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[Podcast] Interview dans l’émission “Un monde nouveau” (Radio France Inter, 25 juill. 2022)

Quels hommes se cachent derrière les robots ? Réponses avec le sociologue Antonio Casilli, professeur à l’Institut Polytechnique de Paris et spécialiste de nos usages numériques.

Avec

  • Antonio Casilli Professeur à Telecom Paris, Institut Polytechnique de Paris

Sociologue d’une modernité liquide, il a fait de nos vies numériques un champ d’analyse très concret et interroge ce que les nouvelles technologies font aux humains de corps et d’esprit ! Antonio Casilli est notre invité : professeur de sociologie à l’Institut Polytechnique de Paris, il est l’auteur d’En attendant les robots, paru au Seuil et a participé à la série documentaire Invisibles, les travailleurs du clic, sur France 5, disponible sur la plateforme France TV Slash.


Le quotidien britannique The Guardian rapporte une histoire un peu effrayante d’attaque de robot. En marge d’un tournoi international d’échecs à Moscou, un robot joueur a été mis à disposition. Un petit garçon, qui figure parmi les meilleurs joueurs de la capitale russe dans la catégorie des moins de 9 ans, a voulu tester la machine. Le robot, perturbé par sa rapidité d’exécution, lui a vivement attrapé les doigts. Sur une vidéo, l’on constate que le robot met du temps à lâcher l’enfant et que l’intervention d’un adulte est nécessaire.

Le résultat est une fracture et un plâtre. L’enfant a tout de même pu participer au tournoi le lendemain, à l’aide d’une attelle, mais ses parents envisagent des poursuites judiciaires contre le fabricant du robot.

Dans l’émission “Un nouveau monde”, le sociologue franco-italien Antonio Casilli revient sur cet événement.

L’enfant mis en cause

Étonnamment, c’est l’enfant qui a été mis en cause par les organisateurs du tournoi dans cet événement, car son comportement serait sorti du cadre établi. Sergey Smagin, vice-président de la Fédération russe des échecs, auprès du média russe Baza, justifiait cet acte ainsi : “Il y a des règles de sécurité et il semblerait que l’enfant ne les ait pas respectées. Quand il a entrepris son action, il n’a pas réalisé qu’il devait d’abord attendre. C’est un événement rarissime. Le premier de ce type à ma connaissance.”

Le sociologue spécialisé dans l’analyse des nouvelles technologies Antonio Casilli s’étonne que ce soit le geste de l’enfant qui soit d’abord mis en avant :

“C’est intéressant de remarquer la réaction des organisateurs de ce tournoi d’échecs qui ont tout de suite mis la faute sur l’enfant en disant que c’est lui qui avait commis une erreur parce qu’il avait été trop rapide, plus rapide qu’une machine intelligente parce que cet enfant, c’est l’un des meilleurs champion d’échecs russes de moins de neuf ans. Donc il est plus rapide et plus intelligent que la machine. C’est un joli échec pour cette machine qui joue aux échecs, c’est-à-dire que c’est un fail.”

Cette machine, moins intelligente que cet enfant, n’a pas été blâmée. L’aurait-t-elle compris… Mais comment un tel incident a-t-il été possible ?

Un univers trop complexe pour l’intelligence artificielle

Antonio Casilli explique que ces machines peuvent agir et intervenir dans un cadre précis, mais dès lors que l’on sort de ce cadre, l’univers devient trop complexe :

“Ces machines sont pensées et imaginées pour évoluer dans ce qu’on appelle, en mathématiques, des ‘espaces discrets’. Les échecs sont un cas classique. Vous avez 64 cases, 32 pièces et rien de plus. Mais l’univers est beaucoup plus complexe que ça. Il y a beaucoup plus de places que 64 cases dans l’univers et beaucoup plus de choses que 32 pièces. Et donc, parfois, un doigt peut, disons s’insérer dans la machine, et malheureusement aussi blesser en passant.”

Doit-on avoir peur des machines ?

La peur des machines, qui pourraient prendre la place des humains, peut avoir des liens avec la politique et cette idée totalement abjecte d’un “grand remplacement”, comme l’explique Antonio Casilli :

“La rhétorique du remplacement est une rhétorique qui a des échos, hélas politiquement, très problématiques. Le grand remplacement robotique se fait écho de certaines peurs des droites extrêmes un peu partout dans le monde, d’un grand remplacement. Souvent, les personnes qui véhiculent cette rhétorique du grand remplacement robotique ont aussi des sympathies pour les autres théories du grand remplacement. Et on le voit de plus en plus avec les producteurs de technologies de la Silicon Valley, par exemple, qui se rangent de plus en plus à droite dans l’échiquier politique.”

