Présenté au Paris Atopic Festival le premier film machinima de l'histoire du cinéma

Hier a eu lieu la soirée de gala de l’Atopic Festival, à la cité de Sciences et de l’Industrie de Paris. Sous la coupole de la Géode on a assisté à la remise des prix pour la Fête du Machinima. A signaler L’Hôtel Episode 1 de Benjamin Nuel (court-métrage surréel et spirituel, premier lauréat du prix) et The body is obsolete de Chantal Harvey et Stelarc (troisième classé, un remix de certains des thèmes affectionnés par le créateur australien).

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Mais le clou de la soirée a été sans conteste la projection du film Volavola (« Envole-toi ») du réalisateur italien Berardo Carboni. Il s’agit du premier long-métrage en machinima, entièrement réalisé avec des « acteurs virtuels ». Et je dois avouer que j’ai été positivement impressionné par le film que – en dépit de certaines limitations du moyen technique – j’ai trouvé particulièrement réussi. D’abord parce qu’il s’appuyait sur un scénario solide : les histoires de vie de 5 couples dont les destins se croisent. Ensuite parce qu’il n’a pas peur de s’attaquer à des questions difficiles (le suicide, la dépression chez les personnes âgées). Et encore parce que le fait de tourner en Second Life et en indépendant avec un budget très limité (130000 euros, quand même) a permis à Carboni di réaliser ce film sans avoir à se confronter aux fléaux objectifs (la météo quand on tourne en extérieur, le catering, les techniciens en grève, etc.) ou relationnels (conflits personnels avec les acteurs, divergences artistiques avec les producteurs…) qui accablent toute production actuelle et qui souvent font échouer un film.

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Et Carboni de déclarer : « L’idée m’est venue après une expérience comme réalisateur d’un film pour la télé. La pression de la part des producteurs, c’était un truc de malades ! Ils m’ont fait chier sur tout, même sur la musique… ». Bien sûr, surtout dans le contexte du cinéma italien, écrasé par le Berlusconisme ambiant, ce film prend une valeur de manifeste. Le manifeste d’une avant-garde de réalisateurs machinima que des initiatives comme l’Atopic Festival documentent et aident à grandir. Certes, il y a une dimension d’expérimentation qui n’est pas négligeable. Certaines imperfections, certaines ingénuités sont inévitables dans à un long-métrage qui est le premier de son genre. Et d’ailleurs, dans le panorama contemporain du septième art italien, on pardonne bien la rigidité du jeu d’acteurs ou le montage un peu brutal des films de Nanni Moretti. Pourquoi ne pas les pardonner aussi à Berardo Carboni et à ses avatars ?

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