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[Vidéo] Conférence de lancement de “En attendant les robots” (Musée des Arts et Métiers, 3 janv. 2019)

Vidéo de la soirée de présentation de mon ouvrage En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic (Éditions du Seuil), qui a eu lieu le 3 janvier 2019 au Musée des Arts et Métiers de Paris. La rencontre, dans le cadre du cycle “Paroles d’auteurs”, a été animée par Thomas Baumgartner.


L’essor des intelligences artificielles réactualise une prophétie lancinante : avec le remplacement des êtres humains par les machines, le travail serait appelé à disparaître. Si certains s’en alarment, d’autres voient dans la « disruption numérique » une promesse d’émancipation fondée sur la participation, l’ouverture et le partage.
Les coulisses de ce théâtre de marionnettes (sans fils) donnent cependant à voir un tout autre spectacle. Celui des usagers qui alimentent gratuitement les réseaux sociaux de données personnelles et de contenus créatifs monnayés par les géants du Web. Celui des prestataires des start-ups de l’économie collaborative, dont le quotidien connecté consiste moins à conduire des véhicules ou à assister des personnes qu’à produire des flux d’informations sur leur smartphone. Celui des microtravailleurs rivés à leurs écrans qui, à domicile ou depuis des « fermes à clic », propulsent la viralité des marques, filtrent les images pornographiques et violentes ou saisissent à la chaîne des fragments de textes pour faire fonctionner des logiciels de traduction automatique.
En dissipant l’illusion de l’automation intelligente, Antonio Casilli fait apparaître la réalité du digital labor : l’exploitation des petites mains de l’intelligence « artificielle », ces myriades de tâcherons du clic soumis au management algorithmique de plateformes en passe de reconfigurer et de précariser le travail humain.

Les nouveaux défis de l’analyse des réseaux (The Conversation, 2 novembre 2017)

Le 5 et 6 décembre 2017, le colloque Recent Ethical Challenges in Social Network Analysis (RECSNA17) aura lieu à Paris : une rencontre internationale et interdisciplinaire que je coorganise avec une équipe de chercheurs français et anglais. Les inscriptions sont gratuites et ouvertes jusqu’au 30 novembre.

Pour lancer le débat et pour énoncer les thématiques qui seront traitées lors du colloque, le site web The Conversation a publié une tribune que j’ai coécrit avec Paola Tubaro.

Il faut repenser l’éthique de la recherche des réseaux sociaux

(…)

“Depuis longtemps, les universitaires s’interrogent sur ces difficultés éthiques : déjà en 2005 la revue Social Networks dédiait un numéro à ces questions. Les dilemmes des chercheur.e.s sont exacerbés aujourd’hui par la disponibilité accrue de données relationnelles collectées et exploitées par les géants du numérique comme Facebook ou Google. Des problèmes nouveaux surgissent dès lors que les frontières entre sphères « publique » et « privée » se brouillent. Dans quelle mesure a-t-on besoin d’un consentement pour accéder aux messages qu’une personne envoie à ses contacts, à ses « retweets », ou à ses « j’aime » sur les murs des amis ?

Les sources d’information sont souvent la propriété d’entreprises commerciales, et les algorithmes que celles-ci utilisent biaisent les observations. Par exemple, un contact créé par un usager de sa propre initiative, et un contact créé sous le conseil d’un système de recommandation automatisé peuvent-ils être interprétés de la même manière ? Bref, les données ne parlent pas par elles-mêmes, et il faut s’interroger sur les conditions de leur usage et sur les modalités de leur production, avant de penser à leur traitement. Ces dimensions sont profondément influencées par les choix économiques et techniques ainsi que par les architectures logicielles imposées par les plateformes.

Mais une réelle négociation entre les chercheur.e.s (surtout dans le secteur public) et les plateformes (parfois émanant de grandes entreprises multinationales) est-elle possible ? L’accès aux données propriétaires ne risque-t-il pas d’être freiné, ou inégalement distribué (de manière potentiellement pénalisante pour la recherche publique, surtout quand elle est mal alignée avec les objectifs et les priorités des investisseurs) ?

