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La BnF, Guy Debord et le spectacle schizophrène du droit d'auteur

[Mise à jour du 01 avril 2013 10h29. Ce billet a été republié sur le Huffingtonpost et traduit en anglais sur le site Web Notbored.org. Parmi les blogs ayant repris l’information, je signale celui d’Olivier Ertzscheid (Affordanceinfo) et celui d’Olivier Beuvelet (Mediapart). A lire aussi, le blog de la section FSU de la BnFà propos du “rayonnement en interne” de mon texte…]

Il y a quelques jours je me suis rendu – avec une petite délégation de France Culture – à la Bibliothèque Nationale de France pour visiter l’exposition Guy Debord : Un art de la Guerre. L’ouverture officielle n’étant que le 27 mars 2013, l’idée était de jeter un œil à cette collection en cours de montage de notes, photos, films et textes du père du Situationnisme, afin de préparer cette émission de La Grande Table avec Caroline Broué consacrée à l’héritage de Guy Debord.

Seul hic : nous avons été accueillis par des responsables de la communication externe de la BnF, qui n’ont visiblement pas apprécié mon initiative de prendre quelques photos pour les publier éventuellement sur mon fil Twitter et sur mon blog. Peur du (mauvais) buzz ? Difficulté à saisir les logiques des médias numériques ? Pas du tout : la raison invoqué est – un roulement de tambour, s’il vous plait ! – le droit d’auteur. Ma requête s’est donc heurtée à un refus catégorique une première fois en face-à-face, ensuite par téléphone. Le reste de la dispute s’est déroulé par mail 48 heures durant.

L’essentiel de nos échanges, dont je ne reproduis pas ici le verbatim pour d’évidentes raisons de respect de mes interlocuteurs, mérite d’être consigné dans ce blog. Il nous aide à comprendre le fonctionnement d’une grande institution étatique comme la BnF à l’heure des enclosures des biens communs de la connaissance, et jette une lumière crue sur sa schizophrénie manifeste à l’égard de la question du droit d’auteur : sur-protégé quand il s’agit de ses œuvres ; dédaigné quand il s’agit de celles des autres.

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Summer readings, cultural revolutions, destructive designs

My interest in the topic of the Chinese Cultural Revolution was jump-started by Tsinghua sociologist Guo Yuhua. In the summer of 2008, in the aftermath of a month-long fieldwork conducted in Beijing and Shanghai, I came back to Paris to attend the conference La Chine et l’internationalisation de la sociologie. There, Guo Yuhua delivered a presentation about political rituals in rural China, emphasizing the role of “movements” as being instrumental in creating a certain form of emerging governance in remote provinces. By movements, Chinese authorities traditionally mean loosely-designed public campaigns promoting ever-changing (and often contradictory) policies: movements to “save the country through physical fitness”, movements to “chase away sparrows”, movements to “voice dissent”, movements to “repress dissent”, movements to “kill and bury stray dogs”, and so on. Something like western democracies national plans, but less clear as to scope, budget and timing, and more bottom-up and arbitrary in their application: “is one hour of exercise per day sufficient to stay healthy?”; “on what exactly should I voice my dissent?”; “how many dogs do we have to kill, overall?” All these questions are not answered by Chinese  policymakers. Rather, the answer is supposed to emerge consensually, after a period of collective negotiation sometimes leading to tensions, struggle and social criticism.

The idea that popped in more than one head that day, while listening to Guo Yuhua, was that maybe the long series of disruptive political events that we conventionally call the “Cultural Revolution” should not be regarded as a coherent political masterplan, but as the random combination of some of those campaigns – starting with the “Destruction of the Four Olds” in 1966, peaking with the “Down to the Countryside movement” in the early 1970s, and fading away after the “Criticize Lin Piao, Criticize Confucius” movement in the mid-1970s.

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