[Vidéo] Interview sur censure et médias sociaux (RTS, 27 janv. 2021)
Réseaux sociaux: la censure ou la bavure? J’étais l’invité de l’émission Forum sur la Radio Télévision Suisse.

Arrêtez de vous faire du souci pour la santé mentale de Trump : c’est celle de ses Twitter-ouvriers qui est à risque
Dans sa récente contribution lors du symposium re:publica 2016, Sarah T. Roberts soulignait les risques pour la santé mentale (et plus en générale pour la santé au travail) des métiers du secteur du numérique. En particulier, la chercheuse de UCLA se penchait sur la modération de contenus violents ou choquants par des travailleurs de l’ombre, mal payés et souvent dans des situations de précarité. Rentrer chez soi après avoir assisté à des scènes de guerre, de haine, d’abus – et ne pas pouvoir en parler à cause des clauses de confidentialité de son contrat de travail – peut en effet avoir des conséquences néfastes sur la vie de ces travailleurs.
[One worker] indicated to me that although it he was “trained” so to speak to leave the material that he saw on the job and just sort of tap out psychologically and mentally when he left, it was really difficult for him to do that. And in fact he found himself going home and ruminating about the things that he had seen at work.
[Sarah T Roberts, Behind the Screen: The People and Politics of Commercial Content Moderation]
D’où la question : quid des ceux et celles qui ne se limitent pas à modérer la haine, mais dont le métier consiste à produire des messages racistes, dégradants pour femmes et minorités, promouvant la violence et l’exclusion ? Un exemple, parmi d’autres : les tweets de Donald Trump. Plusieurs personnes ont récemment avancé des doutes sur l’équilibre mental du candidat républicain étasunien. La question que nous pouvons poser ici est plutôt comment vivent leur vie professionnelle et personnelle les responsables de la communication de M. Trump ?
Pour répondre à cette question il faudra s’adonner à un petit exercice de mise en visibilité du travail numérique de l’ombre. Par exemple, via cette analyse fort intéressante publiée par David Robinson, le data scientist de Stack Overflow. Elle réalise une comparaison entre les tweets du staff de Donald Trump vs ceux émanant, tel un miasme impur, du monsieur lui-même.
Résumé des résultats principaux :
1) Les tweets des CM de Trump sont envoyés à partir d’un iPhone (Trump tweete depuis Android).
2) Les tweets du staff de Donald Trump sont en général plus positifs niveau sentiment analsys (jusqu’à 80% moins de mots liés à dégoût, tristesse, peur, rage).
3) Les tweets du staff de Trump ont plus de chances de contenir des liens, des photos, des hashtags.
4) Les tweets du staff de Donald Trump se concentrent entre 9h et 20h (ce qui nous en dit beaucoup sur les rythmes de travail de ces responsables comm’).
5) La nécessité d’imiter le style de Trump, renforce l’uniformité des tweets et la structure métrique caractéristique des ”Trump haikus”.
The metrical pattern is deceptively simple: Single clause declarative sentence, single clause declarative sentence, primary adjective/term of derision.
[Josh Marshall, Metrical Analysis of Trump Insult Haiku]
Et la santé au travail ? Le billet de David Robinson se termine justement avec une dernière pensée émue pour la santé mentale du CM de Donald Trump…
A lot has been written about Trump’s mental state. But I’d really rather get inside the head of this anonymous staffer, whose job is to imitate Trump’s unique cadence (“Very sad!”), or to put a positive spin on it, to millions of followers. Is he a true believer, or just a cog in a political machine, mixing whatever mainstream appeal he can into the @realDonaldTrump concoction?
