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[Séminaire #ecnEHESS] Mark Graham & Karen Gregory “Digital Labor and Global Exploitation” (20 févr. 2017, 17h)

Enseignement ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.

Une séance spéciale, folks ! Dans le cadre de notre séminaire EHESS Etudier les cultures du numérique, nous allons accueillir Karen Gregory (maître de conférences en digital sociology à l’Université d’Édimbourg) et Mark Graham (professeur d’internet geography à l’Université d’Oxford), deux des plus importants jeunes chercheurs européens sur le digital labor, pour une conférence à deux voix.

De manière exceptionnelle, cette séance du séminaire se déroulera en anglais, le lundi 20 février 2017, de 17h à 20h, salle Lombard, EHESS, 96 bd. Raspail, Paris 6e arr.

Pour suivre le séminaire sur Twitter : hashtag #ecnEHESS.

Title: Three Phases of Digital Labor: Locating Exploitation in the Digital Economy

Speaker: Karen Gregory (University of Edinburgh)

Abstract: This lecture functions not only as introduction to the topic of digital labor, but asks to consider the deeply political implications of the digital economy, particularly as it relates to social, civil, and racial justice. The rise of information and communication technologies has both drawn global economies together, as well as given rise to stark inequalities. We can see three distinct “phases” of digital labor, with each phase speaking to new understandings of exploitation, as well as new arrangements of data collection, surveillance, and control.

Title: The Global Gig Economy and Its Implications for Digital Workers

Speaker: Mark Graham (University of Oxford)

Abstract: A global market for digitally-outsourced work now exists. It offers significant benefits and opportunities but also poses significant risks and costs for digital workers around the world. Some of these risks emerge when work is seen as a commodity to be bought and sold, and workers see themselves as individual entrepreneurs. When that is the case, it is rational to exploit co-workers; and many have internalized these visions of individuality, competition and predatory behavior. Instead of seeing digital work as operating in a global, ephemeral, virtual dimension beyond the realm of regulation or worker organization, we can reflect on its real geographies and reveal sites of strength and solidarity for workers.

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Qui a fait élire Trump ? Pas les algorithmes, mais des millions de “tâcherons du clic” sous-payés

Ce billet a été publié par L’Obs / Rue89 le 19 novembre 2016. Une version en anglais est disponible ici.

Le débat sur les responsabilités médiatiques (et technologiques) de la victoire de Trump ne semble pas épuisé. Moi par contre je m’épuise à expliquer que le problème, ce ne sont pas les algorithmes. D’ailleurs, la candidate “algorithmique” c’était Clinton : elle avait hérité de l’approche big data au ciblage des électeurs qui avait fait gagner Obama en 2012, et sa campagne était apparemment régie par un système de traitement de données personnelles surnommé Ada.

Au contraire, le secret de la victoire du Toupet Parlant (s’il y en a un) a été d’avoir tout misé sur l’exploitation de masses de travailleurs du clic, situés pour la plupart à l’autre bout du monde. Si Hillary Clinton a dépensé 450 millions de dollars, Trump a investi un budget relativement plus modeste (la moitié en fait), en sous-payant des sous-traitants recrutés sur des plateformes d’intermédiation de micro-travail.

Une armée de micro-tâcherons dans des pays en voie de développement

Vous avez peut-être lu la news douce-amère d’une ado de Singapour qui a fini par produire les slides des présentation de Trump. Elle a été recrutée via Fiverr, une plateforme où l’on peut acheter des services de secrétariat, graphisme ou informatique, pour quelques dollars. Ses micro-travailleurs résident en plus de 200 pays, mais les tâches les moins bien rémunérées reviennent principalement à de ressortissants de pays de l’Asie du Sud-Est. L’histoire édifiante de cette jeune singapourienne ne doit pas nous distraire de la vraie nouvelle : Trump a externalisé la préparation de plusieurs supports de campagne à des tacherons numériques recrutés via des plateformes de digital labor, et cela de façon récurrente. L’arme secrète de la victoire de ce candidat raciste, misogyne et connu pour mal payer ses salariés s’avère être l’exploitation de travailleuses mineures asiatiques. Surprenant, non ?

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Hrithie, la “tâcheronne numérique” qui a produit les slides de Donal Trump…

Mais certains témoignages de ces micro-travailleurs offshore sont moins édifiants. Vous avez certainement lu l’histoire des “spammeurs de Macédoine”. Trump aurait profité de l’aide opportuniste d’étudiants de milieux modestes d’une petite ville post-industrielle d’un pays ex-socialiste de l’Europe centrale devenus des producteurs de likes et de posts, qui ont généré et partagé les pires messages de haine et de désinformation pour pouvoir profiter d’un vaste marché des clics.

