Monthly Archives: April 2011

Dans Mondomix (15 avril 2011)

Dans le magazine Mondomix n. 45, un article de Jean-Sébastien Josset et une interview avec Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil). Entre inquiétudes et ivresses, les réseaux sociaux en ligne reconfigurent-ils notre rapport à la mort ?

Les soi-disant mondes virtuels ne font que prolonger, compléter nos interactions sociales hors-ligne. Pour deux milliards de personnes, les événements de l’existence passent aussi par le Web : la naissance, le tissage de relations sociales (l’amitié, l’amour…) et – pourquoi pas ? – la mort. Mais ceci ne veut pas dire qu’ils cessent d’avoir lieu essentiellement dans notre quotidien. Les phénomènes qu’on observe sur le Web, et qu’on a décidé de qualifier de « rituels funéraires » ne sont, dans la plupart des cas, que des versions électroniques de vieux faire-part de décès. Quant à Facebook, la fonction memorial fait surgir un autre ordre de questions. De fait, un mémorial n’est qu’une page comme les autres, dans laquelle certaines fonctionnalités (comme la mise à jour des statuts) ont été désactivées. Même si elles ne sont plus visibles, les informations et surtout les données relationnelles des utilisateurs décédés (leurs listes d’amis, leurs groupes) restent intactes dans les serveurs de Palo Alto. Rien d’étonnant. Facebook est un service qui ne doit son bon fonctionnement qu’à une architecture de données rigide, de laquelle on ne peut pas – pour des raisons techniques – retirer des profils d’utilisateurs. Pensez à la difficulté d’effacer votre compte sur ce réseau social… Les mémoriaux en ligne répondent à la même logique : une fois qu’il est entré dans Facebook, nul ne doit sortir. C’est comme ça que Mark Zuckerberg peut se flatter de plus de 500 millions de profils.

Jean-Sébastien JossetJe

"Vous trouvez ça troll ?" : dans Télérama (16 – 22 avril 2011)

Dans le numéro 3196 de Télérama, Erwan Desplanques signe un dossier consacré aux trolls du Web : “Internet rend-il méchant?”. Les thèses d’Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) y sont exposées : le troll est en réalité un processus social spécifique au Web.

Selon le sociologue Antonio Casilli “personne ne naît troll, tout le monde peut le devenir.” Homme, femme, banquier, chômeur, ministre, étudiant, secrétaire. Aucun profil type, mais une logique simple : une opinion d’internaute déplaît, un autre riposte ; et c’est l’engrenage. […] Affligeant ? Certes, mais pas stérile. Selon les experts, cette catharsis numérique est aussi le signe d’une bonne santé citoyenne. “Le troll est le négatif dialectique, assure Antonio Casilli. Celui qui met les pieds dans le plat, casse les codes, conteste l’autorité. Son intervention est capitale dans le processus social. Il produit du débat et enrichit in fine le qualité du Web.” L’essayiste inscrit les trolls dans le lignée des activistes américains des années 70, puis du mouvement hacker… Le psy Yann Leroux vante leur “vertu socratique”. L’anthropologue Gabrielle Coleman remonte la filiation jusqu’au “trickster” (ou farceur), “une figure ambivalente, porteuse de bruit, de désordre, de mouvement”, présente des mythologies précolombiennes aux comédies de Shakespeare.

A propos du livre “Les liaisons numériques” d’Antonio Casilli, à lire aussi dans Télérama “Un autre lien social” et “Mon ‘friend’ est-il mon ami ?” .

Conférence d'Antonio Casilli à Euro Cos (Strasbourg, 16 avril 2011)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) interviendra samedi 16 avril 2011 dans le cadre des journées d’étude Euro Cos 2011 “Internet : des promesses pour la santé” qui auront lieu à la Clinique Sainte-Barbe, Groupe Hospitalier Saint-Vincent (29, rue du Faubourg National, Strasbourg). Pour télécharger le programme cliquer ici.

L’internet est depuis sa création un lieu de mobilisations et de contestation des pouvoirs biomédicaux par des groupes de patients organisés. Une histoire de la relation entre institutions de santé et usagers de services en ligne doit d’abord prendre en compte les utopies de la santé parfaite et les peurs de diffusion incontrôlée d’informations et de données scientifiques ayant animé – de manière certes différente – ces deux ensembles d’acteurs.
De surcroît, la démocratisation des interactions sociales assistées par les ordinateurs des dernières années va de pair avec un déplacement progressif des scènes de l’exclusion et de l’isolement social. La formation de communautés en ligne refusant ou critiquant la médiation médicale semble orientée à compenser cette exclusion par le développement de formes alternatives de capital social.
Les communautés de patients du Web restituent de façon originale un ensemble de conflictualités. En négociant et en articulant la médiation biomédicale de leurs pratiques de santé, ces sujets mettent en place des processus constamment oscillant entre revendication d’autonomie et besoin de caution épistémique.

Dans la revue Etcétera (Mexique, n. 125, avril 2011)

Dans le numéro d’avril 2011 d’Etcétera, revue mexicaine d’analyse des médias, un dossier très dense d’A. Pasquali (“La revolución del dígito-binario: sombras y luces”) présente les travaux d’Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil).

