“Pourtant, pour les deux chercheurs, contrairement aux idées reçues, «il n’y a pas d’apologie de la maigreur, au contraire. Ces communautés se régulent entre elles, il y a même des controverses» , explique Antonio A. Casilli. Deuxième constat: bien souvent, les personnes souffrant de troubles alimentaires ont du mal à en parler à leur entourage, voire le cachent. «Elles trouvent dans ces plates-formes des espaces de parole, en étant comprises sans être jugées, ce qui leur procure une aide» , souligne Paola Tubaro.
Ils arrivent à la conclusion que ces communautés de malades trouvent en ligne des soutiens qu’elles n’ont pas ailleurs et recherchent plutôt un accompagnement pour la vie quotidienne. L’émergence de ces sites est, selon eux, liée au désinvestissement de l’Etat et à une mauvaise répartition des structures hospitalières sur le territoire. De fait, de nombreuses personnes ne sont pas prises en charge. Les auteurs ajoutent que ces sites sont plutôt un prisme par lequel appréhender des enjeux comme l’obsession de l’image du corps, le rapport à l’autorité médicale, etc.”
presse
Dans Le Monde : récension de “Qu’est-ce que le digital labor?” (10 déc. 2015)
Dans le quotidien Le Monde du 10 décembre 2015, David Larousserie nous livre un compte-rendu amusé et amusant de notre ouvrage Qu’est-ce que le digital labor? (INA éditions, 2015).
Eclairages
Quand Internet n’est plus « sympa »
LIVRE DU JOUR
David LarousserieQui a dit que les joutes intellectuelles avaient disparu ? En tout cas, pas deux des plus réputés sociologues français spécialistes des usages numériques, comme ils le montrent dans ce vivifiant essai consacré à une question émergente : le digital labor . Autrement dit, ce « travail » gratuit que les utilisateurs de plates- formes de réseaux sociaux, de ventes en ligne, de moteur de recherche effectuent en recommandant, « aimant », lançant des requêtes, interagissant, et que les entreprises monétisent auprès de publicitaires ou d’autres acteurs. L’expression a émergé à partir de 2009 aux Etats-Unis dans le champ académique pour de- venir un domaine de recherche actif. Production de valeur, mesures de performances, cadre contractuel (par les illisibles « conditions générales d’utilisation »), rappel à l’ordre pour pro- duire (par les notifications, alertes ou invitations diverses). Tout cela est bien du travail, décrit Antonio Casilli, sociologue à Télécom ParisTech, dans la première partie du livre. Et, dès lors, avec d’autres, il s’interroge sur les dispositifs d’exploitation, voire d’aliénation à l’œuvre ici comme dans n’importe quelle activité laborieuse. Le ton devient alors plus critique sur ces dérives marchandes qui accaparent la vie privée ou les biens communs.
Dominique Cardon, sociologue aux Orange Labs, dans une deuxième partie, commence par esquiver en prenant un recul original. La notion de digital labor relève plus de la posture que de l’analyse profonde. Elle se place à l’extérieur des sujets d’étude, donc au-dessus des internautes, pour leur dévoiler une aliénation qu’ils ignorent. Il raille donc ce point de vue, tout en détaillant les raisons intellectuelles et sociologiques qui ont amené à ce déferlement de critiques. « Internet était sympa, il ne l’est plus » , comme il le résume ironiquement. Bien sûr, les réseaux d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux d’hier avec marchandisation, espionnage à grande échelle, domination de quelques géants. Mais, face à ce constat sombre, il préfère retenir la grande diversité des usages et la démocratisation de l’expression, qui sont toujours vivantes.
