réalisé avec le concours des étudiants du master MISC du CELSA et le Social Media Club, et en partenariat avec Stratégies, cherche à faire le point sur les représentations de l’anonymat chez les internautes et sur l’état des techniques.