Des dangers des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle

La perte de contrôle est en revanche une crainte légitime, quant aux nouvelles technologies, toujours plus présentes dans nos quotidiens. Antonio Casilli parle d’automatisation :

“Il existe une continuité entre les plateformes et les applications en général, tous ces petits bouts de logiciels qui peuplent notre vie, nous mettent au travail d’une manière ou d’une autre. Et de l’autre côté, l’automation, parce que c’est souvent avec les données extraites à partir des applications et des plateformes numériques comme Google, Facebook ou WhatsApp. et ainsi de suite, qu’on entraîne, c’est-à-dire qu’on prépare, qu’on produit l’automatisation.”

Est également pointée du doigt dans l’émission “Un monde nouveau” la pénibilité du travail de certains micro-travailleurs, des petites mains qui accomplissent en nombre des taches précises et répétitives notamment.

Antonio Casilli prend l’exemple des voitures autonomes et du travail que cela nécessite, bien souvent délocalisé :

“Ce sont des ordinateurs sur roues et elles enregistrent énormément de données qui doivent être par exemple des vidéos du monde environnant. Après, il faut que quelqu’un traite ces données. Par exemple, en ajoutant des tags comme on le fait sur Instagram par exemple, ‘ça, c’est un arbre’, ‘ça, c’est un feu de circulation’, etc. Ou alors que ces personnes dessinent les contours des voitures… Donc c’est un travail pénible, c’est un travail à faire à la main et qui est considéré comme un travail sans qualités. (…) Les grandes plateformes externalisent, délocalisent ce travail très faiblement rémunéré à des personnes qui sont souvent à l’autre bout du monde, pour les entreprises françaises, fort souvent en Afrique, ou alors dans d’autres pays francophones, et pour les pays anglophones, plutôt du côté de l’Asie, de l’Inde, vers l’Asie du Sud-Est.”

Le sociologue évoque l’idée, pour pallier ses dangers et dérives, de la “coopérativisation”. Il explique : “C’est l’idée de faire en sorte que ces grandes plateformes et ces technologies en général soient confiées aux utilisateurs. Si on devenait tous un peu propriétaires de ces technologies, on aurait aussi la possibilité de les investir de nos exigences, de nos désirs et pas seulement des désirs des billionaires qui les ont lancées au début.”

[Podcast] L’automate et le tâcheron (Radio AlterNantesFM, 25 févr. 2021)

Antonio Casilli, sociologue, enseignant-chercheur à Télécom Paris, auteur d’En attendant les robots, enquête sur le travail du clic, essai paru aux éditions du Seuil est l’invité du magazine. Il est intervenu dans le cadre des mardis de l’IEAoLU sur le thème :  « L’automate et le tâcheron. Dépasser la rhétorique de la destinée manifeste de l’intelligence artificielle »…

Une émission de Michel Sourget

[Podcast] “Miliardi di schiavi del clic”: intervista a Eta Beta [Rai Radio 1, 31 ott. 2020)


Nella trasmissione dedicata alla tecnologia Eta Beta (Rai Radio 1), ho avuto il piacere di essere ospite al microfono di Massimo Cerofolini per parlare del mio libro Schiavi del clic (Feltrinelli Editore, 2020).

Dietro le meraviglie dell’intelligenza artificiale, dal riconoscimento delle immagini alle traduzioni automatiche, non ci sono tanto i pochi pagatissimi programmatori. Ci sono soprattutto milioni di persone sottopagate e miliardi di consumatori ignari che, per pochi centesimi o per un’illusoria gratificazione, forniscono una manodopera a buon mercato alle grandi compagnie del web: filtrano i commenti, classificano le informazioni per aiutare gli algoritmi ad apprendere, votano e controllano chi fornisce i servizi. All’indomani dell’istruttoria aperta dall’Antitrust contro la posizione dominante di Google nella raccolta dei dati pubblicitari, Eta Beta esplora le strategie con cui, sotto la retorica della flessibilità della rete, i colossi di internet sfruttano l’attività degli utenti del web per risparmiare sui costi, venderne i dati e addestrare gli algoritmi di automazione. 

