Monthly Archives: September 2012

"Les sciences sociales et les TIC" : un essai d'Antonio Casilli dans Read/Write Book 2 (2012)

Le deuxième volume de Read Write Book, ouvrage scientifique dirigé par Pierre Mounier, accueille une contribution d’Antonio Casilli, sociologue et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Editions du Seuil). Le texte, transcription de la conférence donnée par l’auteur dans le cadre de la journée internationale de rencontres Sciences sociales 2.0 (ENS Lyon, 17 novembre 2011), est disponible gratuitement en ligne sur le site de l’éditeur.

Référence papier

Antonio Casilli, « Comment les usages numériques transforment-ils les sciences sociales ? », in Pierre Mounier (dir.), Read/Write Book 2, Marseille, OpenEdition Press (« Collection « Read/Write Book » »), 2012, p. 239-247.

Référence électronique

Antonio Casilli, « Comment les usages numériques transforment-ils les sciences sociales ? », in Pierre Mounier (dir.), Read/Write Book 2, Marseille, OpenEdition Press (« Collection « Read/Write Book » »), 2012 [En ligne], mis en ligne le 21 septembre 2012, consulté le 04 octobre 2012. URL : http://press.openedition.org/286 ; DOI : 10.4000/pressopeneditionorg.286

Dans Les Echos (20 sept. 2012)

Dans le quotidien Les Echos, l’économiste Régis Chenavaz parle de contrôle, filtrage et censure des réseaux numériques. L’occasion pour citer les travaux sur les situations de violence civile des sociologues Paola Tubaro (Université de Greenwich, R-U) et Antonio A. Casilli (Télécom ParisTech), auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

Les sociologues Antonio Casilli et Paola Tubaro soutiennent que le blocage complet des réseaux sociaux augmente paradoxalement le niveau moyen de violence dans une société.  Avec un contrôle plus lâche des réseaux sociaux, les expressions de violence seraient – à l’image d’une soupape – plus intenses, mais se produiraient moins souvent. À l’inverse, avec un contrôle plus prononcé des réseaux sociaux, les individus étant incapables de se regrouper, les réactions violentes seraient d’intensité moindre, mais d’une fréquence plus élevée. Au final, la suppression des moyens de coordination comme les réseaux sociaux ne résout pas le problème des émeutes.

Pour une démocratie, la forme et le niveau de contrôle des réseaux sociaux dépendent du type et de la sévérité de la menace. Le blocage complet semble inadapté pour des groupes de petite taille, surtout si leurs revendications n’inquiètent pas directement les autorités. À ce titre, dans la lutte entre les autorités et les émeutiers, la meilleure stratégie n’est pas le blocage de communication, mais la surveillance des communications. L’utilisation des réseaux sociaux pourrait dès lors être risquée pour les émeutiers. En effet, les réseaux sociaux facilitent leur coordination, mais augmentent leur visibilité.

Pour un régime autoritaire, le blocage complet des réseaux sociaux peut être la meilleure réponse des autorités face à une opposition massive, surtout lorsque cette coordination représente une menace pour la survie même du régime. La survie d’un régime autoritaire en Corée du Nord ou en Mongolie témoigne de l’efficacité de ces blocages. Cette stratégie est parfois insuffisante comme pour la révolution égyptienne où les autorités ont bloqué les réseaux sociaux sans pour autant contenir ces mouvements.

"Être présent en ligne" : Antonio Casilli dans la revue Idées Economiques et Sociales (n. 169, sept. 2012)

Comment construit-on concrètement sa présence en ligne ? Dans le numéro 169 de la revue Idées Economiques et Sociales le sociologue Antonio A. Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Editions du Seuil) montre comment la structure des communautés sur Internet et les pratiques de leurs membres évoluent conjointement.

Cultures numériques : enseignements, recherches et chroniques de la rentrée

Dear all,

après un retour de vacances un tantinet agité, je trouve enfin une minute pour respirer, m’asseoir devant mon clavier et vous dresser une liste des nouveautés de la rentrée.

Enseignement

Pour l’année universitaire 2012-13 mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques reprend le 20 novembre. Rendez-vous le 3e mardi du mois, de 17h à 19h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris). Pour s’inscrire en auditeurs libres c’est par ici.

http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2012/ue/913/

EHESS : Enseignement 2012-2013 — Étudier les cultures du numérique

Mon activité d’enseignement auprès des élèves ingénieurs de Telecom ParisTech s’articulera sur trois cours :

Cultures et sociabilités du numérique (SES223, 1er semestre, période 1, du 3 oct. au 28 nov. 2012). Une unité d’enseignement pour les étudiants de Master, dans laquelle je vais analyser des notions propres aux SHS (identité, communauté, normes, etc.) au prisme des phénomènes sociaux du numérique (plateformes de socialisation, communautés de discussion, réseaux de partage, etc.).
Militer sur le Web social (FH265, 2e semestre, période 3, du 20 févr. au 3 avr. 2013). Un module de Formation Humaine autour d’un projet de groupe : concevoir, monter et mettre en place une “cause” en ligne (levée de fonds, campagne de sensibilisation, association citoyenne, etc.).
Pratiques et analyses de communication écrite (SES102). Un cours d’initiation à la communication écrite pour les étudiants de première année, avec (pour ma part) une forte orientation écritures participatives en ligne.

Recherche

Avec Paola Tubaro et Yassaman Sarabi, nous avons passé l’été à travailler sur deux projets qui nous tiennent particulièrement à cœur. Le premier est l’étude ICCU (Internet Censorship and Civil Unrest), une recherche sur les usages informatiques en situation d’émeute que j’avais déjà présenté à TEDx. Une version remaniée de notre étude (initialement parue en 2011), vient d’être publiée dans le Bulletin of Sociological Methodology. Pour en savoir davantage,  lisez par ici.

