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« Réalité, leurre et simulacre » (France Culture, La Grande Table, 06 juin 2012)

Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, à l’occasion de la parution du livre Paris est leurre de Xavier Boissel. Pour en parler, sur le plateau de Caroline Broué, l’historien Christophe Prochasson, l’écrivain Marc Weitzmann et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

A la fin de la première guerre mondiale l’armée française, craignant les attaques aériennes allemandes, décide de recourir à une “ruse de guerre” : faire surgir, à quelques kilomètres à peine de la capitale, un faux Paris, avec des gares en bois, des monuments en plâtre et des usines en toiles translucides pour tromper les pilotes ennemis. Ce projet – jamais abouti – est le point de départ de “Paris est un leurre”, petit ouvrage curieux de Xaviel Boissel, tout juste publié aux éditions Inculte. L’auteur entreprend tout d’abord une exploration de l’endroit où ce faux Paris était censé être bâti, à l’Orme de Morlu, tout près de Villepinte. Son but déclaré : tenter l'”épuisement d’un lieu”, selon la démarche préconisée par Georges Perec. Mais d’autres penseurs (de Jean Baudrillard à Carl von Clausewitz, de Guy Débord à Mike Davis) l’entrainent dans un périple qui, en passant par la théorie militaire et par l’histoire de l’art, l’amène a conclure que le vrai Paris “n’est qu’un moment du faux”…

"Alan Turing : impardonnable ?" – podcast d'Antonio Casilli (France Culture, La Grande Table, 24 avr. 2012)

Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, consacré à la figure du mathématicien (et père de l’intelligence artificielle) Alan Turing, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Pour en parler avec Raphaël Bourgois, Marc Weitzmann, Hervé Le Tellier et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

Pour écouter d’autres podcast d’Antonio Casilli sur France Culture.

Alan Turing, l’« impardonnable » ? Pionnier de l’intelligence artificielle, père des ordinateurs numériques contemporains, mathématicien de génie, cryptanalyste capable de craquer les codes super-secrets de l’armée nazie, de son vivant Alan Turing est persécuté à cause de son homosexualité. Après son arrestation en 1952, il est obligé à un choix cornélien : la prison ou la castration chimique. Il choisit la deuxième option, mais n’arrivera pas à surmonter ce traumatisme. En 1954 il se donne la mort en croquant… une pomme empoisonnée.

Les circonstances de son décès redeviennent d’actualité aujourd’hui. Alors que les célébrations pour le centenaire de sa naissance s’enchaînent partout dans le monde (v. le grand colloque à l’ENS de Lyon début juillet), en Angleterre une polémique autour de l’opportunité politique d’accorder officiellement le pardon à ce génie de l’informatique oppose les 21 000 signataires d’une pétition présentée au gouvernement britannique et la Chambre des Lords, officiellement contraire à cette mesure.

Pourtant les raisons pour accorder ce pardon sont évidentes : les travaux d’Alan Turing ont eu une influence remarquable sur les mathématiques, mais aussi dans des domaines fort éloignés tels la biologie, la philosophie et les sciences de l’ingénieur. Alors pourquoi, après toutes ces années, Turing est encore “impardonnable” ? Non pas à cause de sa sexualité, même si la question du traitement des “déviants sexuels” enflamme encore l’opinion publique britannique.

Peut-être cet acharnement doit être imputé moins à sa vie privée qu’à son héritage scientifique. Pour sa transdisciplinarité, pour sa puissance visionnaire, le travail de Turing soulève des questions imposantes, auxquelles nous n’avons pas encore trouvé une réponse. La possibilité même de l’intelligence artificielle ne cesse de provoquer de débats passionnés au sein de la communauté scientifique. Si la pensée est un processus simulable, qu’en est-il de la spécificité de la pensée humaine ?

Sans parler de l’hypothèse de la Singularité (la confluence d’hommes et machines en une superintelligence), autour de laquelle les géants des nouvelles technologies créent des initiatives spectaculaires (v. la Singularity University de Google) et que Turing avait préfiguré en 1950, avec le célèbre Test qui porte son nom : une épreuve pour évaluer la capacité des machines à se faire passer pour des êtres humains.

Selon le scientifique anglais les ordinateurs numériques auraient été capables de passer son test avant la date symbolique de l’année 2000. Pour la petite histoire, à l’occasion de l’édition 2000 du Loebner Prize in Artificial Intelligence, aucun des logiciels en lice n’est arrivé à tromper les juges. De ce point de vue-là, la prophétie de Turing ne s’est réalisée… Est-ce aussi pour cela qu’il demeure “impardonnable” ?

De la contagion médicale à la viralité informatique. Podcast d'Antonio Casilli (France Culture, La Grande Table, 20 janv 2012)

Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, consacré à la notion de contagion. Pour en parler avec Caroline Broué autour du numéro 21 de la revue de sciences humaine Tracés, les philosophes Michael Foessel et Mathieu Potte-Bonneville et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). Ecouter le podcast.

A lire aussi, Virus, viralité, viscéralité ? (intervention d’Antonio Casilli à l’EHESS, 9 décembre 2010) et A History of Virulence (article d’Antonio Casilli publié dans la revue Body and Society, vol. 16, n. 4, 2010).

La « contagion » est un terme médical que les sciences humaines récupèrent progressivement. Que l’on parle de « contagion de la crise économique » ou de « contagion démocratique », la métaphore est riche en connotations et symboliques. En revenant sur l’épaisseur historique de la notion, l’utilisation de la métaphore dit quelque chose du présent et du rapport à l’autre. Elle nous parle surtout de la dimension interindividuelle et communicationnelle de la contagion. Ce qui nous permet de reconnaître, avec les auteurs de ce numéro de la revue Tracés que nous habitons un monde d’épidémies autant réelles qu’informatiques. Et que ces dernières, dans un jeu idéologique très ambivalent et paradoxal, prennent une connotation positive : sur Internet, la viralité devient synonyme de circulation incontrôlée de l’information, de transparence, de liberté.

Privacy en ligne : podcast d'Antonio A. Casilli (France Culture, La Grande Table, 5 janv. 2012)

Podcast de La Grande Table, le magazine culturel de la mi-journée sur France Culture, consacré à la vie privée en ligne. Pour en parler avec Caroline Broué autour du livre de Jeff Jarvis Public parts, l’historien André Gunthert, le journaliste Philippe Trétiack et le sociologue Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil).

A lire aussi, La fin de la vie privée en ligne ? (intervention d’Antonio Casilli au congrès de l’AFS de Grenoble, 05 juillet 2011) et Surveillance participative et vie privée en réseau (présentation d’Antonio Casilli au colloque “Internet y el futuro de la democracia”, Espagne, 20 déc. 2011)