sociology

Interview dans Ouest-France (16 juin 22)

Depuis le Covid et la guerre en Ukraine, de nombreux Français sont contraints de recourir à un petit boulot. Mais les plateformes ont changé les règles du jeu… Décryptage/itw dans Ouest France.

Microtravail en ligne, chauffeur Uber, bricoleur Ikea… Le boom des nouveaux jobs d’appoint en France

Propos recueillis par Gaëlle FLEITOUR

Depuis la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, de nombreux Français sont contraints de recourir à un petit boulot pour joindre les deux bouts. Mais le numérique a changé les règles du jeu… Décryptage avec le sociologue Antonio Casilli.

Ce n’est pas leur métier principal. Mais quelques heures par semaine, ils sont chauffeurs Uber, monteurs de meubles pour Ikea ou bien encore travaillent pour la plateforme Amazon Mechanical Turk (une référence au prétendu automate du XVIIIe siècle, qui dissimulait une personne bien vivante). Confrontés à des problèmes de pouvoir d’achat, de nombreux Français se retrouvent contraints d’exercer des petits boulots supplémentaires. Dont la typologie a été bouleversée par le numérique, raconte Antonio Casilli, professeur de sociologie à l’Institut Polytechnique de Paris. Il est le cofondateur de l’équipe de recherche DiPLab sur le travail en ligne, et auteur du livre En attendant les robots : enquête sur le travail du clic (Éditions du Seuil). Entretien.

Antonio Casilli, comment expliquer que de nombreux Français se retrouvent à travailler en plus de leur emploi ?

La crise sanitaire est survenue à un moment où le marché du travail au niveau international était dans une situation de prolifération des emplois formels, c’est-à-dire des personnes qui avaient un vrai emploi salarié. Cela a été complètement bouleversé par deux ans et demi de crise sanitaire, qui a aussi été une crise économique, puis a empiré avec la guerre en Ukraine.

La reprise s’est caractérisée par une réouverture du marché du travail. Mais le nouvel emploi n’apporte souvent plus autant qu’auparavant en termes de pouvoir achat, ou de stabilité, car de nombreux secteurs d’activité restent fragilisés par le contexte géopolitique. Conséquence : même les gens qui ont une source principale de revenus cherchent des petits jobs à côté.

Et pendant la crise sanitaire, il y a eu une augmentation phénoménale des effectifs des plateformes de travail (livraison, petits jobs sur place ou à distance), ce qui a déterminé quelque chose de paradoxal : les revenus des personnes sur ces plateformes ont baissé, car plus il y a de monde qui s’inscrit, plus les travailleurs se font concurrence entre eux, plus les plateformes et leurs clients peuvent se permettre de baisser les taux horaires et le niveau de rémunération… Ce qui rend ces travailleurs encore plus dépendants de ces plateformes !

Quel est le profil de ceux qui exécutent ces missions ?

Il est très varié en France. On recense dans nos enquêtes des personnes qu’on appelle en anglais des slash workers : les travailleurs qui ont une activité principale ainsi qu’une autre activité. Exemples, jardinier / technicien du son, ou intermittent du spectacle / livreur Deliveroo. Cela fait partie d’une population, pas forcément jeune, mais souvent urbaine, qui est confrontée à un besoin d’intégrer ces revenus complémentaires, et parfois commence carrément à développer une double carrière.

L’autre profil, ce sont des gens exclus du marché du travail parce qu’ils sont sans papiers, ou en raison de leur niveau d’études ou d’un handicap. Après, il reste extrêmement difficile d’introduire de la stabilité pour ce type de métiers.

Quelles sont les différentes sortes de petits boulots ?

Il y a une grande différence entre les petits jobs qui relèvent de missions souvent sur une base locale, avec un début et une fin et une composante matérielle très visible (monter des meubles, faire de la logistique) et ce qu’on appelle du « microtravail ». Ce dernier s’applique plus à une activité à distance, parfois externalisée dans d’autres pays pour leurs coûts bas de main-d’œuvre. Il est lié à l’émergence d’automatisation de tâches productives : c’est un travail pour nourrir l’intelligence artificielle.

Ce mouvement du numérique proposant de plus en plus de travaux à la tâche, vous l’appelez DiPLab (de Digital Platform Labor). En quoi est-ce lié à l’explosion de l’intelligence artificielle ?

Notre équipe l’étudie depuis cinq ans. Des gens réalisant des activités semblant anodines sur une plateforme, comme écouter des extraits d’une vidéo pour la classer ou l’évaluer, cela peut paraître inutile, mais nous avons progressivement compris qu’ils entraînaient ainsi les algorithmes, qui sont les modèles mathématiques derrière l’intelligence artificielle. C’est ainsi que YouTube ou Google, en plus de s’aider de vos propres habitudes de consultation, peuvent vous faire des recommandations de vidéos.

Quelle est l’ampleur de ce travail à la tâche en France et dans le monde ?

En 2019, lors de notre première enquête sur le microtravail en France, nous avions recensé 260 000 travailleurs occasionnels, soit un marché déjà important. Des chercheurs d’Oxford estiment aujourd’hui à plus de 16 millions le nombre de personnes dans le monde qui effectueraient des tâches de ce type ! Nous avons récemment étudié le Madagascar et le Venezuela, qui sont les centres névralgiques de cette industrie : c’est là que les grandes entreprises françaises et internationales se servent pour avoir des données de bonne qualité.

Il s’agit pour les entreprises de disposer d’une sous-traitance peu onéreuse ?

Cela n’est pas nouveau, l’intérim y répondait déjà, par exemple. Mais il faut bien s’entendre sur quelles sont ces entreprises. Il y a celles qu’on reconnaît : de grandes plateformes comme Uber, Airbnb qui, de fait, offrent une forme de travail « jetable » (disposable en anglais), mais qui en même temps n’ont pas vocation à être des entreprises. Les vraies entreprises, ce sont les clients de ces plateformes, comme le restaurant qui a un contrat avec Deliveroo, et le groupe qui sous-traite des tâches de comptabilité…

Quels sont les risques pour ces travailleurs, qui sont certes autonomes mais payés chichement et sans personne pour défendre leurs droits ?