[David Robinson, Text analysis of Trump’s tweets confirms he writes only the (angrier) Android half]
Habemus trollum: why the new Pope's Twitter account 'mirrors' its detractors
On February 2nd, 2013 I wrote this post describing trolling as a defining feature of Pope Benedict XVI’s Twitter presence. After establishing the role of online pontiff-bashing in helping redefine Catholicism, I concluded the Vatican should “feed the trolls”. A week later Joseph Ratzinger resigned. Of course, it’s unrelated. Only an idiot would say there’s a link betweet trolling and papal resignation. And here’s an actual idiot who said just that, in an interview with TIME magazine:
Italian Comedian-Kingmaker Beppe Grillo on Internet and Politics | TIME.com
Soon after the renunciatio, the @pontifex account was semi-discontinued. All tweets uttered in the name of Joseph Ratzinger were deleted, his avatar replaced by the Vatican symbol, the denomination Benedictus XVI supplanted by Sede Vacante (‘Vacant Chair of St. Peter’).
By now, as you know, everything is back to normal, more or less. The cardinals have elected a new Pope, and the pontifical Twitter account is back in the game… with a surprising ALLCAPS message that kind of freaked the hell out of of me. (more…)
Tribune d'Antonio Casilli sur le religieux à l'heure d'Internet (Huffingtonpost, 06 févr. 2013)
A l’occasion du colloque CNRS AFSR Le religieux sur Internet, le Huffingtonpost France donne la parole à Antonio A. Casilli, sociologue et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil), pour une tribune sur l’église catholique, les médias sociaux et les nouvelles hérésies.
» Antonio Casilli: Twitter: s’il vous plaît Votre Sainteté, nourrissez le #troll.
Please Your Holiness, feed the #troll (an open letter to the Pope)
[Update Feb. 11 2013: This post has been also published in the French edition of the Huffingtonpost and featured in Andrew Sullivan’s The Dish as well as in the Catholic Herald.]
> To : Pope Benedict XVI
> From : Antonio Casilli
> Sent: Sun Feb. 3 2013 03:52:22 PM
> Subject: What to do about Twitter trolling
>
Your Holiness,
let me start by saying that I am not a christian, plus I am not particularly appreciative of your work. I am but a modest scholar of digital cultures who has been following, with a professional eye, your recent effort to rebrand your online image. By now, the general public is aware that you and your staff operate the Twitter account @pontifex – and its multilingual permutations @pontifex_fr, pontifex_it, pontifex_es… My sources indicate that this is the brainchild of Jesuit cybertheologian Antonio Spadaro, counselor of the Pontifical Council for Social Communications 1. So it seems only obvious that the Jesuit magazine Popoli commissioned a study to assess how well your online presence has been perceived after a month on Twitter. On the face of it, you did fine. You have been sending out approximately 100 messages in 9 languages, and earned more than 2 million followers altogether. Moreover, you have generated 270,456 responses from your fellow users.
This impressive amount of comments was also used to perform a “sentiment analysis”, to determine the general attitude of the Twittersphere. About 82% of the feedback received was “neutral”, a meager 10% was positive, and 8% negative. Let me break it down for you, Your Holiness: sentiment-wise, your entrance on Twitter has been saluted by a roaring “meh”… The not so brilliant results are summarized in the following infographic:
The Pope on Twitter. Source: Oogo.com (more…)
- Turns out my sources were not completely accurate after all. On Twitter, jesuit theologian Antonio Spadaro clarifies that:
@bodyspacesoc just you to know, Antonio: your sources are wrong. Even if I like & support it, it isn’t a brainchild of mine. Ciao!
— Antonio Spadaro SJ (@antoniospadaro) February 5, 2013
Dans La Repubblica (Italie, 21 juillet 2012)
Le quotidien italien La Repubblica publie une tribune du philosophe Maurizio Ferraris (Université de Turin) sur l’intimité à l’heure des médias sociaux. L’occasion pour citer l’ouvrage Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil) d’Antonio Casilli, maître de conférences en Digital Humanities à Telecom ParisTech et chercheur associé au Centre Edgar Morin (EHESS, Paris).
Pour aller plus loin, lire l’interview accordée par Antonio casilli à La Repubblica.