A distance, les mots doux s’envolent entre les deux spécialistes lors d’une troisième partie construite comme un dialogue : « aristocrate ! », « libéral ! », « paternaliste ! », « incohérent ! » . Cependant, les deux tombent d’accord sur un point. Dominique Cardon regrette la mainmise d’une vision « économiciste » dans les analyses (aliénation, exploitation, valeur, etc.). Antonio Casilli aussi en somme, en rejetant les solutions consistant à rétribuer les internautes échangeant sur les plates-formes, comme certains l’ont proposé. Il préférerait une « rémunération » qui « redonne aux communs ce qui a été pris aux communs », par exemple sous forme d’un revenu de base ou bien d’une taxation des entreprises liées aux données qu’elles exploitent. Au fil des échanges se dégage une vision particulièrement riche des mutations à l’œuvre à propos d’Internet et de ses utilisateurs.Qu’est-ce que le digital labor ?
de Dominique Cardon et Antonio Casilli
INA Editions, 104 p., 6 euros
La blogosphère à propos de “Qu’est-ce que le digital labor?” (sept.-oct. 2015)
Sur son blog chez Rue89, Antonin Benoit analyse les liens entre micro-travail sur Amazon Mechanical Turk et son ancêtre médiéval, le Verlaagssystem (11 sept. 2015) : Internet réinvente l’ouvrier du textile du Moyen Age | Déjà-vu | Rue89 Les blogs
Le blogueur italien Luca De Biase pose la question : “digital labor, métaphore ou bien nouvel outil de réflexion ?” (22 sept. 2015) : Antonio Casilli e i lavoratori del web – Luca De Biase
Serge Coosemans, blogueurs pour le magazine belge Le Vif, pointe les risques du “digital tipping” (micro-rémunération du “travail numérique à la pièce”) (28 sept. 2015) : Cacahouètes pour tous: sur Internet aussi, tout travail mérite salaire – Multimédia – FocusVif.be
"Art et viralité": dans Libération (25 mai 2012)
Dans Libération du 25 mai 2012, un article de Marie Lechner sur virus informatiques, imaginaires de la viralité et art contemporain. L’occasion de présenter les travaux d’Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
Y A DU VIRUS DANS L’ART
La Gaîté lyrique accueille mardi un événement qui explore les liens entre biologie, pouvoir et technologie.
En avril, les virus refaisaient la une avec Flash-back, un programme malveillant dont l’originalité est d’infecter les ordinateurs Mac, censés être immunisés contre ce fléau. De flashback, il sera aussi question à V1RUS, événement proposé par Upgrade ! Paris autour du virus, tant biologique qu’informatique, mardi, à la Gaîté lyrique.Entité biologique singulière, qui se réplique en utilisant les ressources de la cellule qu’elle parasite, le virus a progressivement glissé, par analogie, dans le champ informatique au milieu des années 80, au moment où les ordinateurs personnels infiltraient la sphère privée. Officiellement, c’est en 1983 que le chercheur Fred Cohen présente son premier virus fonctionnel, soit l’année même où est isolé le VIH. Le virus informatique désigne un code malicieux capable d’infiltrer un logiciel, de se reproduire de manière autonome et de se propager à d’autres ordinateurs dont il perturbe le fonctionnement. Jusqu’en 1988, observe le sociologue Antonio Casilli, c’est plutôt la terminologie militaire qui avait cours (attaque, exploiter une vulnérabilité), mais, écrit-il, «alors que l’attention des médias sur la pandémie du sida atteignait son point culminant, la presse mainstream a commencé à adapter les métaphores de la virulence et du comportement à risque à l’informatique personnelle», soulignant une superposition dans l’imaginaire entre la pathologie du corps et le dysfonctionnement de l’ordinateur : «La panique qui entourait l’idée de connexion entre les ordinateurs finit par refléter la peur qui entoure le contact physique.»
A rebours du discours ambiant de l’époque qui prônait la tolérance zéro et l’exclusion afin d’empêcher toute contamination, les activistes et penseurs progressistes comme Donna Haraway, auteure du Manifeste cyborg, suggéraient plutôt de vivre avec. Et d’envisager son devenir mutant. Nathalie Magnan, théoricienne des médias et activiste féministe, retracera, lors de la conférence, cette histoire parallèle et la manière dont les Net artistes se sont emparés de cette forme au potentiel fascinant, du premier virus artistique lâché à la Biennale de Venise par 0100101110101101.org et Epidemic, qui proliféra non pas tant dans les ordinateurs que dans les médias, au concept de «virus culturel» systématisé par les agitateurs d’Etoy, en passant par les premières œuvres de Jodi qui semaient le chaos sur l’écran, faisant croire à l’utilisateur qu’un programme indésirable avait détraqué sa machine.