Il y a certains risques particulièrement liés à cette « plateformatisation » du travail. Cela concerne autant le livreur que le monteur de meubles ou celui qui travaille pour une intelligence artificielle : que ces plateformes essaient de passer outre la protection des travailleurs. Il faut que le législateur intervienne de manière plus pressante pour faire requalifier leur statut en contrat de travail. Sinon on risque d’assister à une véritable érosion des droits liés à la protection sociale des salariés.

Il y a par ailleurs un risque de concurrence intense entre ces travailleurs : ceux des pays du Sud seront probablement plus prêts à travailler pour une rémunération moins importante.

Le Digital Labor : exploités et heureux de l’être ? (Office et Culture, mai 2016)

Le Digital Labor : exploités et heureux de l’être ?

Le succès fulgurant de certaines entreprises numériques nous rend-il jaloux au point de réclamer abusivement notre part du gâteau ? Ou bien sommes-nous collectivement victimes d’une nouvelle forme d’exploitation du travail qui ne nous laisse que des miettes ? C’est tout l’objet d’étude du « Digital Labor », porté notamment par le chercheur Antonio A. Casilli et dont il débat avec le sociologue Dominique Cardon dans l’ouvrage « Qu’est-ce que le Digital Labor ? ».

Sous l’impulsion de l’économie numérique, plusieurs dynamiques rendent visible ce que le professeur en science des médias, Trebor Scholz, a le premier qualifié de « Digital Labor ».

Premièrement, le centre de gravité de l’économie bascule de l’offre vers la demande, ce qui se traduit par deux phénomènes : une personnalisation et une co-production de l’offre. Le consommateur devient un utilisateur, interagissant avec le produit ou le service afin de l’adapter le plus possible à ses besoins, quitte à faire des tâches qui étaient auparavant à la charge des producteurs. Par exemple, nous réalisons directement nos virements bancaires sur Internet alors qu’ils étaient auparavant effectués par un banquier et nous payons souvent la possibilité même de pouvoir le faire à travers un abonnement mensuel à un service de banque en ligne. Le néo-libéralisme propulsé par la Silicon Valley « produit l’autonomie et la liberté des sujets », souligne Dominique Cardon, ce qui explique sans doute que nous acceptions volontiers de réaliser ce « travail » gratuitement et parfois même de payer pour le faire. « Ce qui attache les usagers aux plates-formes qui les exploitent sans les aliéner, ajoute t-il, c’est que le service qu’elles rendent est utile et que, dans nos sociétés, cette utilité ne peut guère être négociée ni sacrifiée ». Nous sommes ainsi devenus des co-producteurs volontaires des services et produits que nous utilisons et le phénomène est devenu massif : nous rédigeons des avis, notons des applications, suivons des livraisons, partageons des solutions dans les forums, co-désignons des meubles, co-finançons des albums de musique, etc. Pour Antonio A. Casilli, tout ce temps passé sur le réseau, certes en grande partie à améliorer notre expérience client, doit être reconnu comme du travail à proprement dit, car ce travail invisible produit une valeur dont des entreprises profitent gratuitement et sans payer de cotisations sociales.

Deuxièmement, la logique d’une plus grande autonomie et intervention du consommateur dans sa propre consommation, a conduit progressivement à une réduction des entreprises intermédiaires et à l’émergence des plates-formes collaboratives. L’économie collaborative facilite en effet une mise en relation plus directe et automatisée entre une offre et une demande, diminuant ainsi le rôle de certains agrégateurs, comme les distributeurs ou les grossistes. Le « Digital Labor » se définit, ici, comme une nouvelle organisation du travail autour de plates-formes numériques d’un côté et d’une armée de travailleurs indépendants de l’autre. Ces derniers utilisent les plates-formes pour contractualiser avec des clients, à l’image d’Uber, de Mechanical Turk, de TaskRabbit, d’UpWork, etc., mais aussi d’une certaine façon d’Airbnb, de BlablaCar, etc. Le premier groupe correspond à du crowdsourcing, c’est-à-dire à l’externalisation de tâches auprès d’une multitude de travailleurs indépendants mis en concurrence ; le second s’inscrit dans une économie de particuliers à particuliers, dans laquelle la mutualisation d’un bien ou d’un service permet d’en réduire le coût pour les deux parties. Dans les deux cas, des plates-formes numériques se chargent d’optimiser et de sécuriser la mise en relation. De fil en aiguille, elles dessinent une nouvelle forme de structure, celle de l’entreprise a minima. Uber ne possède pas de voitures, ses chauffeurs ne sont pas des salariés mais des indépendants qui paient eux-mêmes leur assurance, leurs frais d’essence, leurs cotisations sociales. Pourtant, la plate-forme de VTC possède bien la base de clients et le circuit de transaction, ainsi que la décision du montant des courses. En outre, elle peut unilatéralement et sans indemnité exclure un chauffeur ou un client de son réseau. Le co-voiturage, comme proposé par BlablaCar, permet de partager les frais d’un trajet en voiture d’un particulier avec des inconnus. C’est en quelque sorte une version payante et sécurisée de l’auto-stop, le tout rendu plus efficace par les technologies numériques. Outre l’économie voire le gain réalisé par le possesseur de la voiture, le co-voiturage vient concurrencer les offres de transport existantes : train, car, location de véhicules. L’économie collaborative a ainsi une incidence manifeste et croissante sur la sphère du travail. Elle soulève, d’ailleurs, de plus en plus de questions quant à la protection sociale et juridique de ces « travailleurs du numérique » et quant au choix de société qu’elle porte, comme en témoignent de nombreux rapports, comme celui du Conseil National du Numérique, publié en début d’année, qui souligne l’émergence d’un « précariat » généralisé et la disparition programmée du modèle salarial.

