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[Podcast] Comme un bruit qui court… sur le micro-travail (France Inter, 23 mars 2019)

Sur FranceInter, un reportage de Giv Anquetil qui fait la part belle à l’ouvrage En attendant les robots, enquête sur le travail du clic, (éditions Seuil, 2019) et au projet DiPLab.

Travailleurs du clic, les soutiers du clavier

Après le travail précarisé, bienvenue dans le micro-travail ! De plus en plus de plateformes proposent à des êtres humains de travailler pour des intelligences artificielles : des micro tâches de quelques minutes derrière son clavier pour quelques centimes.

Sans contrat de travail ni fiche de paie, vous serez payés à la tâche, à cliquer sur toutes sortes de choses sans savoir trop pourquoi. Les temps modernes, version 2019 où il faut, non pas serrer des boulons mais identifier des objets, traduire, cliquer, trier, classer, retrouver des adresses du fin fond du Nevada depuis son canapé contre une poignée de centimes. 

Tâche à exécuter pour une plateforme de micro travail.
Tâche à exécuter pour une plateforme de micro travail. © Radio France / Giv Anquetil

Antonio Casilli, sociologue et auteur du livre En attendant les robots, enquête sur le travail du clic (éditions Seuil, 2019) évalue à 250 000 le nombre de français qui se rabattent sur ces micro-boulots, souvent comme revenu d’appoint. 

Et, dans le monde, ils sont 100 millions de micro travailleurs à cliquer au doigt et à l’œil pour la machine : les forçats du clavier, stakhanovistes du clic ou tâcherons du web.

La BnF, Guy Debord et le spectacle schizophrène du droit d'auteur

[Mise à jour du 01 avril 2013 10h29. Ce billet a été republié sur le Huffingtonpost et traduit en anglais sur le site Web Notbored.org. Parmi les blogs ayant repris l’information, je signale celui d’Olivier Ertzscheid (Affordanceinfo) et celui d’Olivier Beuvelet (Mediapart). A lire aussi, le blog de la section FSU de la BnFà propos du “rayonnement en interne” de mon texte…]

Il y a quelques jours je me suis rendu – avec une petite délégation de France Culture – à la Bibliothèque Nationale de France pour visiter l’exposition Guy Debord : Un art de la Guerre. L’ouverture officielle n’étant que le 27 mars 2013, l’idée était de jeter un œil à cette collection en cours de montage de notes, photos, films et textes du père du Situationnisme, afin de préparer cette émission de La Grande Table avec Caroline Broué consacrée à l’héritage de Guy Debord.

Seul hic : nous avons été accueillis par des responsables de la communication externe de la BnF, qui n’ont visiblement pas apprécié mon initiative de prendre quelques photos pour les publier éventuellement sur mon fil Twitter et sur mon blog. Peur du (mauvais) buzz ? Difficulté à saisir les logiques des médias numériques ? Pas du tout : la raison invoqué est – un roulement de tambour, s’il vous plait ! – le droit d’auteur. Ma requête s’est donc heurtée à un refus catégorique une première fois en face-à-face, ensuite par téléphone. Le reste de la dispute s’est déroulé par mail 48 heures durant.

L’essentiel de nos échanges, dont je ne reproduis pas ici le verbatim pour d’évidentes raisons de respect de mes interlocuteurs, mérite d’être consigné dans ce blog. Il nous aide à comprendre le fonctionnement d’une grande institution étatique comme la BnF à l’heure des enclosures des biens communs de la connaissance, et jette une lumière crue sur sa schizophrénie manifeste à l’égard de la question du droit d’auteur : sur-protégé quand il s’agit de ses œuvres ; dédaigné quand il s’agit de celles des autres.

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