Sur Place de la Toile (France Culture, 3 sept. 2011)

Le journaliste Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile sur France Culture, consacre sa “lecture de la semaine” au rôle des réseaux sociaux dans les émeutes de Londres. L’occasion de relater l’étude sur la censure d’Internet au Royaume-Uni signée par Paola Tubaro et Antonio Casilli, auteur de Les liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? (Ed. du Seuil). Le texte de la lecture est aussi disponible sur le blog Internetactu. (Pour aller plus loin : écouter le spécial Place de la Toile sur le livre Liaison numériques)

Le travail du Guardian est à mettre en lien avec un article que les sociologues Antonio Casilli et Paola Tubaro ont publié le 19 août sur Owni.fr. Ils n’avaient pas en possession les premiers travaux du Guardian mais s’interrogeaient malgré tout sur le lien entre réseaux sociaux et émeutes. Leur argumentation tient en plusieurs points. D’abord, ils notent avec un sourire le fait que les thuriféraires du rôle de Twitter et Facebook pendant les printemps arabes sont les mêmes que ceux qui demandent leur fermeture en cas d’émeute en Grande-Bretagne. Comme quoi, la conception qu’on a de la censure et de la démocratie est à géométrie variable, et à géographie variable. Mais surtout, Antonio Casilli et Paola Tubaro s’appuient sur les modélisations de la violence civile par la simulation multi-agents. Je vous passe l’explication de la méthode pour aller directement à la conclusion : restreindre la diffusion de l’information dans une ville en proie à des violences n’est pas le gage de la disparition de ces violences. Au contraire, il semblerait même qu’un maintien de la communication ouverte entre les acteurs soit le gage d’un apaisement plus durable.

Il ne s’agit pas mettre là un point final aux discussions sur le rôle des réseaux sociaux et autres messageries instantanées dans les émeutes, mais de noter qu’il est sans doute plus complexe que ce qu’on a en dit sur le moment. On gardera donc un oeil sur les travaux à la fois des journalistes du Guardian et des chercheurs en sciences sociales.