Enfin, troisièmement, l’économie des données vient parfaire le tableau du « Digital Labor ». Se connecter à Internet, rendre visible sa localisation, son parcours sur le Web, son graph social, c’est-à-dire les personnes avec qui nous échangeons et l’intensité de nos interactions, toutes les données personnelles que nous laissons échapper volontairement ou non sont captées par des plates-formes numériques comme Google ou Facebook, par exemple, qui en tire une valeur substantielle : revenus publicitaires bien sûr, mais aussi amélioration d’algorithmes. Pour résumer, nous dit Antonio A. Casilli, le célèbre diction du Web « si c’est gratuit, c’est que tu es le produit » (publicitaire) devrait plutôt s’énoncer « si c’est gratuit, c’est que tu y travailles ». Le « Digital Labor » s’exprime ici de façon plus passive, sans effort apparent, mais reste tout aussi réel, si l’on regarde la valeur produite. Les objets connectés que nous portons sous forme de bracelets, de montres, etc., ou bien dont nous truffons nos habitations et nos villes (compteurs intelligents, panneaux publicitaires numériques, etc.) ou encore les fameux cookies qui prolifèrent sur les sites Internet, tous ces capteurs émettent des données sans intervention de notre part et souvent d’ailleurs sans notre consentement. Leur valeur individuelle est marginale mais leur agrégation revêt une valeur très forte et permettra peut-être de faire émerger une société prédictive, celle du « Big Data ». Cette capacité de prédiction promet des opportunités commerciales inédites. Elle représente aussi un enjeu sécuritaire bien compris par les Etats, mais cela est un autre sujet.

Economie de la demande, économie collaborative, économie des données, le « Digital Labor » s’inscrit ainsi dans des dimensions multiples. Mise à part l’émergence de ces modèles économiques, y a t-il d’autres raisons expliquant  l’intérêt soudain pour le « Digital Labor » ? Pour Antonio A. Casilli, il est « lié à la prise de conscience qu’on ne peut plus appliquer les valeurs de partage et de désintéressement caractéristiques de l’Internet des pionniers à l’économie prédatrice enfantée par le Web 2.0 ». Dominique Cardon s’interroge, lui, sur ce revirement soudain, pourquoi ce que nous faisions par plaisir, animés par la culture du don et par l’idée de la construction d’un commun de la connaissance, devrait aujourd’hui devenir l’objet d’un travail ? Une première explication, selon lui, tient dans la démocratisation d’Internet, le réseau n’est plus l’apanage d’un petit groupe d’initiés et ces pionniers, ne reconnaissant plus le projet auquel ils ont adhéré, se retournent contre lui et contre ses nouveaux adeptes. Les « barbares », comme pourrait ironiquement les qualifier, l’essayiste Alessandro Baricco, préfèrent « liker » des vidéos gags de chats sur Facebook, plutôt que d’écrire des billets de blogs sur la chasse illégale des éléphants au Kenya. Bref, Internet est devenu « popu » et l’arrivée de cette audience gigantesque (3,2 milliards d’individus fin 2015) a transformé Internet en un gargantuesque supermarché au service d’intérêts privés. « Alors qu’il libérait en bousculant normes et institutions, Internet serait devenu à la fois un système d’exploitation, une usine, et l’instrument d’une servitude volontaire, une aliénation », observe ainsi Dominique Cardon. En d’autres termes, tant que peu de profit était généré par les plates-formes numériques, personne ne souciait trop de leurs modèles économiques et de leurs conséquences. De plus, le contexte de crise économique durable (croissance faible, augmentation du chômage, aggravation des inégalités) produit un terreau propice aux revendications de la reconnaissance d’un « Digital Labor ». Si, le sociologue ne nie pas le problème de la captation abusive de valeur par les grandes plates-formes numériques et son incidence néfaste sur l’économie et la situation sociale des démocraties occidentales, le concept de « Digital Labor » se révèlerait, selon lui, contre-productif, car il déconsidérerait la dimension collective d’Internet. Il prend l’exemple du don du sang : « Si l’on offre une rémunération à ceux qui donnent leur sang, la valeur investie par les donneurs bénévoles dans leur geste se trouve abîmée, et, en conséquence, les dons diminuent ». En outre, ajoute t-il, la lecture purement marchande d’Internet tend à ignorer l’action bénéfique des plates-formes numériques : « Je crois que les algorithmes fabriquent bien une sorte de commun qui n’est pas déjà présent dans les données individuelles qu’ils calculent, mais cette dimension n’est plus guère perçue aujourd’hui. Et si plus personne ne croit à la fabrication, par tous, d’un bien commun, il est dès lors possible que chacun demande des comptes et cherche à se faire rémunérer. En raison du pouvoir économique que les plateformes exercent sur le web, nous considérons que les outils d’agrégation procédurale qui constitue leur principal service ne fabriquent plus du commun, mais du profit. Sans doute avons-nous raison de penser ainsi, mais en ne voyant plus que le profit, on minore complètement les procédures de fabrication de l’intelligence collective qui constitue le leg le plus précieux de l’Internet des pionniers ». Pour Antonio A. Casilli, l’idéologie néo-libérale reste le cœur du problème. Le capitalisme est devenu cognitif, il capte l’économie de la connaissance en la mettant au service du capital privé, en recréant des « enclosures » là où il y avait l’expression d’un commun. Les efforts consentis par chaque utilisateur de service, une fois agrégés, génèrent une valeur supérieure à la somme de ces efforts, produisant ce que Marx qualifiait de « surtravail » et les plates-formes numériques, comme Google, Facebook et Cie sont les seules à en tirer profit. Pour Antonio A. Casilli, il faut donc trouver un moyen de partager plus équitablement les fruits de ce « surtravail ». L’application de la théorie de l’exploitation de Marx est anachronique pour Dominique Cardon, il préconise plutôt de développer une critique qui prendrait en compte les spécificités de l’économie post-industrielle, dont celle d’une exploitation sans aliénation, le philosophe Carlo Formenti parle d’internautes « exploités et heureux ». Il insiste fortement sur la prise en compte de l’apport original des plates-formes, à travers les mécanismes d’agrégation et d’organisation des contenus, et propose alors une grille de lecture centrée sur l’utilité des services et la réciprocité des intérêts.