Le virus, potentiellement destructeur, est aussi un médium de transmission redoutable. Ce qui n’a pas échappé aux spécialistes du marketing, qui ont récupéré la dissémination virale à des fins publicitaires. Le virus comme véhicule artistique et hacktiviste fera l’objet, dès 17 heures, d’un atelier «programmer un virus», organisé par /dev/art qui en dressera un bestiaire. «Le virus classique, incapacitant et destructeur, est aujourd’hui supplanté par les botnets, qui cherchent à contaminer le poste sans se faire repérer pour collecter un maximum d’informations», analysent les organisateurs, qui établissent un parallèle entre le mode opératoire des virus et celui des Anonymous. Le virus sert de porte d’entrée à la conférence, qui creusera plus largement les liens entre biologie et technique, à l’heure où l’organisme est réduit à un «code» génétique à déchiffrer, en information à traiter, en ADN à programmer. L’anthropologue et généticien Michel Tibon-Cornillot soulèvera les enjeux de la mécanisation du vivant et du contrôle accru des corps, avant une table ronde autour de l’art et des biotechnologies avec Jens Hauser, Emmanuel Ferrand et Maria Ptqk.
MARIE LECHNER
"A Internet aumenta o capital social" : interview (Brésil, 14 janv. 2012)
Sur le site Web de l’Institut Humanitas de la Universidade do Vale do Rio dos Sinos (Brésil), une traduction de l’interview d’Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), parue sur le quotidien italien La Repubblica le 10 janvier 2012. Initialement réalisée par Fabio Gambaro, l’interview a été traduite en portugais par Moisés Sbardelotto.

“A Internet aumenta o capital social”. Entrevista com Antonio Casilli
“O espaço virtual é uma teoria nascida da literatura. Ao contrário, vivemos em uma realidade mista”. “As revoluções não são feitas pelo Twitter e pelo Facebook, mas sim pelas pessoas que vão às ruas”. O estudioso Antonio Casilli publicou um livro na França em que desmente muitos dos clichês sobre o universo do computador.
A reportagem é de Fabio Gambaro, publicada no jornal La Repubblica, 10-01-2012. A tradução é de Moisés Sbardelotto.
Transformando a nossa percepção do espaço, do corpo e das relações sociais, o universo das novas tecnologias digitais nos obriga a refletir criticamente sobre a natureza profunda da realidade em que vivemos. Uma reflexão à qual Antonio Casilli se dedica proficuamente, sendo especialista em culturas digitais e que, há vários anos, se mudou para a França, onde as suas análises sobre as novas formas de socialidade das redes são muito apreciadas e discutidas.
Em seu último livro, Les liaisons numériques (Ed. Seuil, 331 páginas), o estudioso critica radicalmente os falsos mitos que acompanharam o desenvolvimento das novas tecnologias, começando pelas ameaças do espaço virtual: “A teoria da desmaterialização da realidade produzida pelas novas tecnologias digitais é uma teoria filha da literatura dos anos 1980”, explica Casilli, que, depois de trabalhar na École des Haute Etudes en Sciences Sociales, leciona hoje no Telecom Paris Tech.
“Mais do que na dicotomia entre espaço real e espaço virtual, nós todos vivemos hoje em uma realidade mista, que poderíamos definir como uma realidade aumentada, em que o real é aumentado, amplificado, transformado pelo virtual. A nossa vida diária se desenvolve em uma contínua sobreposição de espaços reais e espaços cognitivos digitais. Por exemplo, enquanto estamos em um carro ou em um trem, nos movemos fisicamente no espaço, mas, ao mesmo tempo, graças aos smartphones, nos movemos também em outra dimensão virtual”.
