social capital

Parution de "Cultures du numérique" (Ed. du Seuil)

Le voilà entre mes main : le premier exemplaire de « Cultures du numérique » que j’ai dirigé et dont j’ai le plaisir de vous annoncer la parution aux Editions du Seuil.

Il s’agit du numéro 88 de la revue Communications, un numéro spécial qui marque le cinquante ans de cette glorieuse publication fondée en 1961 par Roland Barthes et Edgar Morin. Nous en sommes tous très fiers, et à juste titre. Ce numéro est appelé à devenir un ouvrage de référence pour les étudiants et les chercheurs qui – en nombre croissant – s’intéressent au Web et à ses conséquences sociétales, culturelles, politiques.

« Cultures du numérique » propose un panorama des études francophones sur les usages des technologies de l’information et de la communication. Vingt-trois chercheurs, venant des domaines les plus disparates, ont participé : psychologues, philosophes, médecins, économistes, sociologues, experts de digital humanities et de sciences de la communication.

Voilà la table des matières complète, (more…)

Friendship changes, but 'friending' stays the same across cultures

Following in Judith Donath and dana boyd’s researches on online friendship and drawing on social network analysis of tie formation, this Hui-Jung Chang article sets up to detect cross-cultural variations in ‘friending’ between a US-based service (Myspace) and a Taiwan one (Wretch).

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Hui-Jung Chang (2010). Social networking friendships: A cross-cultural comparison of network structure between MySpace and Wretch Journal of Cultural Science, 3 (2).

Understandably, Taiwanese and US cultures have different approaches to friendship. The author characterizes Taiwan as a more collectivistic culture where explicit messages and content exchange are less important that  the context (all the information either coded in the physical setting or internalized in the person) for establishing who’s your friend. US, on the other side, is defined as a “low-context”, individualistic culture [note: pictures are just random. Neither peace sign nor thumbs up in photos appear to bear any significant effect on friendship formation]. Consequently, Hui-Jung Chang formulates the hypothesis that Taiwanese offline friends networks are larger and denser. Does the same apply to online networks?

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Bums, bridges, and primates: Some elements for a sociology of online interactions

This text was presented at the conference “Web Culture: New Modes of Knowledge, New Sociabilities”, Villa Gillet, Lyon (France), February 10th, 2011. Check against delivery. Click here for the .pdf version. Click here for the French translation.

In today’s presentation I will focus on the kind of social structures that users of computer-mediated global online communication networks (notably, the Web and social media) contribute to put in place. The point I will try to make is that science understanding of Web-based sociabilities has progressed enormously in the last decade, and that this should inform public policies touching on the Web, its regulation and governance.

WHERE HAVE ALL THE COMPUTER BUMS GONE?

Early glimpses into the social implications of ICT at a micro-level (that is: for the users themselves) date back to the mid-1970s and focus on the negative effect of these technologies. At the very origins of computer culture, we witness the emergence of the stereotype of the socially awkward computer hacker, isolated by the calculating machine which alienates him and keeps him apart from his peers. This characterization dates back to a time before the Web. In his Computer Power and Human Reason : From Judgement to Calculation (1976) Joseph Weizenbaum delivers us the portrayal of this subculture of compulsive computer programmer – or, as he liked to dub them, “computer bums”.

These are “possessed students” who “work until they nearly drop, twenty, thirty hours at a time.  Their food, if they arrange it, is brought to them: coffee, Cokes, sandwiches.  If possible, they sleep on cots near the computer. […] Their rumpled clothes, their unwashed and unshaven faces, and their uncombed hair all testify that they are oblivious to their bodies and to the world in which they move.  They exist, at least when so engaged, only through and for the computers.”

Since this first occurrence, and for a long time, common sense has almost unmistakably associated computer use and social isolation. Cultural analysts, novelists, commentators have been developing on this trope. Iconic cyberpunk author William Gibson, famously described Case, the main character of Neuromancer (1984), as a cyberspace-addict incapable of functioning in an offline social situation.