Finalement, est-il possible d’éviter la prédation économique des entreprises numériques sans nier leur valeur ? Pour Antinio A. Casilli, la reconnaissance du « Digital Labor », est la condition préalable à toute négociation. Il compare ce combat pour la visibilité aux combats féministes des années 1960 : « avant même l’arrivée d’Internet, les analyses du travail invisible des femmes, par exemple, avait entraîné une longue saison de luttes pour la reconnaissance de ce travail ». Néanmoins, il ne préconise pas une rétribution individuelle de ce « surtravail », il soutient la mise en place d’un revenu universel. Il s’agirait en quelque sorte de forfaitiser ces contributions individuelles, sans les comptabiliser précisément, et de les verser comme une rente à vie inconditionnelle et identique pour tous. Un tel revenu pourrait être financé par une fiscalité sur l’exploitation des données : « Ce n’est pas parce qu’une entreprise est installée dans un certain pays qu’il faut l’imposer, mais parce qu’il y a des millions de citoyens qui réalisent un « travail invisible » et gratuit pour cette entreprise. La solution fiscale française (rapport Collin-Colin) serait une manière de faire revenir, encore qu’imparfaitement, la valeur extraite d’une collectivité vers la collectivité même qui l’a fait émerger ». Concernant les travailleurs du numérique, dans la mesure où cette forme de travail risque de toucher une part de plus en plus large de la population, il appuie des initiatives comme celle de Sharers & Workers, qui cherche à « sensibiliser les syndicats aux enjeux du travail des plateformes et les opérateurs des plateformes à ceux du monde du travail ». Il amène ainsi le « Digital Labor » sur un terrain relatif au futur de l’emploi plutôt qu’un questionnement sur la société et Internet. Enfin, il ouvre le champ vers la sphère « des communs », à l’aune de laquelle il est possible de repenser la propriété, au cœur du système capitaliste. « Les communs numériques », comme le logiciel libre, ont en effet utilisé le droit de la propriété afin, non de restreindre un accès, mais au contraire de l’ouvrir à tous. Cette garantie par une propriété inclusive d’éviter tout accaparement privé, toute rétention abusive, semble une des pistes de réflexion politique et juridique émergentes les plus prometteuses et les plus stimulantes de ce XXIe siècle encore balbutiant. Dans cette perspective, le théoricien belge, Michel Bauwens imagine une société qui viserait « l’accumulation de communs et non de capitaux ». Ainsi, le « Digital Labor » nous conduit finalement, non à des considérations purement individuelles de rémunération, mais à un questionnement sur le rapport de l’individu au(x) collectif(s). Il s’agit à la fois de reconnaître la nécessité sociale des êtres humains de s’inscrire dans des projets communs sans attendre un retour calculé et déterminé (Dominique Cardon) et la nécessité économique et politique de préserver ce commun d’une prédation capitalistique démesurée et mortifère à moyen terme (Antonio A. Casilli).

Publié dans Office et Culture #39, mars 2016

Source: Le Digital Labor : exploités et heureux de l’être ? | [salle n°6]

[Slides séminaire #ecnEHESS] Les univers de travail dans les jeux vidéo (B. Vétel & M. Cocq, 6 juin 2016)

Pour la dernière séance de l’année 2015/16 de mon séminaire EHESS Etudier le cultures du numérique, j’ai eu le plaisir d’accueillir Mathieu Cocq (ENS Cachan) et Bruno Vétel (Télécom ParisTech) pour un débat autour du travail des gamers dans l’industrie des jeux vidéo.

Le séminaire reprendra l’année prochaine, plus grand et plus fort que jamais.

Mathieu Cocq (ENS Cachan)
Le travail des joueurs dans l’industrie du jeu vidéo

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Cette intervention porte sur la participation des joueurs à la création de valeur dans l’industrie du jeu vidéo. Les évolutions récentes des modèles de revenu (monétisation, vente de contenu additionnels, micro-transactions), de production (implication marquée de joueurs à toutes les étapes du développement, sous forme de versions alpha, beta, early-access), et de diffusion (massification du streaming sur des plateformes comme Youtube ou Twitch) nous amènent à penser l’activité des joueurs comme un véritable facteur de production dans l’industrie du jeu vidéo. A travers l’examen d’un matériau qualitatif varié (études de cas, entretiens semi-directifs, observation de plusieurs mois, archives de forums), nous chercherons à donner des éléments d’analyse de ce travail, de la manière dont il est activé et invisibilisé par les entreprises du secteur, de sa rémunération et des conflictualités auxquelles il donne lieu.

Bruno Vétel (Télécom ParisTech)
À quoi jouent les « farmers » ? La construction sociotechnique des activités répétitives des joueurs en ligne. 

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Les jeux en ligne sont caractérisés par la cohabitation de joueurs, qui réalisent des activités plus ou moins monotones. Les plus simples sont exercées par des participants souvent désignés comme des « farmers ». Cette communication s’appuie sur une quarantaine d’entretiens réalisés avec des concepteurs et des joueurs en ligne dans le cadre d’une thèse qui porte sur le jeu en ligne Dofus. Nous décrivons comment les joueurs de Dofus sont encouragés à l’exercice du « farm » par des éléments de design relativement simples qui sont de deux types. Les premiers sont inspirés d’un imaginaire du travail productif, les seconds assurent les circulations des objets du jeu suivant des principes économiques très classiques. Nous montrons que cette construction sociotechnique rend compte d’une séparation des activités de « farm » en fonction du budget que les joueurs peuvent dépenser pour jouer. Un budget qui s’avère souvent lié à leur classe sociale d’origine.