Eis a entrevista.
A nossa relação com o espaço fica alterada?
O espaço se torna híbrido, e nós o percebemos como tal, reconfigurando-o continuamente. Exemplo disso é a separação entre espaço privado e espaço público, que está em contínuo movimento. Antes da Internet, a fronteira era bastante definida. Mas agora as mídias sociais permitem que se projete o espaço privado na rede, ou seja, em um contexto público. O Facebook ou o Twitter põem constantemente em discussão as nossas categorias de privado, que certamente não se dissolve, mas se reconfigura.
A privacidade não é mais a de antigamente?
Hoje, a privacidade não é mais “o direito de ficar sozinhos”, como dizia Louis Brandeis. A definição da privacidade é móvel e deve ser continuamente renegociada de acordo com as pessoas e as situações. O Twitter nos obriga a nos interrogar continuamente sobre a fronteira entre público e privado. Essa ginástica mental é muito cansativa. Para reaprender como adultos o que compartilhar e que não, gastam-se muitas energias e correm-se risco que depois devem ser pagos. No fundo, todos nós, hoje, estamos fazendo um aprendizado coletivo das novas mídias sociais. E, naturalmente, não é fácil encontrar a medida certa.
Nessa evolução, o corpo se torna uma interface entre nós e o mundo digital…
O espaço digital convida o corpo a entrar em cena na realidade virtual. Mesmo os blogs são uma maneira de entrar em cena, confrontando-se com os outros, o que sempre implica uma redefinição da percepção do nosso corpo com a escolta da imagem reenviada pelos outros. Nas mídias sociais, os outros intervém para validar a representação de nós mesmos. Assim, o corpo, que era um projeto de si, torna-se projeto de nós, para usar a terminologia de Michel Foucault. Naturalmente, se essa é uma oportunidade que permite enriquecer constantemente a nossa personalidade, também é verdade que tal situação pode produzir uma crise de identidade.
Com respeito às relações entre corpo e mundo digital, há quem advirta contra os riscos cognitivos da nossa dependência às novas tecnologias. O que você acha?
A informática é um prolongamento das mnemotécnicas do passado, que, naturalmente, não estavam voltadas a esvaziar o nosso cérebro, mas sim a torná-lo mais eficaz. Portanto, os computadores devem ser considerados como uma extensão da memória, e não como uma ameaça às capacidades cognitivas. O universo da informática é, para nós, uma espécie de prolongamento cognitivo, além de social, que nos permite um maior número de relações. A agenda do celular ou a lista de amigos no Facebook amplia o círculo dos conhecidos com quem mantemos contato.
Mas a Internet muitas vezes é acusada de dessocializar os indivíduos…
É um falso mito. Na realidade, a Internet produz novas formas de socialidade que nos permitem modular melhor o equilíbrio entre laços fortes e laços fracos, ou seja, aqueles laços potenciais que solicitamos de modo descontínuo. No Facebook, se, no início, prevalecem os contatos com as pessoas que são mais importante para nós, em seguida, tornando-nos amigos de amigos, ampliamos o círculo dos laços fracos, fazendo-os durar no tempo. No fim, a proporção entre laços fortes e fracos é muito diferente da que está presente na vida real.
Consequentemente, as mídias sociais oferecem uma socialidade mais rica, que nos permite entrar em contato com ambientes que, anteriormente, estavam fechados para nós. Antes da Internet, vivíamos em uma sociedade de pequenas caixas – a família, o país, o trabalho etc. – dentro da qual estávamos unidos aos outros por fortes laços. Com a Internet, essas caixinhas continuam existindo, mas, além delas, dispomos de passarelas para muitas outras caixas, isto é, para outras realidades sociais, com as quais talvez conservamos apenas laços fracos. Enfim, encontramo-nos no centro de redes glocais, no sentido de que são globais e locais ao mesmo tempo.
O que muda para o indivíduo?