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Le corps dans les réseaux sociaux : technologie du soi, technologie du nous (slides)

La cinquième séance de mon séminaire EHESS Corps et TIC : approches socio-anthropologiques des usages numériques a eu lieu le vendredi 11 févr. 2011. Le sujet traité : le corps dans les réseaux sociaux en ligne, comment les amis sur Facebook influencent l’apparence physique des utilisateurs, comment le choix de la photo d’un profil peut avoir un impact sur le capital social en ligne. Voici, comme d’habitude, les slides.

La prochaine (et dernière séance) est prévue pour jeudi 24 février 2011 (17h, salle 5, 105 Bd Raspail). Il y sera question de jouissance et sexe en ligne. Pour s’inscrire, il suffit de m’envoyer un petit mail gentil.

Sociologie en boîte vs. analyse des réseaux sociaux

Mon article “‘Petites boîtes’ et individualisme en réseau. Les usages socialisants du Web en débat” – que vous pouvez télécharger ici en version PDF – vient d’être publié dans les Annales des Mines, série Réalités Industrielles, dans un numéro spécial Web d’aujourd’hui, Webs de demain (novembre 2010). L’article est un état des lieux du débat sur la socialisation (ou le manque de socialisation) des internautes. En montrant les différentes approches adoptées, et en passant en revue les résultats des études menées notamment par Robert Kraut et par Barry Wellman dans les années 1990-2000, le texte montre comment le débat scientifique a accompagné et expliqué la transition vers le Web social.

Des analyses encore fortement centrées sur les risques de rupture du lien social générés par les TIC ont cédé la place à une perspective emphatisant les potentialités de mise en relation des usagers (…) Sans empêcher les liens d’affinité traditionnels, ce modèle de sociabilité en ligne permet potentiellement d’activer davantage de liens qui apparemment sont les plus faibles. Dans ce contexte, une socialité forte n’est pas déterminée par le niveau de conformité des individus à leur environnement proche, ni par le nombre total de leurs amis. Il s’agit de faire coexister la cohésion sociale au niveau de petits groupes (bonding) et la création de passerelles entre ces mêmes groupes. Cette logique de communication entre composantes éloignées, que l’on désigne par l’expression « jeter un pont » (bridging), serait le propre du Web contemporain. Grâce aux effets de petit monde et aux propriétés de transitivité des réseaux numériques, la société façonnée par Internet, loin d’éclater, se resserre. (…) C’est une envie de cohésion qui anime les internautes, une envie de resserrement de leurs rapports sociaux. C’est aussi une envie de maîtriser et de façonner leur environnement social, tout en respectant certaines contraintes qui leur viennent de la vie hors-ligne. Cela nous conduit à ne pas sous-estimer l’effet spécifique des divers moyens technologiques mobilisés pour assouvir ces envies de sociabilité. En effet, les usages informatiques ne sont pas neutres : dans une réalité façonnée par les TIC, les affinités entre les individus (ou leurs rivalités) ne s’expriment pas de la même façon que dans le monde décrit par les sociologues du 19e siècle. Les analyses récentes sur l’impact du Web se sont heurtées à la nécessité de contextualiser la prétendue désocialisation des internautes au jour des divers cadres d’usage.

Petite précision : Les Annales ont été créées en 1794, ce  qui en fait officiellement la revue la plus ancienne dans laquelle j’ai jamais publié 😉

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Antonio A. Casilli (2010) “‘Petites boîtes’ et individualisme en réseau. Les usages socialisants du Web en débat”, Annales des Mines (série “Réalités Industrielles”), 216 (4), 54-59

Friendship on Facebook: an ethno-computational approach (Sunbelt XXX presentation)

Very happy to put online our powerpoint presentation – just delivered at Sunbelt international conference, world’s biggest conference on social network analysis. Thank you to Ilan Talmud (who chaired our session),  to the colleagues, to FB “friends” and to tweeps attending. Great feedback from the room, from Twitter, and even had Barry Wellman blowing a kiss when I mentioned his “little boxes”…

Sunbelt Conference: Lake, sun and social network analysis, baby!