Le deuxième est le projet THEOP (Testing the Hypothesis of the ‘End-Of-Privacy’), dans le cadre duquel nous venons tout juste de finaliser un rapport rendu à la Fondation CIGREF. Cette étude analyse les controverses relatives aux politiques de protection de la vie privée sur les médias sociaux. Les résultats sont assez impressionnants : non seulement la privacy en ligne a encore de beaux jours devant elle, mais on arrive à montrer sous quelles conditions des “cycles de privacy” se mettent en place :  les plateformes de networking forcent une norme de transparence auprès des usagers, ces derniers réagissent en surprotégeant leurs pages en ligne, les plateformes doivent forcer à nouveau, et ainsi de suite. Le projet continue et nos résultats seront progressivement présentés sur le blog Presence, hébergé sur la plateforme Hypothèses.

http://www.anamia.fr/

Anamia : page d’accueil du questionnaire en ligne

Mais la grande nouveauté de cette rentrée 2012 est le Symposium ANAMIA qui se tiendra le 14 décembre 2012 au Petit Auditorium de la Bibliothèque Nationale de France (site F. Mitterrand, Paris) ! ANAMIA (La sociabilité “Ana-mia” : une approche des troubles alimentaires par les réseaux sociaux) et l’un de nos projets les plus ambitieux. Il nait d’une collaboration entre EHESS, CNRS, Institut Mines-Télécom, UBO et Université de la Méditerranée. Le projet, financé par l’ANR, étudie depuis 2010 les communautés en ligne et les réseaux de socialisation des personnes atteintes de troubles de conduites alimentaires en France et dans les pays anglo-saxons. Les résultats mettent à mal plusieurs des idées reçues relatives au « pro-ana » et aux subcultures « déviantes » en ligne. Nous avons commencé à les présenter à la communauté scientifique et au grand public. A suivre, le programme complet et les modalités pratiques du symposium.

Médias

Dans mon monde idéal, je mène une vie de reclus. Assis dans un fauteuil au centre d’une pièce tapissée de photos de Theda Bara et de Borges, je fume un chibouque à longueur de journée, avec pour tout fond sonore des madrigaux de Monteverdi. Dans mon monde idéal, je suis total ringard. Mais au moins mon téléphone ne sonne pas, les mails intempestifs ne surgissent pas sur mon écran et les journalistes ne me sollicitent pas pour la moindre affaire de chiens écrasés sur les autoroutes de l’information. Après mûre réflexion, je suis arrivé à la conclusion qu’il y a au moins une chose que je peux faire pour aller progressivement vers mon existence rêvée (et ce n’est pas de m’acheter un chibouque) : arrêter de répondre aux journalistes, ou du moins quadriller ma présence médias, en arrêtant de me disperser et de passer des heures à débattre des questions que d’autres ont formulées.

Tout ce long préambule pour vous dire qu’à partir de maintenant je vais limiter mes activités médiatiques à deux chroniques :

• sur France Culture, je reprends pour cette année ma place à La Grande Table, magazine culturel de la mi-journée animé par Caroline Broué. Avec moi, la même équipe de chercheurs et d’écrivains de l’année dernière : Catherine Clément, François Cusset, Eric Fassin, Michaël Foessel, André Gunthert, Sylvie Laurent, Hervé Le Tellier, Tobie Nathan, Ruwen Ogien, Pascal Ory, Christophe Prochasson, Fabienne Servan-Schreiber – pour n’en citer que quelques uns.

• [BREAKING] : OWNI m’a proposé de tenir une rubrique – et j’ai dit oui. J’ai donc le plaisir de vous annoncer la naissance de Addicted to Bad Ideas, une chronique hebdomadaire sur les cultures numériques, les recherches universitaires innovantes et d’autres bizarreries assorties.

http://owni.fr/

OWNI, News, Augmented

Ceci ne veut pas dire que je vais arrêter d’écrire sur ce blog : les billets seront co-publiés sur OWNI et sur Bodyspacesociety.

Et voilà, c’est tout. Donc on se revoit très prochainement, folks !

"Tu"-itter ? Antonio Casilli interviewé par BBC News (06 sept. 2012)

Sur BBC News, Rebecca Lawn interviewe Antonio Casilli, sociologue et auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Editions du Seuil) pour analyser les codes de la communication sur les médias sociaux. Proximité émotionnelle, sens de la communauté et… fin du vouvoiement ?

[L’article a été repris par la presse en France (Le Monde, RSLN), Japon (Solidot), et Belgique (La Libre Belgique, 7sur7), Arabie Saoudite (Arab News), Lituanie (Lrytas).]

“Tu” is normally for family and friends, but when you’re communicating through @ symbols, joining networks and tweeting under a pseudonym, a formal “vous” can seem out of place, even to someone you’ve never met.

Antonio Casilli, professor of Digital Humanities at Telecom ParisTech engineering school, says the web has been used as a tool for breaking down social barriers from its very beginning, resulting in a distinctively “egalitarian political discourse”.

The pervasive pattern of speech on the web in the 1990s, he says, was “cyber-utopian California-style libertarian discourse, inherited from 1960s counter-culture”.  And the egalitarian spirit remained when the “participatory web” came of age in the mid-2000s, he suggests.  Social networking sites such as Twitter take this one step further, adopting codes “characterised by a heightened sense of emotional proximity”, such as friending on Facebook, he says.  Twitter, meanwhile, follows on from a long line of internet forums where users could be anonymous.

[…] Addressing someone as “vous” – or expecting to be addressed as “vous” – on the other hand, implies hierarchy.  It is, as Casilli puts it, “a major break in the code of communication… an attempt to reaffirm asymmetric social roles… a manifestation of distance that compromises social cohesion”.