As vantagens são múltiplas, sobretudo em termos de capital social, isto é, o conjunto dos recursos sociais que cada indivíduo tem à disposição para se realizar no plano pessoal, profissional, social, cultural etc. As mídias sociais nos permitem incrementar e modular melhor o capital social. Os amigos em rede são um recurso social.
Isso nos obriga a repensar o conceito de amizade?
Na verdade, durante séculos, privilegiamos a definição humanista da amizade. Baseando-nos em Cícero, Sêneca ou Montaigne, pensamos a amizade como um laço desinteressado, privado e caracterizado por uma cooperação forte. Em rede, à amizade tradicional que ainda continua existindo, sobrepõe-se um outro tipo de vínculo que também pode ser utilitarista. Esse laço, além de ser público e ficar gravado em um banco de dados, pode dar lugar a uma cooperação não simétrica. Na amizade clássica, a relação sempre é recíproca, não podemos ser amigos de alguém que não é nosso amigo. No Twitter, podemos seguir alguém que não nos segue.
Modificando as relações entre as pessoas, a Internet transforma também as modalidades da ação política?
Os mais otimistas enfatizam as virtudes democráticas da rede, lembrando, por exemplo, que a primavera árabe seria o típico prolongamento desse espírito democrático. Mas eu penso que a Internet é sobretudo um estilo político, que pode ser adotado por realidades ideológicas muito diferentes. Vemos isso nos EUA, onde o tanto o Tea Party quanto o Occupy Wall Street exploram a fundo as mídias sociais, dando lugar a uma organização horizontal sem hierarquia e de geometria variável. Essa estrutura pode ser muito eficaz, mas não devemos criar muitas ilusões. As revoluções não são feitas pelo Twitter ou pelo Facebook. São feitas sempre pelas pessoas reais que saem às ruas. As mídias sociais podem só coordenar, trocar e ampliar as recaídas do real. Mas sem jamais substituí-las.
"Relazioni digitali" : Antonio Casilli interviewé par La Repubblica (Italie, 10 janv. 2012)
Sur le quotidien La Repubblica, le journaliste Fabio Gambaro interviewe Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). Corps, redéfinition de la vie privée en ligne, apprentissage social des nouveaux usages et engagement politique… ce sont les sujets traités dans cette interview – la première accordée par le sociologue à la presse italienne depuis 2001.
Relazioni digitali
Intervista allo studioso Antonio Casilli, che ha pubblicato in Francia un saggio dove smentisce molti luoghi comuni sull´universo informaticoPARIGI Trasformando la nostra percezione dello spazio, del corpo e delle relazioni sociali, l´universo delle nuove tecnologie digitali ci costringe a riflettere criticamente sulla natura profonda della realtà in cui viviamo. Una riflessione a cui si dedica proficuamente Antonio Casilli, specialista delle culture digitali che da diversi anni si è trasferito in Francia, dove le sue analisi sulle nuove forme di socialità della rete sono molto apprezzate e discusse. Nel suo ultimo saggio, Les liaisons numériques (Seuil, pagg. 331, euro 20), lo studioso critica radicalmente i falsi miti che hanno accompagnato lo sviluppo delle nuove tecnologie, a cominciare da quello relativo alle minacce dello spazio virtuale: «La teoria della smaterializzazione del reale prodotta dalle nuove tecnologie digitali è una teoria figlia della letteratura degli anni Ottanta», spiega Casilli, che dopo aver lavorato all´École des Haute Etudes en Sciences Sociales, oggi insegna a Telecom Paris Tech. «Più che nella dicotomia tra spazio reale e spazio virtuale, noi tutti oggi viviamo in una realtà mista, che potremmo definire una realtà aumentata, dove il reale è aumentato, amplificato, trasformato dal virtuale. La nostra vita quotidiana si svolge in una continua sovrapposizione di spazi reali e spazi cognitivi digitali. Ad esempio, mentre siamo in auto o in treno, ci spostiamo fisicamente nello spazio ma contemporaneamente, grazie agli smartphone, ci muoviamo anche in un’altra dimensione virtuale».