D’autres problèmes surgissent dans la mesure où un.e chercheur.e peut même avoir recours à du crowdsourcing payé pour produire des données, en utilisant des plateformes comme Amazon Mechanical Turk pour demander à des foules de répondre à un questionnaire, ou même de télécharger leurs listes de contacts en ligne. Mais ces services mettent en cause d’anciens acquis en termes de conditions de travail et appropriation de son produit. L’incertitude qui en résulte entrave des recherches pourtant susceptibles d’avoir des retombées positives sur la connaissance et la société au sens large.

Les possibilités de détournement des résultats de la recherche pour des finalités politiques ou économiques sont multipliées par la disponibilité d’outils de communication et publication en ligne, que les chercheur.e.s sont désormais nombreux à saisir. Si l’intérêt des milieux militaires et policiers pour l’analyse des réseaux sociaux est bien connu (Osama Ben Laden aurait été localisé et neutralisé suite à l’application de principes d’analyse des réseaux sociaux), ces appropriations sont plus fréquentes aujourd’hui, et moins facilement contrôlables par les chercheur.e.s. Un risque non négligeable est l’usage de ces principes pour réprimer des mouvements civiques et démocratiques.”

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Bye bye, La Grande Table

Le vendredi 19 juillet 2013, Caroline Broué a accueilli une délégation des chroniqueurs de La Grande Table pour un dernier épisode avant la fin de la saison – et avant de démobiliser « la brigade ». Par ce terme on a désigné, dans le jargon propre à l’émission, le groupe d’une cinquantaine d’écrivains, artistes, chercheurs et intellectuels assortis qui a animé la première partie du magazine culturel du midi sur France Culture. Je l’avais intégré en 2011, sur invitation de Caroline même, et de Raphaël Bourgois, producteur de l’émission. Une expérience enrichissante, qui m’a permis de rentrer dans l’actualité des débats intellectuels français et internationaux, de sortir quelque peu de mon rôle de “docteur ès geekeries”, de côtoyer des personnes que j’admire, et – parfois – de me disputer avec eux à l’antenne 😉

La Brigade de la Grande Table dans les locaux de France Culture. De gauche à droite : (debout) Tobie Nathan, Pascal Ory, Gérard Mordillat, Mathieu Potte-Bonneville, Fabienne Servan-Schreiber, Antonio A. Casilli, Caroline Broué, Dominique Cardon, (assis) Christophe Prochasson, André Gunthert, Raphaël Bourgois.

 

C’est le moment donc de remercier tou(te)s : les autres brigadistes/brigadiers, les journalistes, les producteurs, les stagiaires et les techniciens (la quantité de gens nécessaire pour faire marcher une émission…). Et je vous laisse avec une petite sélection de podcasts d’épisodes de La Grande Table auxquels j’ai eu le plaisir de participer :

L’accès ouvert aux revues en sciences humaines et sociales – 15.04.2013

Beppe Grillo et le populisme 2.0 en Italie – 28.03.2013

Guy Debord à la BNF – 22.03.2013

A propos du rapport de l’Académie des Sciences L’enfant et les écrans – 08.02.2013

Pour les 30 ans du protocôle TCP/IP – 29.01.2013

– A l’occasion de la parution de Karaoke Culture de Dubravka Ugresic – 31.12.2012

A l’occasion du colloque BNF Comprendre le phénomène pro-ana – 29.11.2012

Nouvelles mythologies : de la voiture au smartphone – 04.10.2012

La NSA et le loi LOPPSI : extension du domaine de la surveillance sur Internet – 23.05.2012

Pour le centenaire d’Alan Turing – 25.04.2012

L’affaire Megaupload : le début de « l’Internet de plomb » ? – 08.02.2012

L’intimité à l’épreuve des réseaux sociaux numériques – 05.01.2012

Slides du séminaire EHESS d'Antonio Casilli “Contre l’hypothèse de la fin de la vie privée” (20 nov. 2012)

La première séance de mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques pour cette année universitaire a eu lieu le mardi 20 novembre 2012 à l’EHESS. Merci à tou(te)s les participant(e)s pour leur présence, leurs commentaires et leur enthousiasme. Voilà les slides de ma présentation.