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How Teens In The Balkans Are Duping Trump Supporters With Fake News

A qui la faute ? Au modèle d’affaires de Facebook

A qui la faute ? Aux méchants spammeurs ou bien à leur manditaires ? Selon Business Insider, les responsables de la comm’ de Trump ont directement acheté presque 60% des followers de sa page Facebook. Ces fans et la vaste majorité de ses likes proviennent de fermes à clic situées aux Philippines, en Malaysie, en Inde, en Afrique du Sud, en Indonesie, en Colombie… et au Méxique. (Avant de vous insurger, sachez que ceci est un classique du fonctionnement actuel de Facebook. Si vous n’êtes pas au fait de la façon dont la plateforme de Zuckerberg limite la circulation de vos posts pour ensuite vous pousser à acheter des likes, cette petite vidéo vous l’explique. Prenez 5 minutes pour finaliser votre instruction.)

Bien sûr, le travail dissimulé du clic concerne tout le monde. Facebook, présenté comme un service gratuit, se révèle aussi être un énorme marché de nos contacts et de notre engagement actif dans la vie de notre réseau. Aujourd’hui, Facebook opère une restriction artificielle de la portée organique des posts partagés par les utilisateurs : vous avez 1000 « amis », par exemple, mais moins de 10% lit vos messages hilarants ou regarde vos photos de chatons. Officiellement, Facebook prétend qu’il s’agit ainsi de limiter les spams. Mais en fait, la plateforme invente un nouveau modèle économique visant à faire payer pour une visibilité plus vaste ce que l’usager partage aujourd’hui via le sponsoring. Ce modèle concerne moins les particuliers que les entreprises ou les hommes politiques à la chevelure improbable qui fondent leur stratégies marketing sur ce réseau social : ces derniers ont en effet intérêt à ce que des centaines de milliers de personnes lisent leurs messages, et ils paieront pour obtenir plus de clics. Or ce système repose sur des « fermes à clics », qui exploitent des travailleurs installés dans des pays émergents ou en voie de développement. Cet énorme marché dévoile l’illusion d’une participation volontaire de l’usager, qui est aujourd’hui écrasée par un système de production de clics fondé sur du travail caché—parce que, littéralement, délocalisé à l’autre bout du monde.

Flux de digital labor entre pays du Sud et pays du Nord

Une étude récente de l’Oxford Internet Institute montre l’existence de flux de travail importants entre le sud et le nord de la planète : les pays du Sud deviennent les producteurs de micro-tâches pour les pays du Nord. Aujourd’hui, les plus grands réalisateurs de micro-taches se trouvent aux Philippines, au Pakistan, en Inde, au Népal, à Hong-Kong, en Ukraine et en Russie, et les plus grands acheteurs de leurs clics se situent aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et au Royaume-Uni. Les inégalités classiques Nord/Sud se reproduisent à une échelle planétaire. D’autant qu’il ne s’agit pas d’un phénomène résiduel mais d’un véritable marché du travail : UpWork compte 10 millions d’utilisateurs, Freelancers.com, 18 millions, etc.

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Micro-travailleurs d’Asie, et recruteurs en Europe, Australie et Amérique du Nord sur une plateforme de digital labor.

Nouvel “i-sclavagisme” ? Nouvel impérialisme numérique ? Je me suis efforcé d’expliquer que les nouvelles inégalités planétaires relèvent d’une marginalisation des travailleurs qui les expose à devoir accepter les tâches les plus affreuses et les plus moralement indéfendables (comme par exemple aider un candidat à l’idéologie clairement fasciste à remporter les élections). Je l’explique dans une contribution récente sur la structuration du digital labor en tant que phénomène global (attention : le document est en anglais et fait 42 pages).  Que se serait-il passé si les droits de ces travailleurs du clics avaient été protégés, s’ils avaient eu la possibilité de résister au chantage au micro-travail, s’il avaient eu une voix pour protester contre et pour refuser de contribuer aux rêves impériaux d’un homme politique clairement dérangé, suivi par une cour de parasites corrompus ? Reconnaître ce travail invisible du clic, et le doter de méthodes de se protéger, est aussi – et avant tout – un enjeux de citoyenneté globale. Voilà quelques extraits de mon texte :

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Extrait de “Is There a Global Digital Labor Culture?” (Antonio Casilli, 2016)

Conclusions:

  1. Pour être plus clair : ce ne sont pas ‘les algorithmes’ ni les ‘fake news’, mais la structure actuelle de l’économie du clic et du digital labor global qui ont aidé la victoire de Trump.
  2. Pour être ENCORE plus clair : la montée des fascismes et l’exploitation du digital labor s’entendent comme larrons en foire. Comme je le rappelais dans un billet récent de ce même blog :

L’oppression des citoyens des démocraties occidentales, écrasés par une offre politique constamment revue à la baisse depuis vingt ans, qui in fine a atteint l’alignement à l’extrême droite de tous les partis dans l’éventail constitutionnel, qui ne propose qu’un seul fascisme mais disponible en différents coloris, va de pair avec l’oppression des usagers de technologies numériques, marginalisés, forcés d’accepter une seule offre de sociabilité, centralisée, normalisée, policée, exploitée par le capitalisme des plateformes qui ne proposent qu’une seule modalité de gouvernance opaque et asymétrique, mais disponible via différents applications.