(…)
«Oggi la privacy non è più “il diritto di essere da soli”, come diceva Louis Brandeis. La definizione della privacy è mobile e va rinegoziata di continuo a seconda delle persone e delle situazioni. Twitter ci obbliga a interrogarci continuamente sul confine tra pubblico e privato. Questa ginnastica mentale è molto faticosa. Per reimparare da adulti cosa condividere e cosa no, si spendono molte energie e si rischiano errori che poi si pagano. In fondo, tutti noi oggi stiamo facendo un apprendistato collettivo dei nuovi media sociali. E naturalmente non è facile trovare la giusta misura».In questa evoluzione il corpo diventa un´interfaccia tra noi e il mondo digitale…
«Lo spazio digitale invita il corpo a mettersi in scena nella realtà virtuale. Anche i blog sono una maniera di mettersi in scena, confrontandosi con gli altri, il che implica sempre una ridefinizione della percezione del nostro corpo sulla scorta dell´immagine rinviata dagli altri. Nei media sociali gli altri intervengono a convalidare la rappresentazione di noi stessi. Così, il corpo, che era progetto di sé, diventa progetto di noi, per usare la terminologia di Michel Foucault. Naturalmente, se questa è un´opportunità che consente di arricchire costantemente la nostra personalità, è anche vero che tale situazione può produrre una crisi d´identità.»A proposito delle relazioni tra corpo e mondo digitale, c´è chi mette in guardia contro i rischi cognitivi della nostra dipendenza dalle nuove tecnologie. Lei che ne pensa?
«L´informatica è un prolungamento delle mnemotecniche del passato, le quali naturalmente non erano votate a svuotare il nostro cervello ma a renderlo più efficace. I computer vanno quindi considerati come un´estensione della memoria e non come una minaccia per le capacità cognitive. L´universo informatico è per noi una sorta di prolunga cognitiva, nonché sociale che ci consente un maggior numero di relazioni. L´agenda del telefonino o la lista di amici su Facebook ampliano la cerchia delle conoscenze con cui restiamo in contatto».Internet però è spesso accusato di desocializzare gli individui…
«È un falso mito. In realtà Internet produce nuove forme di socialità che ci consentono di modulare meglio l´equilibrio tra legami forti e legami deboli, vale a dire quei legami potenziali che sollecitiamo in modo discontinuo. Su Facebook, se all´inizio prevalgono i contatti con le persone che per noi sono più importanti, in seguito, diventando amici di amici, allarghiamo la cerchia dei legami deboli, facendoli durare nel tempo. Alla fine, la proporzione tra legami forti e deboli è molto diversa da quella presente nella vita reale. Di conseguenza, i media sociali offrono una socialità più ricca, che ci consente di entrare in contatto con ambienti che in precedenza ci erano preclusi. Prima di Internet vivevamo in una società di piccole scatole – la famiglia, il paese, il lavoro, ecc. – al cui interno eravamo uniti agli altri da legami forti. Con Internet, queste piccole scatole continuano ad esistere, ma inoltre disponiamo di passerelle verso molte altre scatole, vale a dire altre realtà sociali, con le quali magari conserviamo solo legami deboli. Insomma, ci troviamo al centro di reti glocali, nel senso che sono globali e locali allo stesso tempo».(…)
Ciò ci obbliga a ripensare la concezione dell´amicizia?
«In effetti, per secoli abbiamo privilegiato la definizione umanistica dell´amicizia. Basandoci su Cicerone, Seneca o Montaigne, abbiamo pensato l´amicizia come un legame disinteressato, privato e caratterizzato da una cooperazione forte. In rete, all´amicizia tradizionale, che comunque continua ad esistere, si sovrappone un altro tipo di legame che può essere anche utilitaristico. Questo legame, oltre ad essere pubblico e registrato in un database, può dar luogo a una cooperazione non simmetrica. Nell´amicizia classica infatti la relazione è sempre reciproca, non si può esser amici di qualcuno che non ci è amico. Su Twitter possiamo seguire qualcuno che non ci segue».Modificando le relazioni tra le persone, Internet trasforma anche le modalità dell´azione politica?