Dans Marianne (08 juillet 2012)
Le magazine Marianne publie un article d’Elodie Emery et Jules Fournier sur l’usage de Twitter par les écrivains, avec des extraits d’une conversation avec Antonio Casilli, maître de conférences en Digital Humanities à Telecom ParisTech et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
Or le Web n’attaque jamais aussi fort que lorsqu’on le met en cause frontalement et les twittos déchaînés ont largement été repris dans la presse américaine : «Les vrais écrivains gravent leurs textes sur des tablettes en pierre», ironise l’un d’entre eux. En plus des phénomènes de buzz impossibles à anticiper, Twitter impose une nouvelle relation au public qui en a rebuté plus d’un. «Jusque-là, la critique était réservée aux critiques littéraires qui formaient une institution, analyse Antonio A. Casilli, chercheur en sociologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Grâce à Twitter, on assiste à une banalisation et à une démocratisation de la critique qui est assez saine.»
Saine, sans doute, mais qui expose également les écrivains à des attaques directes auxquelles ils ne sont pas habitués. «La question du trolling, ces lecteurs qui critiquent violemment les auteurs, est liée à la pulvérisation de la ligne qui sépare auteur et lecteur», complète le sociologue. A peine arrivé sur le réseau, le «délicat» David Foenkinos est déjà publiquement attaqué sur ses fautes d’orthographe : «Vous ne savez pas écrire “Houellebecq“, ni “écrivain” dans votre biographie ; pour un auteur, c’est pas banal.» Un accueil rugueux qui en a conduit un autre, Yann Moix, à quitter définitivement le site qu’il a qualifié de «dépotoir de phrases».
Dans Milenio (Mexique, 06 juillet 2012)
Le quotidien mexicain Milenio publie une intervention d’Antulio Sánchez inspirée par l’analyse de la signification socio-politique des tweet clash du sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).
El debate electoral y las campañas fueron seguidos por miles de usuarios de las redes sociales que apoyaron a sus respectivos candidatos. Pero a lo largo de las semanas de campaña sobresalieron los ríspidos intercambios entre usuarios, propios de lo que se designa como los tuit clash, un fenómeno caracterizado por la confrontación de las personas en Twitter y que sube de tono en cuestión de minutos.
El tuit clash es un fenómeno en donde se mezclan actitudes ancestrales de las disputas humanas. Para Antonio Casilli (www.bodyspacesociety.eu/) este fenómeno es la continuación de una vieja práctica con nuevas interfaces. Ya en el pasado se conocieron en internet los flame wars. Esto fue propio de la última década del siglo XX, cuando en los foros de Usenet un usuario lanzaba un mensaje provocativo o abordaba un tema polémico que se hacía con el fin de generar discusión, y daba paso a respuestas insultantes. A diferencia del pasado en donde se argumentaba con intercambio de respuestas extensas, que incluso podían durar semanas o meses, hoy en las redes sociales son mensajes cortos y de poca duración.
En México hemos visto en estos días, y semanas atrás, que un sector de usuarios se embarca en una participación apasionada en las discusiones políticas, en donde los consabidos bots y troleros pasan a ser parte del coro que da vida a una especie de tragedia griega.
Lo importante de lo que refiere Casilli, y a la luz del entorno poselectoral que vivimos, es que las democracias contemporáneas se basan en la idea de consenso, en los acuerdos y diálogos razonados. Pero desde su punto de vista los tuits dan paso fácilmente a la confrontación, derivado de que las personas buscan, a través de la expresión de sus pasiones personales y políticas, convencer a otros de los méritos de sus posiciones o creencias.
Todo eso, por lo tanto, da lugar a una manifestación de desacuerdos que tiende a potenciarse con los hashtag, que lo mismo ayudan a describir temas que a generar adherencias, reforzar una postura o destacar atributos políticos. Pero al final el reenvío de los mismos sirve para avivar y multiplicar la disputa o confrontación, y en donde se percibe que el convencimiento arrolla cualquier ingrediente de razón y se nutre gracias a una cascada de dogmas.