Photo credit: Tereza Ruller @ The Royal Academy of Arts, The Hague. All rights reserved (c) 2015

[Compte rendu séminaire #ecnEHESS] Trebor Scholz “Unpacking Platform Cooperativism” (7 déc. 2015)

Dans le cadre de mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques, nous avons eu le plaisir d’accueillir Trebor Scholz, professeur à la New School for Social Research de New York, où depuis 2009 il coordonne les conférences sur le digital labor dont les actes ont été recueillis dans l’ouvrage Digital Labor: The Internet as Playground and Factory (Routledge, 2012).  Paola Tubaro (LRI-CNRS) assurera le rôle de discutante.

De manière exceptionnelle, cette séance du séminaire s’est déroulée en anglais, le lundi 7 décembre 2015, de 17h à 20h, Amphi B310 de Télécom ParisTech, 46 rue Barrault, 75013 Paris. (A partir de janvier 2016, les séances reprendront à la même heure, en salle 5, EHESS, 105 bd Raspail 75006 Paris).

Retrouvez le livetweet du séminaire sur Twitter : hashtag #ecnEHESS.

Title: Unpacking Platform Cooperativism

Speaker: Trebor Scholz (New School, NYC)

Discussant: Paola Tubaro (LRI-CNRS, Paris)

Abstract: The distrust of the dominant extractive economic model is growing. Companies in the on-demand economy have been criticized for the “nullification of Federal Law,” the elimination of democratic values like accountability, dignity, and rights for workers. Every Uber has an unter; old command has been replaced with new command. However, trying to reverse the spread of contingent work seems futile; it is hard to imagine a return to the days when most people worked a 40-hour week.
Silicon Valley loves a good disruption, so let’s give them one. At the example of five different types of platforms, Scholz will offer ten principles for platform cooperativism and then aim to join the various pieces that make up this puzzle, ranging from ownership, financing, free software, design, and governance, to scale. It is about structural change, cooperative and municipal ownership models, legal protections, inventive unions, a redefinition of innovation, and collective decision-making.

Voilà un commentaire en anglais sur le blog de Paola Tubaro et le Storify de l’événement, concocté par Nicolas Loubet.

Les slides des séances précédentes :

Prochaines séances :

  • 4 janvier 2016Geoffrey Delcroix, Vincent Toubiana (CNIL), Martin Quinn (CVPIP) “Combien coûte un clic : données, industries culturelles et publicité”.

  • 1 février 2016Yann Moulier-Boutang “Capitalisme cognitif et digital labor”.

  • 7 mars 2016Jérôme Denis (Télécom ParisTech) et Karën Fort (Université Paris-Sorbonne) “Petites mains et micro-travail”.

  • 4 avril 2016Camille Alloing (Université de Poitiers) et Julien Pierre (Université Stendhal Grenoble 3) “Questionner le digital labor par le prisme des émotions”.

  • 2 mai 2016Judith Rochfeld (Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Valérie-Laure Benabou (UVSQ) “Le partage de la valeur à l’heure des plateformes”.

  • 6 juin 2016Bruno Vétel (Télécom ParisTech) et Mathieu Cocq (ENS) “Les univers de travail dans les jeux vidéos”.

 

Greek national newspaper I Kathimerini about “Qu’est-ce Que le Digital Labor?” (1 Nov. 2015)

Ioanna Fotiadi interviewed me for the Greek national newspaper I Kathimerini about our recent book “Qu’est-ce que le digital labor?”

Η ΚΑΘΗΜΕΡΙΝΗ
Τα «ίχνη» μας αποδίδουν κέρδη…

ΙΩΑΝΝΑ ΦΩΤΙΑΔΗ

 

