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De l'informatique juridique au juges neuronaux : perspectives transdisciplinaires

L’intervention de Danièle Bourcier (CERSA CNRS) dans le cadre du séminaire EHESS “Transdisciplinarité et numérique” de vendredi dernier, 18 juin 2010, a représenté une excellente conclusion pour nos travaux de réflexion autour de l’impact de l’informatique sur la recherche au croisement de plusieurs disciplines. Voilà les slides de la présentation, en version pdf.

Je saisis l’occasion pour remercier Danièle pour son excellent travail d’encadrement théorique, mais aussi pour nous avoir présenté son parcours de chercheuse hors du commun, qui a traversé le droit de l’informatique, l’informatique juridique, le droit appliqué aux systèmes experts simulant les décisions des juges à travers des réseaux de neurones artificiels – jusqu’à arriver à la création du chapitre français de Creative Commons dont elle est la responsable scientifique. Non seulement l’exposé a été passionnant, mais la discussion, malgré une fin d’année universitaire particulièrement calme, a été très riche.

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Droit, Internet, autonomie et communautés « pro-ana »: deux séminaires à Paris

Allez, je me remets au blog après une période d’interruption due au fait que j’ai cherché à travailler un peu moins que d’habitude – question de ne pas mourir avant l’arrivée de l’été, vous voyez 😉

Ceci dit, la semaine prochaine sera intense et intéressante, à cause de deux séminaires parisiens qui me concernent à différents titres. Celui que je coordonne à l’EHESS, accueillera Daniele Bourcier (responsable du groupe “Droit gouvernance et technologies” au CERSA, CNRS et responsable scientifique de Creative Commons France). Voilà la présentation complète :

Vendredi, 18 juin 2010
Intervenante : Daniele Bourcier (CERSA, CNRS)

Salle 1, EHESS, 105 Bd. Raspail (13h-15h)
“Quelles perspectives transdisciplinaires pour le droit face aux TIC ?”
Droit d’Internet, protection des données personnelles, propriété intellectuelle, législation et nouveaux médias : trop souvent, autant dans la presse que dans les discours savants, les rapports entre informatique et droit sont présentés sous l’aspect d’une tension constante entre une législation immuable et des usages informatiques aux évolutions imprévisibles. En réalité, on assiste à une co-évolution de la doctrine juridique et des manières de pratiquer le droit face aux nouvelles opportunités ouvertes par les technologies numériques. Des communautés d’infomédiation juridique aux systèmes experts simulant le comportement de « juges artificiels », des nouvelles formes des droits de propriété à la réflexion sur la gouvernance d’Internet, des nouveaux outils imposent de nouvelles perspectives de réflexion et de recherche.

Mais avant cela, il y aura le séminaire du département SES de Institut Télécom ParisTech dans le cadre duquel je suis invité à présenter le projet ANR sur les communautés pro-ana que je coordonne à l’EHESS. Quelques mots de présentation :

Lundi, 14 juin 2010
Intervenant : Antonio A. Casilli (Centre Edgar-Morin, EHESS,Paris)

Amphithéâtre Grenat, Institut Télécom ParisTech (15h-17h)

“Entre autonomie et coopération : le cas des communautés ‘pro-ana’ en ligne”
Dans le jargon d’internet, on appelle communautés « pro-ana » les blogs, les forums et les sites web faisant l’apologie de l’anorexie mentale et des troubles des conduites alimentaires. En posant en adversaires des pouvoirs biomédicaux, leurs utilisateurs mobilisent un univers de pratiques sociales finalisées au développement d’une subjectivité jouissant d’un degré accru d’indépendance cognitive, fonctionnelle et identitaire. Dans la mesure où le Web affecte de plus en plus la formation de liens affinitaires, il est important de problématiser d’un point de vue sociologique ces pratiques, afin d’articuler l’analyse micro-sociale des usages autonomes des individus avec la détection de structures de coopération au niveau macrosocial dans leurs communautés.