Dropbox : pourquoi les nouvelles conditions d'utilisation contribuent à exploiter votre digital labor

Ce billet a été cité par le site d’information Numérama.

Si, comme moi, vous êtes des utilisateurs de Dropbox, le 20 février 2014 vous avez reçu un mail qui présente les nouvelles conditions d’utilisation de la très populaire plateforme de sauvegarde et partage de fichiers. Ces conditions entreront en vigueur le 24 mars.

Ce n’est certainement pas la première fois que les CGU de Dropbox suscitent la colère des utilisateurs. Cette fois-ci, beaucoup de polémiques ayant dénoncé la nature arbitraire de ces modifications et le ton abrupt de leur formulation ont porté sur la nouvelle clause qui impose aux usagers de passer par une procédure d’arbitrage en cas de litige. En lisant les commentaires sur le blog de Dropbox, je vois bien les enjeux pour les citoyens américains de se conformer à cette nouvelle condition, et l’intérêt de faire un opt-out. Je vois mois bien comment cette clause s’applique à des citoyens de pays tiers.

La lutte des class action

Par contre, la nouvelle condition qui a attiré mon attention (à cause de ses conséquences pour tout le monde) est la suivante :

Pas de recours collectif. Vous pouvez uniquement résoudre les litiges avec nous sur une base individuelle, et ne pouvez pas déposer de réclamation dans une procédure de recours collectif, consolidé, ou en représentation conjointe. Les arbitrages collectifs, recours collectifs, actions d’ordre général avec avocat privé et consolidation avec tout autre type d’arbitrage ne sont pas autorisés.

Ici, pas de possibilité de faire opt-out… Et c’est dommage, parce que ce changement intervient un mois à peine après l’introduction en France du système de procédure collective (adopté le 13 février dernier, au bout d’un parcours législatif long et tourmenté). Et ce recours collectif, mieux connu à l’étranger sous le nom de class action, s’avère chaque jour plus efficace pour contrer les changements subreptices des grandes plateformes potentiellement nuisibles pour les intérêts des usagers. Un exemple parmi d’autres : regardez ce qui se passe avec Facebook, qui depuis 2011 n’arrive pas à faire cesser cette plainte de familles et d’associations d’usagers qui s’opposent à l’utilisation de photos de mineurs dans les sponsored stories (cette feature a été entre temps abandonnée).

Négociation collective et conflit social sur les plateformes du web

Si vous connaissez mes travaux sur la négociation des droits des utilisateurs des plateformes sociales, ou mon nouveau livre sur les conflits entourant les politiques de privacy des géants du web (Against the Hypothesis of the End of Privacy, tout juste publié chez Springer, co-écrit avec Paola Tubaro et Yasaman Sarabi), vous savez qu’autour des termes d’utilisation c’est désormais guerre ouverte entre les utilisateurs, soucieux de voir leur autonomie et leurs droits respectés, et les propriétaires des plateformes, intéressés à maximiser leurs profits tout en minimisant leur respect des lois en vigueur.

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En interdisant à ses utilisateurs de consolider leurs actions légales, Dropbox s’efforce de leur empêcher de s’organiser et de mener une action coordonnée de protection de leurs droits. La petite mise à jour des CGU est assimilable aux politiques patronales du siècle passé visant à entraver l’action syndicale et à imposer une pacification forcée des relations sociales. L’entreprise de San Francisco cherche en somme à atomiser l’action sociale de ceux qui produisent les contenus qui circulent sur ses réseaux, sont stockés sur ses serveurs, constituent l’objet de l’activité économique exercée par les 4 millions d’entreprises qui adhèrent à l’offre payante Dropbox for Business. Si le travail invisible des utilisateurs doit être reconnu à sa juste valeur (c’est ce qu’on appelle désormais le digital labor), les droits des utilisateurs/travailleurs méritent tout aussi d’être protégés. Tout ceci s’inscrit, pour le dire avec les rédacteurs de la revue Multitudes, dans une dynamique plus vaste de conflictualité sociale qui traverse désormais le monde du numérique. Et les conditions d’utilisations sont justement l’un des lieux où ces controverses et de ces conflits se déploient.