Την επόμενη φορά που θα σας κατηγορήσουν ότι «χαζολογάτε» στο facebook και ξημεροβραδιάζεστε ασκόπως μπροστά στον υπολογιστή, απαντήστε χωρίς περιστροφές ότι εργάζεστε. Αν σας αμφισβητήσουν, παραπέμψτε τους στο συγγραφικό πόνημα των Antonio Casilli και Dominique Cardon «Qu’est-ce que le Digital Labor? » [«Τι είναι η ψηφιακή εργασία;»]. «Κάθε μας δημοσίευση, κάθε σχόλιο ή ακόμα και σύνδεσή μας σε εφαρμογή του κινητού ή σε κάποιο από τα κοινωνικά δίκτυα πρέπει να θεωρείται κάτι ανάλογο με εργασία», εξηγεί στην «Κ» κατηγορηματικά ο Ιταλός κοινωνιολόγος Antonio Casilli, ένας από τους δύο συγγραφείς του βιβλίου, καθηγητής στο Paris Tech (Paris Institute of Technology) και συνεργάτης ερευνητής στο EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales).Εως σήμερα μπορεί να θεωρούσαμε τους χρήστες του διαδικτύου «καταναλωτές», στην ουσία όμως αποτελούν την κινητήριο δύναμή του. «Οτιδηποτε μοιραζόμαστε στο διαδίκτυο, όχι μόνο αφήνει ανεξίτηλα “ίχνη’ αλλά θέτει σε εγρήγορση μια ολόκληρη παραγωγική διαδικασία», περιγράφει ο κ. Casilli. «Χωρίς τους χρήστες το Ιντερνετ και οι μεγάλες διαδικτυακές πλατφόρμες δεν θα είχαν λόγο ύπαρξης». Ουσιαστικά, αυτό αφορά κάθε μορφή διαδικτυακής παρουσίας μας στο Ιντερνετ: από ένα απλό κλικ για να δηλώσουμε ότι επικροτούμε κάτι μέσω του like στο facebook ή του RΤ στο Twitter έως ένα κείμενο που θα ανεβάσουμε στο προσωπικό μας blog, μια φωτογραφία στο Instagram, το προφίλ του σπιτιού που υπενοικιάζουμε μέσω airbnb. Αρκεί να φανταστούμε τι θα συνέβαινε αν για ένα 24ωρο κατεβάζαμε όλοι τα χέρια μας από τα πληκτρολόγια εν είδει απεργίας… Θα κατέρρεε το σύστημα ή όχι;Η Google ή το facebook από την καθημερινή μας δραστηριότητα «βγάζει» χρήματα, «από τη διαφήμιση που στηρίζεται στα προφίλ μας, από τα οποία εξάγονται συμπεράσματα για τις κοινωνικές και πολιτικές μας προτιμήσεις». Εξ ου και εμφανίζονται μπροστά μας διαφημίσεις «κομμένες και ραμμένες» στα γούστα μας. «Είναι σαφές, λοιπόν, ότι η ύπαρξη, η λειτουργία και η βιωσιμότητα όλων αυτών των ιστοσελίδων στηρίζεται στη δική μας δραστηριότητα, εμείς δίνουμε τροφή στους αλγορίθμους», υπογραμμίζει ο Ιταλός κοινωνιολόγος. «Και οτιδήποτε παράγει αξία αποτελεί μορφή εργασίας».Ο ίδιος παρομοιάζει την εργασία αυτήν με τις εργατοώρες μιας μητέρας και νοικοκυράς που τα καθήκοντά της αντιστοιχούν σε μια μορφή αδήλωτης εργασίας προς όφελος της οικογένειάς της, που συνήθως υπερβαίνουν αυτά μιας οριοθετημένης εργασίας οκταώρου.Επομένως, στο σύγχρονο ψηφιοποιημένο εργασιακό περιβάλλον εργαζόμαστε επτά μέρες την εβδομάδα, τα δεδομένα μας «αναπαράγονται» ακόμα και όταν κοιμόμαστε ή κάνουμε τζόκιγκ, ενώ βέβαια συνεχίζουμε την εν λόγω άτυπη εργασία μας ακόμα και στις διακοπές – ίσως, μάλιστα, οι ένθερμοι χρήστες των κοινωνικών δικτύων ως αδειούχοι «χτυπούν» περισσότερες υπερωρίες!«Η ψηφιοποιημένη εργασία συνεπάγεται κατ’ ουσίαν μιαν αδιάκοπη προέκταση του πεδίου εργασίας στον χωροχρόνο», παρατηρεί ο Casilli. H εργασία λαμβάνει χώρα εκτός των παραδοσιακά ορισμένων χώρων εργασίας: μπορούμε να γράφουμε από το κρεβάτι ή την παραλία, χωρίς αυτό να μειώνει την αξία της δουλειάς μας – τα κέρδη, δηλαδή, που μπορεί αυτή να αποφέρει στις εταιρείες-κολοσσούς του διαδικτύου. «Οι ίδιες οι εταιρείες ασχολούνται ενδελεχώς με τη δραστηριότητά μας, την οποία αναλύουν συνεχώς, προσδίδοντάς της συνεπώς συγκεκριμένη εμπορική αξία». Αυτό αποτελεί, άλλωστε, και ένα βασικό αντεπιχείρημα έναντι όσων ισχυρίζονται ότι η δραστηριότητα στο Ιντερνετ δεν αποτελεί δουλειά, αλλά διασκέδαση του χρήστη.Η Amazon, που διαθέτει το σύστημα Mechanikal Turk, έχει ξεκινήσει να πληρώνει τους χρήστες έναντι cents για ορισμένα τακτικά καθήκοντα, όπως συμπλήρωση ερωτηματολογίων, οργάνωση των playlists κ.λπ.«Βέβαια, αυτή την τακτική την καθιέρωσε όχι από διάθεση ανταμοιβής των χρηστών, αλλά στοχεύοντας στην ταχύτερη επέκταση της ιστοσελίδας», επισημαίνει ο Casilli.Μεταξύ των χρηστών μπορούμε, σύμφωνα με τον Casilli, να διακρίνουμε δύο κατηγορίες: τους συνειδητούς, που με τη θέλησή τους «τρέφουν» το σύστημα με πληροφορίες, και εκείνους που το κάνουν ασυνείδητα.«Τα όρια μεταξύ των δύο κατηγοριών είναι δυσδιάκριτα. Ουσιαστικά όλοι μας έχουμε μοιραστεί δεδομένα, άλλοτε συνειδητά άλλοτε ασυνείδητα». Μια φωτογραφία των διακοπών που αυθόρμητα μοιραζόμαστε με τους «διαδικτυακούς» μας φίλους μπορεί να θεωρηθεί ως κίνηση «στρατευμένης» βούλησης. «Ας μην ξεχνάμε ότι το σύστημα αποθηκεύει τις γεωγραφικές συντεταγμένες όπου βρισκόμαστε τη στιγμή λήψης της φωτογραφίας, την ημερομηνία, τον τύπο της φωτογραφικής μηχανής, τη διεύθυνση του υπολογιστή μας κ.λπ.». Πόσο διαφορετική θα μπορούσε άραγε να είναι η συμπεριφορά μας αν το facebook, αντί να μας ρωτάει καθημερινά «τι σκεφτόμαστε», μας έθετε το ερώτημα αλλιώς: «Θέλετε να μοιραστείτε αυτό που σκέφτεστε με την παγκόσμια διαδικτυακή κοινότητα»;Κάπου εκεί επανέρχεται το ζήτημα της χρήσης των προσωπικών μας δεδομένων. «Ακόμα και αν είμαστε ανενεργοί ή διαγράψουμε, για παράδειγμα, τον λογαριασμό μας στο facebook, τα προσωπικά μας δεδομένα εξακολουθούν να υπάρχουν και να κυκλ

Source: Τα «ίχνη» μας αποδίδουν κέρδη… | Διαδίκτυο | Η ΚΑΘΗΜΕΡΙΝΗ

New York to San Francisco: my U.S. conference tour (October 20-29, 2015)

If you happen to be in one of these fine US cities, come meet me. I’ll be on a tour to promote a coupla books of mine. Talks are open (but you have to register), plus it’s always a pleasure to have a chat afterwards.

