L’essor des méthodologies et des programmes de recherche centrés sur l’analyse des réseaux sociaux entraînerait « un certain réductionnisme relationnel » qui se manifeste à travers une mise entre parenthèses de la nature substantielle des relations humaines à la faveur d’une approche « métrique » des macro-structures des réseaux. A partir de ce constat initial, le vol. 16 de la revue savante REDES Revista hispana para el análisis de redes sociales (coordonné par Claire Bidart, Johanne Charbonneau et Michel Grossetti) se donne pour but de réintroduire la question des relations dans l’étude des réseaux sociaux. (Pour les non-hispanophones : la quasi-totalité des articles qui composent le dossier central sont disponibles aussi en version française).
Selon les coordinateurs du numéro, l’attention portée par les analystes aux structures d’ensemble des réseaux sociaux a souvent pour conséquence une indifférence ostensible vis-à-vis du contenu et des modalités des relations qui les composent. Il faut alors revenir sur la nature et sur les qualités des relations, en retrouvant la liaison qui unit le niveau micro (les comportements, les affects, les histoires de vie) aux macro-structures des réseaux sociaux. Ceci peut être achevé en envisageant les autres dimensions qui s’articulent avec les réseaux sociaux : les organisations, les familles, les cercles sociaux, les institutions, etc.
Les relations peuvent donc être regardées comme des histoires, dont le sens émerge en particulier lors du passage d’un domaine à l’autre (White). Au long de processus complexes les relations se découplent plus ou moins de leurs contextes d’origine et engagent des formes de médiations (Grossetti), des modes de régulation (Degenne), des « ressorts » communs (Bidart). Elles suivent des « parcours de confiance » divers (Chaulet), influencent les trajectoires biographiques (Bourdon) et révèlent des enjeux sociaux jusque dans les listes d’invités au mariage (Maillochon).