TITRE : “Contre l’hypothèse de la ‘fin de la vie privée’ sur les médias sociaux : négociabilité et cyclicité de la privacy”

RESUME : “Au sein de la communauté internationale plusieurs voix se lèvent pour dénoncer l’érosion inexorable de la vie privée dans le  contexte des usages actuels du Web social. En s’adonnant à une surveillance mutuelle et participative, les internautes renoncent-ils volontairement à la protection de leurs données personnelles ? Cette intervention adopte une approche ethno-computationnelle des controverses relatives aux politiques de négociation des paramètres de confidentialité en ligne pour montrer que la vie privée a encore de beaux jours devant elle. Sous certaines conditions, des « cycles de privacy » se mettent en place. Au travers du travail des associations d’usagers et des organismes préposés à la défense de leurs droits, ces conditions peuvent être remplies.”

Lectures :

Susan B. Barnes (2006) A privacy paradox: Social networking in the United States, First Monday, 11 (9)

danah boyd (2008) Facebook’s Privacy Trainwreck: Exposure, Invasion, and Social Convergence, Convergence, 14 (1): 13-20

danah boyd & Eszter Hargittai (2010) Facebook privacy settings: Who cares?, First Monday, 15 (8)

Anders Albrechtslund (2008) Online Social Networking as Participatory Surveillance, First Monday, 13 (3)

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La simulation sociale pour combattre la censure : texte de ma conférence à TEDxParisUniversités

[UPDATE 05.06.2102: La vidéo de mon talk est désormais en ligne sur le site Web des conférences TED. Enjoy & share !]

Le samedi 19 mai j’ai été parmi les heureux conférenciers de l’édition 2012 de TEDxParisUniversités. A cette occasion, j’ai pu présenter au public français les résultats du projet ICCU (Internet Censorship and Civil Unrest) que je mène avec Paola Tubaro, enseignante-chercheuse à l’Université de Greenwich, Londres. L’accueil a été plus que chaleureux : la tweeterie m’a porté en triomphe, j’ai reçu les accolades des organisateurs et je me suis imbibé de l’enthousiasme d’étudiants et de militants de tout bord. J’exagère, mais pas tant que ça (suffit de lire le compte-rendu Storify concocté par Gayané Adourian ;). Voici donc le texte et les slides de mon intervention, en attendant la vidéo.

Aujourd’hui je vais vous parler des effets négatifs de la censure des médias sociaux, en passant par le cas des émeutes britanniques de 2011.

La censure est extrêmement difficile à étudier du point de vue des sciences sociales. Dans la mesure où elle est une interruption de flux d’information, les données relatives à ses conséquences et à son efficacité prétendue sont souvent inaccessibles aux chercheurs. C’est pourquoi nous devons nous appuyer sur une méthode innovante : la simulation sociale. (more…)

Le CNRS et l’Université Paris Descartes lancent une chaire “Liaisons numériques”

Dear all,

une chaire CNRS-Université Paris Descartes “sur la sociologie des liens sociaux ‘virtuels’ et sur les liaisons numériques” vient d’être créée.