[Podcast] Grand entretien dans “Le code a changé” avec Xavier de La Porte (28 sept. 2020)

COVID, confinement et grande conversion numérique, avec Antonio Casilli

Xavier de La Porte

Depuis le début de cette épidémie de COVID, je me dis qu’elle a un rapport avec le numérique. Un rapport profond. Mais je n’arrive pas vraiment à en cerner les contours. J’ai voulu essayer de comprendre si ce moment que nous avons vécu a changé quelque chose à nos vies numériques, à notre rapport à Internet.

Par exemple, la manière dont on a suivi la progression de l’épidémie était particulière – sans doute inédite dans l’Histoire des pandémies. On a vu en temps réel le virus se propager. De par la capacités des données hospitalières d’une bonne partie du monde à être récoltées, compilées et diffusées, de par les réseaux sociaux qui bruissaient sans cesse, de par la mise en commun du travail des chercheurs, le virus est devenu viral, pour faire un mauvais jeu de mot… Je ne sais pas comment, mais ça a sûrement joué et dans la manière dont on a vécu l’événement et dans les décisions politiques qui ont été prises….

Pendant le confinement, le numérique a continué d’occuper une place importante : télétravail, apéros Zoom, films sur Netflix, problème de bandes passantes, applications de traçage…. tout ça nous a beaucoup occupés.

J’ai voulu essayer de voir plus clair, de comprendre si ce moment que nous avons vécu – et qui n’est pas derrière nous – a changé quelque chose à nos vies numériques, à notre rapport à Internet. J’ai le sentiment que c’est le cas, mais peut-être que je me trompe.

Et pour m’éclairer, il fallait quelqu’un capable de parler aussi bien des livreurs Deliveroo que de sexe en ligne… aussi bien de Zoom que de StopCovid… et j’ai quelqu’un pour ça. Antonio Casilli, sociologue, qui enseigne à Télécom Paris et qui a travaillé sur des sujets variés – la vie de bureau, la sociabilité numérique, les trolls, les travailleurs de plateformes… On s’est retrouvés un soir, dans un jardin. Il faisait nuit. On se distinguait à peine dans le noir. Ce qui explique le ton un peu confident d’Antonio. Et on a discuté…

L’invité

Antonio Casilli est sociologue, il enseigne à Télécom Paris. Il a récemment publié En attendant les robots – Enquête sur le travail du clic, aux éditions du Seuil.  

[Podcast] Conférence “Venir à l’Histoire” (26 sept. 2020, Librairie Ombres Blanches, Toulouse)

Les robots vont-ils remplacer les humains au travail ? Les « intelligences artificielles » sont-elles réellement intelligentes ? Ces questions ne sont pas les seules que pose le digital laborou travail du clic. Derrière nos instruments techniques – téléphones, assistants virtuels – s’articule un travail humain invisible. 

Antonio Casilli propose d’étudier les réseaux globalisés de ce digital labor afin d’expliquer comment ce travail se structure. Depuis au moins vingt ans, de nombreux outils contiennent des « intelligences artificielles », c’est par exemple le cas des assistants virtuels comme Siri, Cortana, Alexa ou encore Google Home. Cependant, pour fonctionner, ces instruments demandent une masse importante de « travail vivant ». Des petites mains du digital travaillent sans relâche pour faire fonctionner ces instruments. Elles modèrent, traquent les contenus violents, récoltent et traitent les données engrangées par les plateformes. Cette étude sociologique montre alors que nos outils techniques, prétendus autonomes, dépendent en fait d’une multitude de travailleurs.

Ce travail, rendu invisible par la notion même d’intelligence artificielle, emploie une foule de « tâcherons du clic » précaires, répartis sur plusieurs continents. Souvent installés dans des pays tiers comme par exemple, Madagascar pour la France. Ces employés sont recrutés sur des bases opaques et sans logique de qualification. Il s’agit d’activités précaires qui concernent 260 000 personnes en France et qui ne sont pas sans occasionner de la souffrance. Toutefois, certains travailleurs s’organisent et arrivent à faire valoir leurs droits. Cette étude propose enfin différentes pistes de réflexions relatives aux alternatives à mettre en place pour solutionner l’invisibilisation et à la précarité du digital labor.


  • Casilli A., 2019, En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic, Paris : Seuil.