En su reciente Liaisons numériques, el sociólogo Antonio Casilli defiende convincentemente la tesis de que las TIC’s ya no son desocializantes como lo fueron durante el reinado de la radiotelevisión, sino que simplemente reconfiguran nuestra manera de ser en sociedad aportando ellas mismas un “suplemento de sociabilidad”, una nueva dimensión de interacción social “asistida por computadora”. Dentro de algún tiempo nuestros años serán recordados como los del explosivo “destape” de la inter- comunicabilidad total, del retorno a un ágora del tamaño del mundo, de una nueva y superior intersubjetividad, del todos-emisores-receptores, tras siglos y decenios de comunicación unidireccional asimétrica con sus escribas, comunicadores fuertes y dueños de la palabra; una época que ciertamente cometió exageraciones, borracheras de SMS, Facebook y Twitter, excesos orgiásticos de una inédita libertad de emitir que el tiempo terminará reduciendo a más manejables y adultas dimensiones. Pero años de un desplazamiento de fronteras en la acumulación de saberes y en las dimensiones del comunicar de las que la humanidad no volverá más nunca atrás.

Doctoring Fukushima: from nuclear catastrophe to natural bodily function

In the wake of the Fukushima nuclear accident, an interesting video has been circulating. Disguised as an educational animation targeting children, it is actually an anonymous pro-nuclear propaganda feature based on a tweet by media artist Kazuhiko Hachiya. Nuclear Boy (a character representing Fukushima Dai-Ichi nuclear plant) has a bad case of stomach-ache. A series of defecation-based incidents ensue. Doctors take turn to ease his condition and hopefully they will help him avoid ‘Tchernobyl diarrea scenario’.

Scatological humor aside, what is interesting here is the concurring efforts to medicalize and to naturalize a nuclear disaster. If the explosion of a reactor is comparable to defecation, it becomes a natural bodily function. It is thus inscribed in the normal course of events. It is even vital that Nuclear Boy ‘passes some gas’ at some point. In this case, like in others I’ve been discussing in this blog, the negative effects of human-made technologies are normalized by inscribing them into a medical  discourse about the body. As far as medical knowledge is summoned up to provide scientific backing to the claim that ‘everything is for the best’, the entire event becomes a moralizing hygiene lesson comparable to those that early 20th institutions used to deliver to the masses.

Le troll: bête noire ou dieu du Web ? Podcast d'Antonio Casilli (Radio Suisse Romande, 04 avril 2011)

Le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil), est l’invité de Jean-Olivier Pain dans l’émission On en parle de lundi 4 avril 2011 sur la 1ère, chaîne de la Radio Suisse Romande (RSR). Le sujet : le troll, cette figure de “rebelle sans cause du Net”, et ses multiples facettes – politiques, culturelles et sociales.

Les raisons qui poussent un Internaute à devenir Troll ? Les explications varient selon le domaine de recherche. Les psychologues pourraient dire qu’il s’agit de certains trait de la personnalité de l’internaute qui les poussent à tenir des propos désobligeants. Les anthropologues pourraient dire qu’il s’agit des contextes culturels qui favorisent l’émergence de comportements de trolling. En tant que sociologue j’ai plutôt tendance à expliquer ces comportements en termes de processus social. On est troll pour provoquer des changements dans le positionnements des individus dans les réseaux. Parfois il s’agit de contester certaines autorités et hiérarchies qui se créent dans les forums de discussion ou dans les communautés en ligne – ces trolls sont là pour faire émerger de nouveaux contenus […] D’autres sociétés ont connu des figures qui ressemblent beaucoup aux trolls. Bien avant le Web on connaissait la figure anthropologique du trickster. Ce terme anglais désigne le dieu qui joue des tours aux êtres humains. C’est un personnage qui est capable de bouleverser certains équilibres – que l’on connaissait même dans des mythologies très anciennes.

Cliquer ici pour écouter le podcast – Le troll, la bête noire du Net

What is medicine all about? Staring at screens

Recently, the New York Times’s blog dealing with health and medicine, Well, featured an interesting piece on Desktop medicine. The author Pauline W. Chen, M.D., maintains that medical profession has been profoundly changed by the advent of desktop computers. In the past, doctoring was all about “sitting at patients’ bedside”. Today, it’s basically about staring at a screen. The article is quick to point out that this reflection is not exempt from a certain nostalgic idealization of the past.

I would add that saying that “we have gone from bedside medicine to desktop medicine” as a bit of an ideological dimension to it, too – as far as it relies on a technodeterministic meta-narrative (“computer-mediated communication is superseding face-to-face social interaction”, “machine automation replace human labour”, “robots will rule the world”, and so on). (more…)

Conférence d'Antonio Casilli aux Hôpitaux Universitaires de Genève (08 avril 2011)

Vendredi 8 avril 2011, le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Seuil) assurera la conférence d’introduction des rencontres de Genève “La douleur de la synapse à Internet : une question de communication”, organisées par la Société Suisse pour l’Etude de la Douleur (Schweizerische Gesellschaft zum Studium des Schmerzes). Sa présentation “Le stéthoscope et la souris : savoirs médicaux et imaginaires numériques du corps” portera sur l’impact des cultures technologiques sur la pratique médicale. Télécharger le programme ici.