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[Séminaire #ecnEHESS] Benjamin Loveluck “Post-vérités : utopies et idéologies du numérique” (16 janv. 2017, 17h)

Enseignement ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.

Pour cette première séance de 2017 de notre séminaire EHESS Etudier les cultures du numérique, nous sommes heureux d’accueillir Benjamin Loveluck, maître de conférences à Télécom ParisTech, auteur d’un ouvrage remarqué : Réseaux, libertés et contrôle. Une généalogie politique d’internet (Armand Colin, 2015).

Le séminaire aura lieu lundi 16 janvier 2017, de 17h à 20h, salle Lombard, EHESS, 96 bd. Raspail, Paris 6e arr.

Pour suivre le séminaire sur Twitter : hashtag #ecnEHESS.

Utopies et idéologies du numérique. Quel régime de (post-)vérité ?

Intervenant : Benjamin Loveluck

Quelles représentations ont accompagné l’essor du numérique, et comment contribuent-elles aujourd’hui encore à lui donner forme ? À quelles sources puisent les discours des acteurs, et quels sont les ressorts de l’enthousiasme mais aussi des craintes suscitées par l’informatique communicante ? Ces questions trouvent une actualité nouvelle, alors que la méfiance est aujourd’hui de mise et que le numérique est accusé de favoriser l’émergence d’un régime de « post-vérité ». En abordant ces enjeux du point de vue de l’histoire longue des idées politiques, le recours à la méthode généalogique permet d’apporter des éléments de contexte. En particulier, elle permet de montrer comment s’est mis en place un cadre de pensée structurant, que nous avons appelé le libéralisme informationnel. Différentes études de cas emblématiques – allant de Google à Bitcoin et WikiLeaks en passant par le mouvement des logiciels libres – permettent d’en préciser les différentes déclinaisons, et leur articulation avec les pratiques des acteurs. Cette intervention vise ainsi à resituer la réflexion sur le numérique dans les cadres d’analyse éprouvés de la philosophie et de l’économie politique – afin de ne pas céder à la fascination de la « rupture » et de la « révolution », tout en identifiant ce qui se présente effectivement comme nouveau. En somme, d’éclairer à la fois ce que le numérique rend possible et ce qu’il rend pensable.

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Economie et politique des plateformes numériques : le programme de mon séminaire #ecnEHESS 2016-17

FINALLY ! Pour la neuvième année consécutive, mon séminaire Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques (#ecnEHESS) ouvre ses portes le 21 novembre 2016 à l’EHESS de Paris. Pour récompenser votre patience, le programme de cette année réserve plus d’une surprise : des intervenants internationaux pour une réflexion sur l’impact politique du numérique, avec des séances spéciales sur la surveillance de masse, sur l’économie et l’idéologie des plateformes, sur les libertés fondamentales à l’heure d’internet.

Comme toujours, les inscriptions sont ouvertes aux auditeurs libres : il suffit d’envoyer un petit mail gentil via ce formulaire. La première séance aura lieu le lundi 21 novembre 2016, EHESS. Les séances successives, le troisième lundi de chaque mois de 17h à 20h.

ATTENTION : changement d’adresse. Cette année le séminaire se déroulera au 96 bd Raspail 75006 Paris, salle M. & D. Lombard. NB: la séance de fin d’année aura lieu le mercredi 14 décembre 2016. Pour plus de précisions sur les dates et les salles (et pour d’éventuels changements), se référer à la page de l’enseignement.

Programme

 platform 21 novembre 2016
Christophe Benavent (Paris Nanterre)
Gouvernementalité algorithmique des plateformes
 lloirns 14 décembre 2016
Isabelle Attard (députée citoyenne du Calvados) et Adrienne Charmet (La Quadrature du Net)
Internet, surveillance et libertés fondamentales en France
 ideology 16 janvier 2017
Benjamin Loveluck (Télécom ParisTech)
Idéologies et utopies du numérique
 workfutur 20 février 2017
Mark Graham (Oxford Internet Institute) et Karen Gregory (University of Edinbugh)
Global platforms and the future of work
 gafa 20 mars 2017
Nikos Smyrnaios (Université Toulouse 3)
Stratégies et logique des GAFAM
 mturk 10 avril 2017
Mary Gray (Microsoft Research)
Behind the API: Work in On-Demand Digital Labor Markets
 datanomix 15 mai 2017
Louis-David Benyayer (Without Model) et Simon Chignard (Etalab)
Les nouveaux business models des données
 magna 19 juin 2017
Juan Carlos De Martin (NEXA Center for Internet & Society)
Looking back at the 2015 ‘Declaration of Internet Rights’

Nouvelle enquête : médias, Internet et censure en Iran

Une enquête unique a été conduite sur un échantillon de 1022 citoyens iraniens par une équipe de chercheurs de l’Iran Media Program (Annenberg School of Communications de l’Université de Pennsylvanie) en collaboration avec Gallup. Le rapport final Finding a Way – How Iranians reach for news and information est disponible en ligne. Voilà quelques résultats saillants :