Fiche technique

Date : 26 septembre 2020

Durée : 49:37 m

Producteur : Ombres Blanches

[Podcast] “Prolétaires du web” une série de reportages radio pour la RTS (6 sept. 2020)

Pendant une semaine, sur la Radio Télévision Suisse Gérald Wang consacre 5 reportages aux nouveaux métiers précaires du web : livreurs, chauffeurs, camgirls, travailleur•ses de la logistique et des services bancaires. Ensuite, l’émission Les échos de Vacarme invite Vania Alleva, présidente du syndicat Unia, et Antonio A. Casilli, sociologue et professeur à Télécom Paris, pour commenter les reportages.

Les ordinateurs se sont immiscés dans notre quotidien. Ils ont changé nos gestes de tous les jours. Les activités qui demandaient un déplacement – aller au magasin, manger un plat de son restaurant préféré, payer ses factures, voire même se rendre chez une prostituée – peuvent désormais se faire sans bouger de chez soi. Quʹen est-il des promesses liées à cette digitalisation du monde? Sommes-nous passés dʹune société de production à une société de services? Avons-nous vraiment pu libérer du temps pour nos loisirs? À quoi ressemblent les vies de celles et ceux qui font marcher les rouages de ce système?

Sur Radio Parleur (15 mai 2020)

Travailleurs, travailleuses du clic, défendez-vous ! – Ceci n’est pas une parenthèse #4

DE VIOLETTE VOLDOIRE15 MAI 20201204  0

L’événement est historique. Avec la pandémie, le système économique et nos modes de vie se figent. Déjà, certain·es poussent vers une reprise “comme avant”. Contre cette vision, des voix s’élèvent. Avec « Ceci n’est pas une parenthèse », Radio Parleur vous propose une série de podcasts pour entendre celles et ceux qui pensent aujourd’hui à un lendemain différent.

Dans ce quatrième épisode de Ceci n’est pas une parenthèse, Radio Parleur vous propose une discussion avec Antonio Casilliautour des formes de mobilisations des travailleur⋅euses du clic. Antonio Casilli est sociologue à l’École nationale supérieure des télécommunications, et l’un des seuls spécialistes francophones du digital labour, en français le travail du clic.

Des travailleur⋅euses du clic qui deviennent visibles grâce à la crise

Pendant le confinement, on ne voyait plus qu’eux dans l’espace public, sans nécessairement savoir qu’ils en sont. Les livreurs à vélo, traçant la route à travers les villes désertées, sont des travailleurs des plateformes numériques. Quand ces plateformes de livraison de repas multipliaient les offres commerciales, incitant parfois les gens à acheter en ligne des barres chocolatées ou des paquets de bonbons, les livreurs étaient bien obligés de toucher poignées de portes et boutons d’ascenseur. Une certaine vision de la répartition du risque.

Sur le même thème : Invisibles – épisode 1: les livreurs

Travail du clic : au-delà des livraisons, tous les emplois des plateformes

Derrière les commandes passées en ligne, il y a des dispatchers, rivés à leurs écrans pour gérer les imprévus et répartir les commandes. « Ils ont eu un rôle encore plus important pendant la crise du coronavirus », explique Antonio Casilli. Derrière la promesse de la livraison de repas « sans contact », il a fallu gérer tout un tas de nouvelles galères, des notifications qui n’arrivent pas jusqu’aux client⋅es qui oublient de ramasser leurs commandes.

Pour assurer ce back-office, il peut aussi y avoir des personnes qui travaillent à la tâche. Dans l’enquête menée l’année dernière par le sociologue et son équipe, le champ du travail du clic apparaît beaucoup plus étendu que la livraison de burgers. « Nous avons observé qu’il y avait de l’externalisation de services de comptables, ou de ressources humaines. Des personnes assurent de l’anonymisation de CV pour des grandes boîtes, en étant payées quelques centimes. » Seules face à leur ordinateur, ces personnes travaillent régulièrement à la tâche. Leur lieu de travail est souvent leur domicile, leurs collègues souvent impossibles à joindre et même à connaître. Difficile de s’organiser collectivement dans ces conditions.

Le 1er mai, la révolte des travailleur⋅euses du clic américain

Ce 1er mai, fête – confinée cette année – des travailleur⋅euses, a été un jour particulier pour les employé·es d’Amazon, qui ont fait grève pour dénoncer leurs conditions de travail. Une grève visible sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #ProtectAmazonWorkers, mais aussi grâce à la démission de Tim Bray, vice-président de la branche Amazon Cloud Computing, en soutient au mouvement des grévistes.