Tour dates

New York City, The New School
Digital Labor in a Material World
I’ll be presenting my latest book Qu’est-ce que le digital labor? (INA, 2015) at the New School, ft. Richard Maxwell (Queens College, CUNY),  Laura Y. Liu and Trebor Scholz (New School).
Oct. 20, 2015
4:30-6PM
The New School, Orozco Room, 66 West 12th Street, 
Room A712
, New York, NY 10011.

 

Pittsburgh, City of Asylum
Four theses on mass surveillance and privacy negotiation
A salon reading about my book Against the Hypothesis of the End of Privacy (Springer, 2014) at the-now mythical Pittsburgh City of Asylum, a sanctuary for exiled and endangered writers in residence.
Oct. 22, 2015
7-9PM
City of Asylum, 330 Sampsonia Way, Pittsburgh,PA 15212.

Boston, Boston Book Festival
Trolls (and what they do to the public sphere)
The French Cultural Center host a talks co-presented with the Boston Book Festival. I’ll be chatting with internet activist Willow Brugh about problematic speech online, its dark sides and how to turn it into a field of opportunities for social justice and civil rights. Somewhat based to my book Les Liaisons Numériques (Seuil, 2010).
Oct. 24, 2015
2-4PM
The French Cultural Center, 53 Marlborough Street, Boston, MA 02116.

 

Berkeley, University of California Berkeley, Berkeley Center for New Media
Negotiating privacy and transparency: a digital labor?
My keynote speech at the Manufacturing Transparency international conference. Based on my books Against the Hypothesis of the End of Privacy (Springer, 2014) and Qu’est-ce que le digital labor? (INA, 2015).
Oct. 28, 2015
9-10AM
Berkeley Center for New Media, 426 Sutardja Dai Hall, University of California Berkeley, CA 94720.

Santa Clara, Santa Clara University, Markkula Center for Applied Ethics
How can someone be a troll?
From Montesqieu to internet trolls… A public lecture at the very heart of the Silicon Valley, to define the ethical role of tech companies in overcoming present-day ambivalent attitudes towards trolling. Based on my books Les Liaisons Numériques (Seuil, 2010) and Qu’est-ce que le digital labor? (INA, 2015).
Oct. 29, 2015
7-8:30PM
Santa Clara University, Vari Hall, The Wiegand Center, 500 El Camino Real, Santa Clara, CA 95053.

NB: unfortunately, due to a time conflict the seminar about “pro-ana” and ED-sufferers online communities previously scheduled at the University of Southern California, Institute for Health Promotion Research, Los Angeles, has been cancelled.

Thanks to the Book Department of the NYC French Embassy and the San Francisco French consulate for building this thing up from scratch.

Chinese media about “Qu’est-ce que le digital labor ?” (Oct. 3, 2015)

After a press release by Taiwanese agency CNA, several Chinese-speaking media outlets have been discussing the central theses of our book “Qu’est-ce que le digital labor ?” (INA, 2015).

臉書廣告賺2000億 義學者:用戶都是免費數位勞工

▲義大利學者卡西立Antonio Casilli。(圖/翻攝自Antonio Casilli推特)

國際中心/綜合報導

社交媒體臉書(Facebook)已經成為多數人生活中不可或缺的一部分。義大利學者卡西立(Antonio Casilli)表示,網路的使用已經成為數位工作的一種;在臉書發文、按讚、分享都具有商業價值,讓業者荷包滿滿,用戶其實已淪為免費的數位勞工。

據法媒《解放報》報導,臉書的登入頁面上寫著:「註冊,永遠免費。」表示不需要付錢,用戶就可以和親朋好友保持聯繫,隨時分享生活中的每一刻,彷彿占了便宜,但羊毛出在羊身上。卡西立表示,「事實上我們是生產者、工作者。每個發文、評論、分享,甚至網上的一舉一動都是工作的行為,更別說那些費心寫成的內容。所有的動作,都被匯入科技公司的大數據中。

►►►秒飛遙遠國度--歡迎「ET看世界」粉絲團

卡西立畢業於義大利大學,在巴黎擔任大學講師,專精數位文化和網路社會學。他表示,「數位工作」指的是連上網路,並留下足跡,可以稱為是「工作」,因為這些足跡具有價值,可以在市場上販賣,而網路公司也不斷地把數據拿來修改演算式。

據了解,臉書今年的廣告利潤將達到68億美元(約新台幣2000億元);每個臉書用戶檔案大約價值11到24美元(約新台幣350到750元),而且這應該是被低估的,因為科技公司提供的數據很可能不透明或是遭到扭曲。

卡西立還說,不能因為大家樂意使用臉書,就否認這是工作,因為感覺到快樂也是促進生產力的誘因之一。他認為,網路工作是新型的認知資本主義(cognitive capitalism),全面滲透在日常生活,模糊了家庭、工作的界線,也引發隱私問題;因為用戶很難得到合理的報酬,卡西立主張,應該要向科技大公司課稅,然後提供每個人基本工資保障。

另一名社會學家胡斯(Ursula Huws)則指出,當前資本主義讓過去非商品的社會關係,也進入經濟範疇、有了利潤空間,科技也瓦解泰勒化生產模式,例如優步(Uber)帶來便利,但工 作業更不穩定;科技便利讓工作零碎化,甚至隱形化,新無產階級誕生,但生產者尚未自覺,仍以為自己是占便宜的消費者。

▼臉書登入畫面,強調永遠免費。(圖/翻攝自臉書)

 

Source: 臉書廣告賺2000億 義學者:用戶都是免費數位勞工 | ETtoday國際新聞 | ETtoday 新聞雲

Troll studies: resources on trolling, vandalism, incivility online [updated Sept. 2015]

This is part of my ongoing research in the field of troll studies. Follow the hashtag #trollstudies on Twitter, or click here for a selection of my videos, articles, and interviews about trolling (French and English).