«I più ottimisti sottolineano le virtù democratiche della rete, ricordando ad esempio che la primavera araba sarebbe il tipico prolungamento di questo spirito democratico. Io però penso che Internet sia soprattutto uno stile politico, che può essere adottato da realtà ideologiche molto diverse tra loro. Lo si vede in America, dove sia i Tea Party che Occupy Wall Street sfruttano a fondo i media sociali, dando luogo a un´organizzazione orizzontale senza gerarchia e a geometria variabile. Questa struttura può essere molto efficace, ma non bisogna farsi eccessive illusioni. Le rivoluzioni non le fanno Twitter o Facebook. Le fanno sempre le persone reali scendendo in piazza. I media sociali possono solo coordinare, scambiare e amplificare le ricadute del reale. Ma senza mai sostituirsi ad esso».
Dans Télérama (n. 3233, 21 décembre 2011)
Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), interviewé par Benoît Daragon dans un numéro spécial “Familles” de Télérama.
Sur INA Global (03 oct. 2011)
Sur INA Global, la revue des industries créatives et des médias, Cédric Cousseau propose une synthèse de “Cultures du numérique”, numéro 88 de la revue Communications dirigé par Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
Le numéro anniversaire des 50 ans de la revue Communications et intitulé « Cultures du numérique » dresse un panorama des différentes mutations initiées par le numérique dans notre vie quotidienne. Celles-ci concernent tout aussi bien l’audiovisuel que l’administration, le management, la santé, le marketing, le droit, ou encore le rapport aux autres autant qu’à soi.
Le numérique avec ses innovations régulières, rapides, globales, rythme et induit de nouveaux usages et outils d’organisation. Au-delà de la technique, quelles pratiques et intentions le numérique fait-il apparaître ? L’étude menée par le chercheur Antonio A. Casilli, accompagné d’une vingtaine de spécialistes, propose ainsi une philosophie des nouveaux usages.
Il s’agit tout d’abord d’observer la transition numérique telle qu’elle transforme l’individu. Ce que Julie Denouël aborde en étudiant les « formes de présentation électronique de soi ». La chercheuse à l’Université Montpellier-III a ainsi analysé les pages personnelles d’internautes pour mieux éclaircir leur identité sur la Toile.
La présentation électronique de soi est à la fois intrapersonnelle, en ce qu’elle est propice au récit de soi (…) ; interpersonnelle, parce qu’elle permet d’intégrer des liens vers d’autres pages ; et dynamique puisqu’elle peut être enrichie et réactualisée à l’envie.
Le pseudonyme, l’avatar et la possibilité de multiplier les profils permettent tour à tour de se dévoiler intimement, de se travestir, de se dissimuler. Mais l’intérêt recherché est-il uniquement individualiste ? Rien n’est moins sûr, selon l’universitaire pour qui, « centrés sur soi, les éléments identitaires mis en ligne n’en demeurent pas moins orientés vers autrui, dont on attend une réaction, voire une évaluation (même dépréciative), en retour. »Si l’on peut aujourd’hui partager sans limite ses émotions, son expérience, son activité en temps réel mais aussi se construire un personnage, il existe également un processus de validation. Dans Les liaisons numériques (Seuil, 2010), Antonio A. Casilli estime ainsi qu’une personne encourt le risque de se faire écarter de la communauté si le manque de sincérité vient à briser la confiance de ceux à qui l’on s’adresse.
C’est tout naturellement que Dominique Cardon poursuit la réflexion sur les réseaux sociaux. Membre de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) et chercheur à Orange Labs, il insiste sur l’existence d’un double mouvement : « Un processus de subjectivation qui conduit les personnes à extérioriser leur identité dans des signes qui témoignent moins d’un statut incorporé et acquis que d’une capacité à faire (écrire, photographier, créer…) ; et un processus de simulation qui les conduit à endosser une diversité de rôles exprimant des facettes multiples de leur personnalité ».