Just a quick post to tell you I’m heading to Riva del Garda (Italy). Lake, sun and social network analysis, baby!

For those of you who habe been living in a box for the last thirty years, Sunbelt is the official conference of the International Network for Social Network Analysis (INSNA), of which I am a proud member. Click here for more info and stay tuned for Yours Truly’s presentation.

Cheers,

—a

Autonomie et coopération dans les communautés pro-ana en ligne

Lundi dernier, 14 juin 2010, j’ai eu le plaisir d’intervenir à l’Institut Télécom ParisTech, suite à une invitation de Jérôme Denis (une vieille connaissance des lecteurs de Bodyspacesociety, qui se rappelleront de son billet co-écrit avec David Pontille à l’occasion des Vases Communicants du mois d’avril).

J’ai donc présenté l’enquête sur les communautés pro-ana que je coordonne dans le cadre du projet ANR ANAMIA, et j’ai aussi pu profiter des échanges avec les collègues présents dans la salle (tout comme avec ceux qui nous suivaient sur Twitter) autour des questionnements sociologiques soulevés par les communautés qui revendiquent le droit d’avoir des troubles des conduites alimentaires. Je remercie alors Jérôme et les autres chercheurs – tout particulièrement Valérie Beaudouin et Nicolas Auray – pour leurs précieux commentaires.

—a

Entre "effets de petit monde" et émiettement communautaire: la légitimation culturelle à l'heure de Facebook

par Antonio A. CASILLI (Centre Edgar-Morin, EHESS) [1]

Le texte qui suit a été présenté aux Journées d’études Les réseaux sociaux: Quoi de neuf ?, qui ont eu lieu à l’université de Toulouse II-Le Mirail, 16-17 mars 2010, dans le cadre des activités du Réseau Thématique 26 de l’Association Française de Sociologie.

La communication (ici en version .pdf), co-signée avec Paola Tubaro (Université de Greenwich, R-U), porte sur le rôle de la légitimation des descriptions physiques et culturelles (apparence, goûts, styles, préférences) dans les interactions assistées par ordinateur au sein d’un site généraliste de networking social. En employant une méthodologie mixte empirique et computationnelle, un modèle multi-agents est construit à partir d’une observation participante menée dans le réseau Facebook. Les résultats préliminaires montrent comment différentes configurations de trois éléments (présentation de soi, options de protection de la vie privée et partage de contenus) affectent inégalement les modalités de légitimation réciproque de la présence et – finalement – concourent à la formation de réseaux d’« amitié » en ligne aux configurations multiples.

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The sociology of Chatroulette

by Antonio A. Casilli (Centre Edgar-Morin, EHESS) [1]

By now, you might have heard of Chatroulette, if you are hip and tech-savvy if those two things at the sides of your face are your ears. By the way, I hope you did not click on the link. It’s not safe for work. And by that I mean you will be sucked into a world of sheer immorality which will challenge all your values and potentially wreck civilisation. Or (but this is simply my own guess) it will lead you to yet another overhyped internet chat service designed to put you in touch via webcam with random strangers.

Of course, "random" may be synonymous with "dressed like an idiot".

A few facts

So, bottom line, Chatroulette goes something like: you log in, you bump into someone, you evaluate, you click on “next”. Basically, each time you connect you have to ask yourself “Do I like this person?”. If you do, just go on chatting. If you don’t, just “next”  him/her and the service puts you in contact with someone else, anybody else. It might be a teenage boy making faces, or a beautiful girl with a generous cleavage, or an old pervert doing whatever it is that perverts do on-screen. (more…)