Peer reviewed articles, conference proceedings, and dissertations

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Bye bye, La Grande Table

Le vendredi 19 juillet 2013, Caroline Broué a accueilli une délégation des chroniqueurs de La Grande Table pour un dernier épisode avant la fin de la saison – et avant de démobiliser « la brigade ». Par ce terme on a désigné, dans le jargon propre à l’émission, le groupe d’une cinquantaine d’écrivains, artistes, chercheurs et intellectuels assortis qui a animé la première partie du magazine culturel du midi sur France Culture. Je l’avais intégré en 2011, sur invitation de Caroline même, et de Raphaël Bourgois, producteur de l’émission. Une expérience enrichissante, qui m’a permis de rentrer dans l’actualité des débats intellectuels français et internationaux, de sortir quelque peu de mon rôle de “docteur ès geekeries”, de côtoyer des personnes que j’admire, et – parfois – de me disputer avec eux à l’antenne 😉

La Brigade de la Grande Table dans les locaux de France Culture. De gauche à droite : (debout) Tobie Nathan, Pascal Ory, Gérard Mordillat, Mathieu Potte-Bonneville, Fabienne Servan-Schreiber, Antonio A. Casilli, Caroline Broué, Dominique Cardon, (assis) Christophe Prochasson, André Gunthert, Raphaël Bourgois.

 

C’est le moment donc de remercier tou(te)s : les autres brigadistes/brigadiers, les journalistes, les producteurs, les stagiaires et les techniciens (la quantité de gens nécessaire pour faire marcher une émission…). Et je vous laisse avec une petite sélection de podcasts d’épisodes de La Grande Table auxquels j’ai eu le plaisir de participer :

L’accès ouvert aux revues en sciences humaines et sociales – 15.04.2013

Beppe Grillo et le populisme 2.0 en Italie – 28.03.2013

Guy Debord à la BNF – 22.03.2013

A propos du rapport de l’Académie des Sciences L’enfant et les écrans – 08.02.2013

Pour les 30 ans du protocôle TCP/IP – 29.01.2013

– A l’occasion de la parution de Karaoke Culture de Dubravka Ugresic – 31.12.2012

A l’occasion du colloque BNF Comprendre le phénomène pro-ana – 29.11.2012

Nouvelles mythologies : de la voiture au smartphone – 04.10.2012

La NSA et le loi LOPPSI : extension du domaine de la surveillance sur Internet – 23.05.2012

Pour le centenaire d’Alan Turing – 25.04.2012

L’affaire Megaupload : le début de « l’Internet de plomb » ? – 08.02.2012

L’intimité à l’épreuve des réseaux sociaux numériques – 05.01.2012

Qu’est-ce que le Digital Labor ? [Audio + slides + biblio]

UPDATE : Qu’est-ce que le digital labor ? est désormais un ouvrage, paru aux Editions de l’INA en 2015. Dans cet ouvrage je passe en revue les études sur le travail des internautes en compagnie de Dominique Cardon.

Audio :

La notion de digital labor fait désormais l’objet de plusieurs publications et colloques de part et d’autre de l’Atlantique. Mais elle reste encore méconnue en France. Le 12 mars 2012, j’ai assuré une intervention lors de la journée co-organisée par la DGT, la DIRECCTE et la Fing Risques et opportunités des transformations du travail à l’ère du numérique.  Voilà l’enregistrement audio :

Digital labor via Réseau FING

Pour aller plus loin, lien vers Digital labor : portrait de l’internaute en travailleur exploité, l’émission du 8 décembre 2012 de Place de la Toile sur France Culture, que nous avons concoctée avec Xavier de la Porte, Yann Moulier-Boutang et Thibault Henneton.

Slides :

Le 26 mars, à l’invitation d’Alexandra Bidet (CNRS), je suis intervenu sur le même sujet au Collège des Bernardins dans le cadre des travaux du séminaire L’entreprise: propriété, création collective, monde commun (Département EHS).

TITRE : Qu’est-ce que le Digital labor ?

INTERVENANT : Antonio A. CASILLI (Telecom ParisTech / EHESS)

RESUME : La parution récente de l’ouvrage ‘Digital Labor. The Internet as playground and factory’, dirigé par Trebor Scholz couronne plusieurs années de recherches et fait connaître au public international un domaine émergent de réflexion autour de l’économie de la contribution d’Internet. Face aux exaltations du “don et contre-don hi-tech” et du rôle des amateurs (qui avaient marqué les études des usages TIC respectivement de la première et de la deuxième partie des années 2000), les théoriciens du digital labor pointent l’apparition d’activités sur les réseaux socio-numériques lesquelles, en tant que productrices de valeur, peuvent s’assimiler à du travail. C’est un travail banal, non spécialisé et à faible valeur marginale, comme effectuer des recherches sur Google, poster un lien sur Twitter, évaluer un produit. Mais c’est bien l’activité qui permet la création d’énormes bases de données exploitables par les géants du Web comme Facebook, ou fait vivre des plateformes d’externalisation massive du travail (crowdsourcing) comme Amazon MTurk. A partir de ce constat, bien des questions se posent : comment ce “travail numérique” réinterroge la notion même du travail et de la (co)production de la valeur ? peut-on parler d’exploitation ? nos vieux cadres d’analyse, nous permettent-ils de penser ce qui se joue là, voire de définir les contours d’un “capitalisme cognitif” ?

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