Voilà la description du profil :

“La personne devra situer ses travaux dans la perspective des liens sociaux, et maîtriser les nouvelles techniques pour approcher les liens ‘virtuels’. Plus précisément elle doit reconnaître, sans négliger la force de certains processus de délitement social, la vigueur renouvelée des relations sociales, l’importance quotidienne et la force des liens relationnels. Elle doit revenir, avec le laboratoire, à la force de la préoccupation fondatrice de la sociologie afin d’interroger si, derrière ce qui est en apparence censé affaiblir le lien social, voire le détruire, sont ou non en action de nouvelles formes de sa production et de son renouvellement. Elle tiendra compte tout particulièrement des ‘liaisons numériques’ pour comprendre le renouvellement des formes du lien social. La chaire donne la possibilité à des maîtres de conférences d’être accueillis en délégation au CNRS pour y exercer une activité de recherche pendant 5 ans en bénéficiant d’une décharge de 2/3 de leur service d’enseignement, d’une prime d’excellence scientifique et d’un environnement scientifique approprié.”

La date limite d’envoi du dossier est le 7 mars 2012. Pour plus d’informations, suivre le lien vers « Galaxie », le portail des enseignants-chercheurs.

Small data vs. Big Data (slides du séminaire EHESS, Antonio A. Casilli, 15 févr. 2012)

La séance du 15 février 2012 de mon séminaire EHESS Étudier les cultures du numérique : approches théoriques et empiriques a été l’occasion de proposer quelques éléments de réflexion sur:

Small data vs. Big data : comment mener des expériences dans les médias sociaux

L’explosion récente des « Big data » (traitement automatique d’énormes bases de données natives du Web) a été saluée par les chercheurs en sciences humaines et sociales comme une véritable révolution. Néanmoins, certaines voix se lèvent pour dénoncer les limites épistémologiques, méthodologiques, et éthiques de cette approche. La méthode ethno-computationnelle développée par Tubaro & Casilli (2010) permet de dépasser ces limites en ayant recours à des petits jeux de données qualitatives (small data) utilisés pour calibrer des simulations multi-agents. Loin de produire des « prophéties », cette approches permet de mener des expériences in silico dans des situations d’information imparfaite et asymétrique. Deux études récentes (l’une relative aux effets de la censure des médias sociaux géolocalisés dans des situations de violence civile, l’autre sur la diversité culturelle sur Facebook) illustreront cette démarche.

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Antidatamining, or the art of killing financial markets a little every day

All throughout the month of February 2012 the Net artist collective RYBN is in residence at the Gaîté Lyrique, one of the hotbeds of the emerging art & technology scene in Paris. If you are in the French capital, I highly recommend paying them a visit.

I became acquainted with RYBN last year, when I met some of its members at a conference at the French National Library where I was delivering the closing speech, while they had presented their most recent project, Antidatamining VIII. ADMVIII (for short) is a trading bot, i.e. an artificial intelligence making real investments on real stock exchanges, collecting data and impacting financial markets worldwide. The bot monitors and maps data flows to create real-time digital visualizations such as charts, soundscapes, and timelines. It has an online page (where you can see how well it is doing, its net liquidity, the value of its shares, etc.) and a Twitter account providing details about ongoing orders.

Source: Antidataminig – Offshoring map visualization

ADMVIII is not your run-of-the-mill social commentary about market greed and pervasive financial panic in modern life. The goal of the project is to detect economic imbalances and discrepancies introduced by robot trading. As the bot actually executes buy and sell orders online, it represents a détournement of automatic trading technologies. As such it is intended to highlight their social consequences – and their potential disasters.

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"Cultures du numérique" : Table ronde pour les 50 ans de Communications (14 juin 2011, 14h)

Vous avez sans doute déjà feuilleté “Cultures du numérique”, le numéro spécial du cinquantenaire de la revue Communications (mai 2011) que j’ai eu le plaisir et l’honneur de diriger. Nous aurons l’occasion de le présenter comme il le faut lors d’une table ronde all-star avec : Edgar Morin, Edwy Plenel, Nicole Lapierre, Milad Doueihi, Serge Tisseron et moi-même, à la Maison de l’Amérique Latine (217 bd Saint Germain, Paris 75007). Organisée en partenariat avec Mediapart et à la présence des auteurs du numéro, la rencontre aura lieu le mardi 14 juin 2011, de 14h à 17h.

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