Voilà, that’s all folks. Les présentations powerpoint seront bientôt en ligne. Entre temps n’hésitez pas à faire circuler l’information et à participer aux deux séminaires.
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Dr. Popp et la disquette Sida. Sociologie d'une affaire hacker

NB: une version légèrement remaniée de ce texte a été publiée dans le numéro de mars 2015 de la revue d’ethnologie européenne Terrain. Pour le citer :

Antonio A. Casilli (2015) Dr. Popp et la disquette Sida. Sociologie d’une affaire hacker, Terrain, 65: 3-17. 

Un savant fou. Un virus mortel. Du sexe. Des gadgets électroniques à la mode. Tous les ingrédients pour un grand feuilleton sont réunis. Il y a exactement vingt ans, éclate l’affaire de la « disquette Sida », l’un des plus importants scandales internationaux dans l’histoire du piratage informatique. Aujourd’hui presque complètement oubliée, elle reste un épisode dont les significations culturelles et politiques méritent d’être approfondies pour comprendre non seulement l’approche actuelle des usages informatiques autonomes (autonomous computing)[2], mais aussi pour restituer les jeux de forces qui – encore aujourd’hui – font de la viralité l’une des formes prééminentes d’agrégation sociale du web[3].

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Les rebondissements judiciaires multiples de cette affaire ont rendu difficile la tâche de retracer les témoignages des protagonistes et d’en déceler les motivations. Le compte rendu que j’en propose ici est basé sur une enquête de terrain conduite entre l’Europe et les EU en 2004-2005. Les interviews utilisées – avec des médecins, des experts de la police britannique et des médiactivistes – sont citées dans les notes de bas de page. J’ai à plusieurs reprises sollicité un entretien avec le personnage principal de cette histoire, Joseph L. Popp, mais mes tentatives n’ont pas rencontré de succès  (voir le Post-scriptum à la fin de ce billet).

(Attention ce billet fait 18 pages ! Téléchargez-le en version .pdf ou bien lisez le reste en version .html)

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Conference : les enseignements politiques des "creative commons"


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Mardi 20 octobre 2009 – 18h45
Télécom ParisTech
46 rue Barrault
Paris (13e) – Métro : Corvisart (ligne 6)

Quels enseignements politiques tirer des expériences du logiciel libre et de celle des “creative commons” ?

Philippe Aigrain
Fondateur de Sopinspace (société pour les espaces publics d’information) et de La Quadrature du Net (collectif citoyen),
Ancien chef du secteur technologie du logiciel à la Commission européennne,
Administrateur du Software Freedom Law Center

Discutants
Patrick Bloche
Député, Maire du 11e arrondissement de Paris, PS

Le deuxième discutant sera précisé ultérieurement.

Inscription (gratuite) et détails sur http://utopiaconf.free.fr

Google et au-delà : numéro spécial de la revue "Multitudes"

“Si Google nous oppresse, il s’agit d’une oppression douce et séduisante, que nous acceptons volontiers pour notre confort sur le Net. Dans son ADN comme dans sa réalité sociale et économique, Google a quelque chose d’hégémonique, mais il n’est pas et ne sera jamais dictatorial. Bref, sa puissance de contrôle, si contrôle il y a, ne se décline plus sur le mode disciplinaire, mais selon les règles de nos désirs et de notre soif d’informations pertinentes et impertinentes. Google ne nous demande pas de l’utiliser, comme il n’exige pas des développeurs qu’ils adoptent sa plate-forme en open-source Android pour les terminaux mobiles. Il nous suggère et, finalement, nous convainc de le faire, par paresse peut-être, comme pour mieux nous renvoyer à notre propre image”. (Beyond Google, par Ariel Kyrou et Yann Moulier Boutang)

"Le gouvernement français doit oublier les droits d’auteur s'il veut éviter le pire"

La Commission pour l’Economie Numérique présidée par Alain Bravo vient de remettre à la Secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko Morizet son rapport sur La société et l’économie à l’aune de la révolution numérique : enjeux et perspectives des prochaines décennies (2015/2025).
De prime abord, ses résultats peuvent ne pas paraître surprenants, mais détrompez-vous. Ils représentent une petite révolution dans le contexte français.