Les livreurs et autres travailleuses et travailleurs du clic pourraient-ils se mobiliser avec une visibilité au moins égale ? Les grèves de livreurs suscitent en tout cas de plus en plus d’intérêt, et sont de mieux en mieux structurées par des collectifs et des syndicats.

« Il y a trois voies pour sortir de la situation actuelle, caractérisée par des plateformes prédactrices, » explique Antonio Casilli. « Il y a la voie syndicale, les alternatives coopérativistes, et une troisième plutôt axée sur la stratégie des revenus inconditionnels. » Autrement dit, un revenu universel pour les travailleur⋅euses du clic.

[Podcast] Économie des plateformes et Covid-19 (France Culture, 15 mai 2020)

Avec l’économiste Philippe Askenazy, j’ai participé à l’émission Entendez-vous l’éco (France Culture) dans le cadre d’une semaine consacrée à la logistique.

Entendez-vous l’éco ? par Tiphaine de Rocquigny

SÉRIE La logistique c’est fantastique !

Épisode 4 :

Le triomphe des plate-formes

La crise du Covid-19 rend crucial le fonctionnement des centres de distribution, entrepôts, plates-formes, hubs : tous les ronds-points de l’économie réelle et digitale. Chacun d’entre nous, depuis chez lui, réserve et commande plats cuisinés, vêtements, meubles ou électroménager. Surtout, le travail à distance nous a imposé de nouveaux outils collaboratifs qui accélérèrent le basculement la logistique dans les bastions du numérique. Alors, la crise du coronavirus signe-t-elle le triomphe des plates-formes de commerce en ligne et de livraison telles qu’Amazon, CDiscount et Deliveroo ?

‘Plateforme’ est un terme très ancien qui, au début, désignait une structure matérielle ou architecturale. Avec l’arrivée du numérique, il s’est mis à désigner quelque chose de beaucoup plus complexe et immatériel. – Antonio Casilli

Pendant le confinement, les livreurs ont pu montrer qu’ils jouent un rôle essentiel, malgré les efforts des plateformes logistiques pour nous faire croire qu’elles font du commerce uniquement en ligne, sans dimension matérielle. – Antonio Casilli

On constate un grand différentiel des effets du télé-travail selon les personnes, notamment entre les hommes et les femmes. Nombre de femmes ont été contraintes d’assumer leur rôle de parent et de continuer à travailler. Philippe Askenazy

Le problème est que le télé-travail, pendant le confinement, a cherché à répéter la logique présentielle du travail, avec une hausse des réunions et apéritifs virtuels, par exemple, ce qui a provoqué une lourde fatigue cognitive. – Antonio Casilli

Dans Le temps du débat (France Culture, 1 mai 2020)

LE TEMPS DU DÉBAT par Emmanuel Laurentin

Bascule-t-on vers un autre monde du travail ?

Taux de chômage en forte hausse, nouvelle échelle de valeurs et d’utilité sociale, visibilisation des précaires, télétravail : la crise sanitaire a bousculé notre quotidien de travailleurs et travailleuses, jusqu’à ce 1er Mai bien empêché. 

Depuis le début du confinement, l’équipe du Temps du débat a rassemblé sur le site de France Culture, plus d’une vingtaine de textes d’écrivains, d’artistes ou d’intellectuels du monde entier qui nous ont donné leur regard sur la crise en cours. Nous `

En ce Premier mai, nous nous demandons si la crise du Covid-19 va nous faire basculer dans un autre monde du travail.

Cette semaine, nous avons en effet tous appris que le nombre de chômeurs  avait augmenté de 7,1% en mars sous le coup de la crise et de l’arrêt massif de nombreux secteurs d’activité. Parallèlement, un discours volontariste, voire optimiste, s’est développé ces dernières semaines, prônant le changement des modes de  travail à la suite de l’expérimentation forcée du télétravail pendant le confinement.

Or, celui-ci n’a touché au maximum qu’un quart des françaises et français. N’est-ce donc là qu’une projection sans fondement ? Cette crise va-t-elle donner lieu, au contraire, à des bouleversements dans le monde du travail ? Ou ne va-t-elle qu’accélérer des transformations déjà en cours ?  

[Podcast] Entretien : y a-t-il un boom des jobs des plateformes depuis le coronavirus ? (RTS, 20 avr. 2020)