1) Les médias traditionnels (mélangés avec des liens forts “de proximité”) restent les sources d’information majoritaires : la télévision est le premier choix pour 96% des interviewés. La chaîne d’état IRIB demeure la plus regardée (62%), suivie par BBC Persian et Voice of America (accessibles par satellite). La presse suit, mais avec un écart important (45%). Peux après, l’information directe par les pairs, les amis, les voisins, les membres de la famille (38%). Avec ces derniers, on peut supposer que certains échanges se réalisent en ligne – par mail, chat ou sur des médias sociaux (mais ce résultat est mitigé, v. point 2). D’autant plus que la recherche d’information dans des lieux publics (transports, commerces, lieux de culte, etc.) n’est plus vraiment d’actualité à cause du climat politique actuel.

http://iranmediaresearch.org/en/research/pdffile/990

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Some modest remarks on the role of citizen lobbying in defeating #SOPA

So apparently SOPA is dead, for now. If you’ve been following the recent events surrounding this infamous anti-piracy (and anti-free speech) law, you know that’s good news for a lot of people – me included. The way this thing will go down in history is pretty much that “an iniquitous piece of legislation was to be voted, but a 7 million-strong Google petition, a rally in San Francisco and a massive online campaign (including a spectacular 24-hour blackout) defeated it”. Unfortunately, this means downplaying the role of another important element of this story: lobbying.

If you are not aware of how US lobbying works (or, worse, if you are European), let me break it down for you. Lobbying basically means talking to the right persons and influence them in following a certain political line. Sometimes this line is instantiated by a clear gain in terms of funding for politicians – to be used to be re-elected, to promote new policies, public works programmes, or political activity in general. Government resources are scarse, so this keeps the machine running, although in some cases it borders on buying votes. Telecommunication and electronics companies are among the biggest “buyers”.

Communication and electronics sector displays one of the highest and fastest increasing lobbying spending. Source: Sunlight Foundation

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"Un autre lien social" : 'Les liaisons numériques' dans Télérama (30 oct. – 5 nov. 2010)

La journaliste Sophie Lherm questionne le lien entre usages d’Internet et isolement social dans son très bon compte-rendu du livre d’Antonio Casilli Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil, 2010). L’article vient de paraître dans le numéro 3172 de Télérama (30 oct. – 5 nov. 2010), dans la rubrique “Le débat”.

Pourtant il était pratique cette “vision hydraulique” de la sociabilité en ligne – si les flux de communication se déplacent trop vers Internet, la vie familiale ou amicale se trouve à sec. Le problème, c’est que si on coupe l’accès à la Toile, la réciproque n’est pas vraie. Les vases ne communiquent donc pas tant que ça. […] “De la peur de la solitude provoquée par Internet, on en est venu à regarder cette technologie comme un outil pour réduire la solitude”, écrit Antonio Casilli.

Addendum : le 31 octobre 2010, le site Web Télérama.fr a republié l’article dans son intégralité (sous le titre Internautes, vous sentez-vous isolés ?) avec, en annexe, une très intéressante mise en écho des points de vue d’Antonio Casilli et de Malcolm Gladwell : Mon ‘friend’ est-il mon ami ?, par Sophie Lherm.

Comment traduire alors le friending, ce mot qui sert à désigner le fait de tisser des liens via les réseaux sociaux ? La meilleure approximation de ces liens dits « faibles », répond Casili, serait non pas l’amitié, mais une autre activité qui nous rapproche de nos ancêtres les primates : c’est le « toilettage » réciproque, auquel s’adonnent les grands singes. Ils se frottent, se fouillent à la recherche d’éventuels parasites, jouent. Et, fait plus important encore, ce toilettage est un stabilisateur social ; il offre plus d’occasions de s’entraider, et moins d’opportunités d’entrer en conflit. De la même façon, flâner ensemble sur des sites, échanger des commentaires sont certes des formes d’amusement, mais elles permettent aussi aux usagers de « se faire les puces » réciproquement, de s’entraider en échangeant de petites faveurs ou de petites remarques qui aident à évoluer. « Ce lien d’un nouveau type ne remplace pas les autres, mais les enrichit d’une autre fonctionnalité – la capacité de combler les espaces vides existants entre les différents groupes sociaux. » Bref, de mieux coopérer et de s’organiser – que ce soit pour un apéro géant ou une manif République-Nation…

Seminal book on the geography of Internet now available online

Coined in 1984 by William Gibson, the term cyberspace was the buzzword of the 1990s. In those dark ages, way way way before Google maps and geotagging, academic conventional wisdom tended to regard information environments as a space apart, the Other Plane, a habitat of pure information – a “cybernetic space”. Ludicrous, right? Yet, a number of prominent scholars have produced excellent research on the topic, mainly in the fields of cultural studies, media studies, and humanities. So, it was a bit of a surprise when, at the very end of the decade, geographers Martin Dodge & Rob Kitchin, came up with a thought-provoking book called Mapping Cyberspace (2000).

A 3D hyperbolic topology of the Internet (circa 2001)
A 3D hyperbolic topology of the Internet (circa 2001)

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