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Cambridge researcher says free social use should prevail over copyright protection

identifier4Patricia Akester (University of Cambridge) undertook a project looking at the impact of technological measures on the ability of users to take advantage of the statutory exceptions to copyright. Based on a series of interviews with key organisations and individuals, involved in the use of copyright material and the development of DRM (Digital Rights Management), she provides a sober assessment of the current state of affairs. (more…)

Larry Lessig's Book on Internet Governance Turns Ten and Goes Creative Commons

Ten years ago, Lawrence Lessig published Code and Other Laws of Cyberspace, a groundbreaking study on Internet governance insisting that it is not through laws that governements and private powers control the Internet, but via its software architecture, i.e. the code. Today, at the close of Web 2.0, as cloud computing hangs over our heads like the sword of Damocles, his message is still relevant. How many passwords and logins do we have to juggle with on a daily basis just to perform simple tasks (check emails, watch pictures, save files)? These are very small controls that certify users identity, status, location etc. and route them in one direction or another. Exit the laws regulating individual lives, the new internet governance is more comparable to cattle drive. “Bovinity” emerges as the new human condition in technologically-enhanced times.

A fundamental principle of bovinity is operating here and elsewhere. Tiny controls, consistently enforced, are enough to direct very large animals. The controls of a certificate-rich Internet are tiny, I agree. But we are large animals. I think it is as likely that the majority of people would resist these small but efficient regulators of the Net as it is that cows would resist wire fences. This is who we are, and this is why these regulations work. (Lessig, p. 73)

Despite its far-sightedness, after ten years in print and ten years of changes in law and technology, the book needed an update. In 2005, a wiki was created to this purpose. The resulting new version of the book, Code Version 2.0, is now online under Creative Commons licence. This means you can download the new edition  for free just clicking here.

In 2009 the

Support Prof. Horacio Potel!, or a portrait of the philosopher as a pirate

Addendum, Nov 14, 2009: As of today, we salute the recent decision of the Argentinian court dropping the charges against Prof Potel. Read more about this here (in English). Download court’s sentence here (in Spanish).

Argentinean professor charged criminally for promoting access to knowledge
By the CopySouth Research Group

A philosophy professor in Argentina, Horacio Potel, is facing criminal charges for maintaining a website devoted to translations of works by French philosopher Jacques Derrida. His alleged crime:  copyright infringement. Here is Professor Potel’s sad story.

Prof. Potel usually wears a pirate eye patch while lecturing in philosophy

Prof. Potel usually puts his pirate patch on *before* lecturing in philosophy at UNLA

“I was fascinated at the unlimited possibilities offered by the internet for knowledge exchange”, explains Horacio Potel, a Professor of Philosophy at the Universidad Nacional de Lanús in Buenos Aires. In 1999, he set up a personal website to collect essays and other works of some well-known philosophers, starting with the German Friedrich Nietzsche and Martin Heidegger. Potel’s websites – Nietzsche in Spanish, Heidegger in Spanish, and Derrida in Spanish – eventually developed into growing online libraries of freely downloadable philosophical texts. Nietzsche in Spanish alone has already received more than four million visitors.

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Greek online journal Re-public special issue on transhumanism

Re-Public is a bilingual Greek/English online journal focusing on democratic and collaborative developments in contemporary politics. Under the illuminated guidance of Marc Roux (promoter of the blossoming Technoprog movement) a special issue devoted to transhumanism has just been put online. The issue focuses specifically on the political dimensions of the body, health and biotechnologies in the present social context.

You can have a look at articles such as The self-surgeons (by Andrea Mancuso),  Why reimaginative democrats should ignore the siren songs of a posthuman future (by former poster-boy for black transhumanism Justice De Thézier), and Biotechnologies and individual liberties (by Ghislain Perreau). Indeed the pièce de résistance is the interview with the charismatic performer Stelarc: Bodies without desires.