L’objectif serait ainsi de marquer sa singularité et son originalité pour être remarqué des autres. Il bat ainsi en brèche l’idée selon laquelle les réseaux sociaux n’auraient qu’un caractère narcissique. Dominique Cardon préfère parler « d’exploration curieuse du monde ».
Il rejoint en ce sens la pensée de François de Singly (Les uns vers les autres. Quand l’individualisme crée du lien, Armand Colin, 2003) et l’analyse d’Olivier Donnat (Les Pratiques culturelles des Français à l’ère numérique, La Découverte, 2008) pour qui Internet n’a pas replié les individus sur eux-mêmes mais a au contraire enrichi leur sociabilité et renforcé des liens qui se seraient sinon distendus.
Les nouvelles formes de sociabilité ont également investi les domaines de la production et de la consommation. Ceux-ci tendent d’ailleurs à se confondre et les deux termes s’amalgament en « prosumer », titre de l’article de Valérie Beaudouin, chercheuse à Paris Tech. Elle prend ainsi en exemple le cas du logiciel libre, « innovation horizontale » car mise au point par les utilisateurs.
Dans M – Le Magazine de Le Monde (24 sept. 2011)
Dans M, le Magazine de Le Monde la journaliste Stéphanie Chayet interroge Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), ainsi qu’André Gunthert, Dominique Cardon et Nicole Ellison sur la relation ambigue que l’on entretien avec Facebook, devenu désormais incontournable tout en ayant perdu son aura de “réseau miracle” des années 2000. D’où la provocation d’Antonio Casilli : Facebook est devenu comme le McDonald’s du Web !
Dans le blog Agora (Brésil, 13 sept. 2011)
Le blog brésilien Ágora com dazibao no meio publie la traduction en portugais d’une interview avec le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). L’interview, initialement réalisée par Hubert Guillaud, avait été initialement publié dans le blog Internetactu de Le Monde.
Vivemos em um ambiente mediado por máquinas de comunicação que alteram a forma da relação social. Agora, em seminários científicos, informações são trocadas não apenas por meio de comunicações “oficiais”, mas também através da Internet (aquilo que chamamos de backchanneling, como explica Danah Boyd – NDE), permitindo recriar formas de autenticidade comunicacional capazes de cruzar por túneis sob a nossa realidade. Trocamos e-mails, mensagens de texto, mensagens instantâneas ou tweets com impacto emocional, em tempo real, que podem ser mais importantes do que as formas mais civilizadas de comunicação real.
Essas tecnologias nos ajudam a gerenciar melhor nosso “posicionamento social”. Existe um desejo no uso dessas tecnologias que vai nessa direção, a de fazer com que nosso posicionamento primário se beneficie de uma posição de escolha.
O que está em jogo é a questão da homofilia [amizade]. Em sociologia, homofilia refere-se a um discurso determinista que diz que tendemos a associar-nos a pessoas com quem partilhamos formas de complementaridade relacionadas à linguagem, ao gênero, ao nível cultural ou à etnia… No estudo da amizade como processo social, durante muito tempo pensou-se que a amizade entre as pessoas se dava em função do gênero, de compartilhar o mesmo ambiente geográfico, social etc. Mas com a Internet conseguimos criar áreas de maior controle a respeito desse posicionamento.
Meus estudos em sociologia informática baseiam-se fortemente na análise da homofilia, visando compreender se estas características comuns influenciam na criação de laços em redes sociais como o Facebook, com o objetivo de compreender o que ocorre quando falamos de posicionamento social, de estrutura social. Inclusive criei um modelo multiagente capaz de agrupar redes de laços de amizade. O que importa observar é como se chega, independente do parâmetro usado, sempre ao mesmo resultado: o modelo mostra que a homofilia não faz parte do jogo. Ou em todo caso, seu papel é bem menor do que o das características culturais, das experiências ou dos gostos exibidos publicamente, como expliquei em uma pesquisa recente que fiz com Paola Tubaro (.pdf).