Update [samedi 22 février 12h20]

Quelques messages intéressants, tirés de la discussion Twitter entre le sociologue Pierre Grosdemouge et la juriste Eve Matringe, suite à la parution de ce billet :

Qu’est-ce que le Digital Labor ? [Audio + slides + biblio]

UPDATE : Qu’est-ce que le digital labor ? est désormais un ouvrage, paru aux Editions de l’INA en 2015. Dans cet ouvrage je passe en revue les études sur le travail des internautes en compagnie de Dominique Cardon.

Audio :

La notion de digital labor fait désormais l’objet de plusieurs publications et colloques de part et d’autre de l’Atlantique. Mais elle reste encore méconnue en France. Le 12 mars 2012, j’ai assuré une intervention lors de la journée co-organisée par la DGT, la DIRECCTE et la Fing Risques et opportunités des transformations du travail à l’ère du numérique.  Voilà l’enregistrement audio :

Digital labor via Réseau FING

Pour aller plus loin, lien vers Digital labor : portrait de l’internaute en travailleur exploité, l’émission du 8 décembre 2012 de Place de la Toile sur France Culture, que nous avons concoctée avec Xavier de la Porte, Yann Moulier-Boutang et Thibault Henneton.

Slides :

Le 26 mars, à l’invitation d’Alexandra Bidet (CNRS), je suis intervenu sur le même sujet au Collège des Bernardins dans le cadre des travaux du séminaire L’entreprise: propriété, création collective, monde commun (Département EHS).

TITRE : Qu’est-ce que le Digital labor ?

INTERVENANT : Antonio A. CASILLI (Telecom ParisTech / EHESS)

RESUME : La parution récente de l’ouvrage ‘Digital Labor. The Internet as playground and factory’, dirigé par Trebor Scholz couronne plusieurs années de recherches et fait connaître au public international un domaine émergent de réflexion autour de l’économie de la contribution d’Internet. Face aux exaltations du “don et contre-don hi-tech” et du rôle des amateurs (qui avaient marqué les études des usages TIC respectivement de la première et de la deuxième partie des années 2000), les théoriciens du digital labor pointent l’apparition d’activités sur les réseaux socio-numériques lesquelles, en tant que productrices de valeur, peuvent s’assimiler à du travail. C’est un travail banal, non spécialisé et à faible valeur marginale, comme effectuer des recherches sur Google, poster un lien sur Twitter, évaluer un produit. Mais c’est bien l’activité qui permet la création d’énormes bases de données exploitables par les géants du Web comme Facebook, ou fait vivre des plateformes d’externalisation massive du travail (crowdsourcing) comme Amazon MTurk. A partir de ce constat, bien des questions se posent : comment ce “travail numérique” réinterroge la notion même du travail et de la (co)production de la valeur ? peut-on parler d’exploitation ? nos vieux cadres d’analyse, nous permettent-ils de penser ce qui se joue là, voire de définir les contours d’un “capitalisme cognitif” ?

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[Podcast] Digital labor : Internet et exploitation (France Culture, Place de la Toile, 08 déc. 2012)

Podcast de l’émission Place de la Toile, le magazine des cultures numériques de France Culture. Cette fois-ci, le journaliste Xavier de la Porte accueille l’économiste et théoricien du “capitalisme cognitif” Yann Moulier-Boutang et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil) pour parler du dernier ouvrage dirigé par Trebor Scholz.

»Digital labor : portrait de l’internaute en travailleur exploité – 08.12.2012 – 45 minutes.

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

(…) en parlant de « digital labor » on parle d’une notion qui n’a pas encore d’équivalent en français, et qui commence à peine d’ailleurs à s’imposer dans le champ des études sur le numérique. Et parce que le point de départ de cette émission est un ouvrage, Digital Labor The Internet as playground and factory (“Digital labor : Internet comme aire de jeu et usine”), qui consiste en un recueil d’articles dirigé par Trebor Scholz (qui enseigne la culture et les médias à la New School). De quoi s’agit-il ? Il s’agit de constater l’apparition sur les réseaux d’activités qui, en tant qu’elles produisent de la valeur, peuvent s’assimiler à du travail (comme faire des recherches sur Google ou poster un lien sur Facebook). En gros, mais nous allons le préciser, ce serait ça le « digital labor ». Mais à partir de ce constat, bien des questions se posent : de quelle nature est la valeur de ce travail ? Et peut-on parler d’exploitation, puisque nous ne sommes pas rémunérés pour ce travail ? Est-ce que nos vieux cadres d’analyse, à commencer par l’analyse marxiste, nous permettent de penser ce qui se joue là voire, de nous fournir des armes politiques pour lutter ?